Partie inférieure de l'embrasure de l'entrée : granit gris non identifié, probablement des Cantons-de-l'Est (Québec).
Pilastres et niches ornés dans l'embrasure de l'entrée : grès chamois non identifié.
Panneaux entre les éléments de grès dans l'embrasure de l'entrée : granit rose non identifié, poli.
Colonnes engagées, dans l'embrasure de l'entrée : granit brun non identifié, pâle, poli.
En l'absence d'une mention de confirmation, l’identification « pierre grise de Montréal [calcaire] » est présumée d’après l’apparence et l’époque d’utilisation.
Ce bâtiment fait partie de l'ensemble suivant :
Banque du Peuple L'édifice de la Banque du Peuple de 1893-1894 comprend le vestige de la façade de l'ancien siège social de la banque construit en 1871-1872.
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Histoire du bâtiment
L'édifice de la Banque-du-Peuple est construit en 1893-1894 selon les plans de la firme d'architectes Perrault, Mesnard et Venne. En 1893, la Banque du Peuple possède trois bâtiments contigus sur la rue Saint-Jacques, dont son siège social érigé en 1871-1872 (Henri-Maurice Perrault, architecte). Les deux autres, construits en 1869, furent acquis en 1890 auprès d'Alexander Cross. Ces trois immeubles sont démolis au printemps 1893, à l'exception de la façade du siège social de 1871-1872 qu'on intègre à un nouvel immeuble de bureaux de sept étages. À l'intérieur de l'édifice, un puits de lumière éclaire un grand atrium – une première à Montréal semble-t-il – entouré de bureaux.
À l'inauguration de l'édifice en 1894, la Banque du Peuple occupe tout le rez-de-chaussée et le sous-sol. Aux étages supérieurs, on retrouve entre autres de nombreux cabinets d'avocats, le consulat de France, les bureaux des architectes de l'édifice (Perrault, Mesnard et Venne) et des études de notaires, dont celle de Victor Morin.
Contre toute attente, la Banque du Peuple fait faillite dès 1895. Elle vend sa propriété en 1899 à l'homme d'affaires et politicien Gaspard De Serres. Les anciens locaux de la Banque du Peuple logent ensuite la Banque d'Hochelaga jusqu'au milieu des années 1920, période durant laquelle l'édifice porte son nom. Au cours des années 1940 et 1950, des modifications sont apportées aux intérieurs et à la façade, l'ancien rez-de-chaussée étant probablement divisé alors en deux étages. En 1979, un incendie endommage gravement l'édifice, détruisant notamment l'atrium. Dix ans plus tard, on restaure la façade – classée monument historique en 1975 – et on rénove complètement l'intérieur.
En 2005, l’immeuble de bureaux est converti en établissement hôtelier lors de l’agrandissement de l’hôtel Le Place d’Armes.
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L'ancien siège social de la Banque du Peuple (1871-1872), Dominion Illustrated, 1891. Bibliothèque et Archives nationales du Québec.
Architecture
L’édifice de la Banque-du-Peuple occupe la totalité d’un lot ayant front sur la rue Saint-Jacques et sis près de la prestigieuse place d’Armes. Bordé d’immeubles mitoyens, l’édifice, qui comprend huit étages aujourd’hui, présente une seule façade sur rue (rue Saint-Jacques). De plan rectangulaire et coiffé d’un toit plat, il arbore un parement en pierre calcaire grise et du granit rose pour des éléments du portail. Selon toute vraisemblance, une structure d’acier combinée à des murs porteurs en maçonnerie supportent l’édifice, une technique novatrice qui permet, avec l’ascenseur, la construction en hauteur. L’élévation arrière en brique qui donne sur la ruelle des Fortifications est percée d’ouvertures permettant l’éclairage des locaux.
La façade s’inscrit dans une suite d’immeubles des années 1870, presque identiques, comportant trois nettes divisions horizontales. S’ajoutent à cette composition deux autres divisions dues aux trois étages ajoutés dans les années 1890. Le traitement différencié des sections horizontales et les corniches qui les séparent contredisent l’effet de verticalité issu de l’adjonction des années 1890, mais il s’agit d’une approche alors courante pour les bâtiments en hauteur. Vue de face, la façade symétrique, divisée en trois parties verticales et dominée par la grande arcade centrale, est d’esprit classique. Pour l’essentiel, le vocabulaire architectural l’est aussi, depuis les chapiteaux de la famille corinthienne jusqu’à la corniche débordante inspirée de la Renaissance italienne. Certains détails comme les arcs segmentaires du troisième niveau ne sont pas sans rappeler l’influence française du Second Empire, tandis que la grande inventivité déployée pour les éléments du grand portail et des étages ajoutés témoigne de la liberté de composition propre à la fin du XIXe siècle, allant jusqu’à une touche d’esprit médiéval avec le motif des colonnettes au dernier niveau. Malgré la dominante classique, l’effet d’ensemble en est un d’éclectisme bien de son temps.
