En l'absence d'une mention de confirmation, l’identification « pierre grise de Montréal [calcaire] » est présumée d’après l’apparence et l’époque d’utilisation.
Histoire du bâtiment
L’édifice des Commissaires est érigé sur un terrain acquis par le gouvernement fédéral en 1870 qui comprenait un bâtiment en brique incendié. En 1874, les travaux sont confiés à deux architectes qui doivent travailler en collaboration : Alexander Cowper Hutchison et John William Hopkins de l’agence Hopkins et Wily. La construction, lancée par le contrat d’excavation donné en août 1874, s’échelonne jusqu’en 1878, mais l’édifice est inauguré en 1876, après la vente du terrain et du bâtiment aux Commissaires du Port. En 1880, l’immeuble loge les bureaux des principaux responsables des activités portuaires et d’autres départements fédéraux, dont les responsables du canal de Lachine. Peu après et pour longtemps, l’administration du port semble avoir besoin de l’immeuble entier.
L’édifice demeure la propriété des Commissaires du port de Montréal jusqu’en 1933, date de la création du Conseil des Ports Nationaux. En 1958, on construit une adjonction à l’arrière (disparue). Les bureaux administratifs du port y demeurent jusqu’à la fin des années 1960, puis déménagent dans un pavillon de la Cité du Havre. Inoccupé, l’édifice des Commissaires est acquis en 1972 par une entreprise d’importation, qui revend l’édifice en 1997.
L’acquéreur, Propriétés Terra Incognita Inc., relié à la Fondation Daniel Langlois pour l’art, la science et la technologie, entreprend en 1997 une restauration interrompue par un incendie survenu peu après le début des travaux. Toute la partie supérieure en bois et en métal étant détruite, la restauration réalisée par l’architecte Julia Gersovitz comprendra sa reconstruction intégrale. En outre, une nouvelle adjonction remplace à l’arrière celle de 1958. L’édifice restauré est inauguré en septembre 2002 après quatre ans de travaux. Le 357C, club privé sans but lucratif également lié à la fondation Langlois, occupe les lieux, en offrant notamment des services hôteliers à ses membres.
L'arrière du bâtiment et, à gauche, une adjonction récente. Photographie: Gilles Lauzon, 2012.
L’adjonction récente à l’arrière. Photographie: Gilles Lauzon, 2012.
Architecture
L’immeuble imposant occupe un emplacement de choix face au port, comme son voisin l’édifice Allan. Son plan en forme de V attire l’attention vers la partie centrale et son dôme surhaussé polygonal. Les corps de bâtiment obliques comprennent quatre étages incluant le rez-de-chaussée et un étage de comble atypique; la toiture de ce dernier combine en effet de façon inhabituelle une section verticale, un étroit brisis fortement incliné et une couverture en terrasse. La pierre grise de Montréal (calcaire) employée pour le bâtiment est taillée en façade et sur les élévations latérales visibles de la rue.
La façade parfaitement symétrique comprend un avant-corps central plus élaboré que les deux « ailes » obliques, la tour centrale donnant évidemment un élan vertical particulier à l’ensemble. Cette composition d’esprit classique comporte des niveaux d’élévation traités distinctement, séparés par des corps de moulures. Ces niveaux intègrent des éléments de l’ordre dorique au rez-de-chaussée et corinthien aux étages, un décor principalement inspiré de la Renaissance italienne que rappellent par exemple les fenêtres à édicules de l’étage médian. La tour en pierre, avec ses fenêtres jumelées et cintrées, se distingue toutefois dans ses détails au point où l’on peut se demander si le même architecte est à l’oeuvre. La toiture renvoie quant à elle à la manière française de l’époque tout en révélant une liberté d’interprétation. La combinaison bien britannique des sources d’inspiration contribue à une inventivité exubérante alors recherchée.
Cet immeuble de bureaux imposant et très fenêtré, au décor élaboré, souligne l’importance de la commission du havre et du port lui-même. L’intention évidente mais non réalisée de munir d’horloges la tour centrale était par surcroît pertinente dans ce contexte. La terrasse offre par ailleurs la possibilité d’observer le port, aujourd’hui comme hier. L’ancre représentée dans les quatre bas-reliefs métalliques (restaurés) était au centre des anciennes armoiries des Commissaires du port de Montréal.
Construction initiale
Date de construction :
1874-1878
Concepteur de la construction :
Alexander Cowper Hutchison (architecte) Informations concernant la carrière du concepteur
John William Hopkins (arch., agence Hopkins et Wily) Informations concernant la carrière du concepteur
Propriétaire constructeur
:
Gouvernement du Canada (propriétaire du 1870-01-14 au 1876-02-03) Le ministère des travaux publics du Canada entreprend les travaux de construction en 1874, puis vend l'édifice en cours de construction.
Commissaires du port de Montréal (institution publique) (propriétaire du 1876-02-03 au 1933-01-23) Deviennent propriétaires en cours de construction. Ils occupent eux-mêmes l’immeuble qui loge également le maître du port et d’autres responsables des activités portuaires.
Commentaire sur la construction
En 1873, l’architecte Henri-Maurice Perrault présente des plans pour la construction. Ils sont approuvés, mais un revirement de situation inexpliqué entraîne la tenue d’un nouveau concours. Après plusieurs péripéties, le contrat est attribué à Hutchison, mais Hopkins, de l’agence Hopkins et Wily, est appelé à y contribuer sans que l’on sache en quoi exactement. Le contrat d’excavation est donné en août 1874, mais il est possible que les travaux de fondation ne commencent qu’en 1875. Comme l’immeuble semble occupé dès 1876 même si certains travaux se poursuivent jusqu’en 1878, la datation 1875-1876 est souvent utilisée.
Fonction(s) d'origine et type particulier
Fonction(s) spécifique(s) :
administration portuaire administration du port et du canal de Lachine
Fonction(s) générale(s) :
bureaux
transport et communication
édifice public ou institution
Autres travaux – Modifications
Travaux 1 :
Date des travaux : 1998-2002
Restauration-rénovation des intérieurs des premiers étages; reconstruction à l’identique de la partie supérieure incluant le dôme ; nouvelle adjonction à l’arrière, en moellons, en remplacement de l’adjonction construite en 1958. Travaux commencés en 1997, interrompus par un incendie survenu en décembre. On aurait repris les travaux en 1998, ce qui doit avoir inclus des ouvrages préparatoires de déblaiement et de consolidation. Le site Web du club Le 357C (consulté en 2012) indique qu’il a « officiellement ouvert ses portes en septembre 2002, après quatre années de travaux intenses ».
Concepteur :
Julia Gerzovitch (de Fournier Gerzovitch Moss -- architecte)
Autres propriétaires ou locataires (sélectif)
Propriétaires :
Conseil des ports nationaux (propriétaire de 1933 à 1972)
Propriétés Terra Incognita Inc. (propriétaire à partir du 1997-08-13) La société acquéreuse s’appelle Ferme Mont-Pinacle Inc., le nom étant changé en 1998 pour Propriétés Terra Incognita Inc. La société propriétaire et le 357C, club privé sans but lucratif qui occupe les lieux, sont liées à la fondation Daniel Langlois pour l’art, la science et la technologie. Le 357C devant servir à financer cette dernière tout en créant un lieu de rencontre sélect pour les élites économique et culturelle.
Protections patrimoniales du bâtiment
Le bâtiment est protégé en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel, en vigueur depuis le 19 octobre 2012, par le statut suivant :
Situé dans le site patrimonial de Montréal (Vieux-Montréal) (déclaré). Anciennement un arrondissement historique (1964-01-08) (juridiction provinciale)
Le bâtiment est identifié aux documents d'évaluation du patrimoine urbain dans la catégorie suivante :
Situé dans un secteur de valeur patrimoniale exceptionnelle Vieux-Montréal (juridiction municipale)
Numéros de référence
Bâtiment
:
0039-67-0353-00
Propriété
:
0039-67-0353 Fiche 1 de 1 sur cette propriété
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