La haute arcade centrale évoque d’emblée la fonction d’origine de succursale bancaire. Le portail monumental ne servait d’ailleurs que d’accès prestigieux aux locaux de la banque du Peuple, tandis qu’une seconde entrée plus modeste – actuelle entrée latérale à gauche – menait au hall d’ascenseurs desservant les bureaux aux étages supérieurs. Quant à l’exubérant décor, il exprime, avec le volume imposant de l’immeuble, la fonction symbolique de l’édifice, soit le prestige du siège social de la première grande banque canadienne-française du Québec.
Éléments décoratifs significatifs
Les deux griffons du portail ainsi que les frises et panneaux décoratifs sont typiques de leur époque avec leurs rinceaux, figures de faunes, têtes de boucs, têtes de bœufs et autres motifs en vogue dans les années 1880-1890. À quelques nuances près, ils pourraient orner des décors architecturaux d’esprit médiéval, classique, ou hybride. Rien de ce qui subsiste ne semble toutefois constituer un symbole que l’on puisse spécifiquement associer à la Banque du Peuple, si ce n’est, indirectement, le caducée sculpté sur la clef du grand arc, symbole du commerce et des échanges, ou encore l’importance accordée aux griffons protecteurs de l’entrée, puissants et farouches.
Consulat général de France au Canada (locataire de 1894 à v. 1906)
Perrault, Mesnard et Venne (firme d'architectes) (locataire de 1894 à 1896) Pour un aperçu de la carrière de cette firme d'architectes, voir la fiche des concepteurs de l'édifice.
Victor Morin (notaire) (locataire de 1894 à v. 1955) Informations biographiques disponibles pour l'année 1915 En 1894, Victor Morin est associé dans l'étude de notaires Papineau, Marin et Morin, laquelle occupe une bonne partie du deuxième étage de l'édifice. Vers 1898, l'étude Morin et Mckay y occupe les lieux, et ce jusqu'à la fin des années 1910. Enfin, l'étude de notaires Morin et Morin (Victor Morin et son fils Lucien) loge dans l'immeuble de 1919 jusqu'aux années 1950.
Commentaire sur la construction
La plupart des sources datent l'immeuble de la Banque du Peuple de 1871-1872. En réalité, il s'agit d'une construction de 1893-1894 dans laquelle on intègre la façade de l'ancien bâtiment de la Banque du Peuple construit en 1871-1872.
Fonction(s) d'origine et type particulier
Fonction(s) spécifique(s) :
banque
Fonction(s) générale(s) :
finance
bureaux
Type particulier de bâtiment :
gratte-ciel
Autres travaux – Modifications
Travaux 1 :
Date des travaux : 1989-1990 Restauration ou recyclage du bâtiment.
Restauration de la façade et rénovations intérieures.
Autres propriétaires ou locataires (sélectif)
Propriétaires :
Gaspard De Serres (financier et politicen) (propriétaire du 1899-11-03 au 1928-01-01) Hommes d'affaires, politicien et promoteur immobilier de la firme Viau Home Land Co. Ltd. Après son décès en 1928, sa succession assurera la gestion de la propriété jusqu'en 1940.
Le bâtiment est protégé en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel, en vigueur depuis le 19 octobre 2012, par les statuts suivants :
Immeuble patrimonial classé sous le nom de Façade de la Banque-du-Peuple Anciennement un monument historique classé (1975-11-07) (juridiction provinciale)
Situé dans le site patrimonial de Montréal (Vieux-Montréal) (déclaré). Anciennement un arrondissement historique (1995-04-26) (juridiction provinciale)
Le bâtiment est identifié aux documents d'évaluation du patrimoine urbain dans la catégorie suivante :
Situé dans un secteur de valeur patrimoniale exceptionnelle Vieux-Montréal (juridiction municipale)