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FICHE D'UN BÂTIMENT 
Identification  
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L'édifice donnant sur la place d'Armes, vu de la rue Notre-Dame.
©Denis Tremblay, 2014
 
L'édifice récemment construit vu de l'église Notre-Dame.
©The Journal: Royal Architectural Institute of Canada, VIII, 8, août 1931
 
La partie supérieure de l'édifice vue de la rue Saint-Urbain.
©Denis Tremblay, 2014
Les termes précédés d'un sont définis au glossaire.
Nom du bâtiment :

Édifice Aldred

Autre appellation :
  • Édifice La Prévoyance
Adresses civiques :
Construction :

1929-1931

Plans de localisation :
Caractères physiques :
  • Nombre d'étages : 23
    L'édifice est formé de six retraits progressifs de ses étages.
  • Matériau dominant : pierre
  • Type de toit principal : plat

Pour plus d'information sur les caractères physiques du bâtiment, veuillez consulter le relevé des caractères physiques.

Pierre :
  • Calcaire chamois de l'Indiana, États-Unis.
  • Soubassement : granit gris non identifié, probablement des Cantons-de-l'Est (Québec).
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Histoire du bâtiment  
 

Oeuvre de l'agence d’architectes Barott and Blackader réalisé entre 1929 et 1931, l’édifice Aldred est commandé par la société financière Aldred and Co. Limited qui est liée à l’importante compagnie d’électricité Shawinigan Water and Power Company. John Edward Aldred est alors président de ces deux compagnies. Pour ériger ce gratte-ciel de 23 étages, il choisit un site prestigieux donnant sur la place d’Armes et les architectes tiennent ouvertement compte de l'environnement construit. On doit néanmoins démolir plusieurs bâtiments dont ceux de la Banque provinciale du Canada – auparavant la banque Jacques-Cartier – et de la librairie Granger et Frères. La construction de cet immeuble de bureaux luxueux, doté de tous les services modernes pour l’époque (ascenseurs ultra-rapides, système d’aspirateur central, incinérateur), commence en juillet 1929, peu avant le krach économique. L’édifice Aldred (dont la propriété est transférée à la compagnie Aldred Building pour en assurer la gestion) est terminé en avril 1931.

En été 1931, on compte déjà une trentaine d'adresses de bureaux dans l'immeuble (logeant quelque 45 entreprises et professionnels identifiés personnellement). Dans un contexte de crise économique, le progrès de la location semble lent, soit un tiers de plus en un an, mais le rythme s'accélère malgré la conjoncture pour atteindre quelque 80 adresses de bureaux en 1935 (regroupant plus de 100 noms). Un large éventail d'entreprises et de services professionnels sont représentés, notamment dans les domaines des finances et du droit. La Aldred and Co. Limited, pour sa part, s'installe aux 17e et 18e étages et elle reste présente jusque vers 1945. Outre les nombreux bureaux, une présence commerciale prévaut au rez-de-chaussée et au sous-sol . Dès 1931, la Banque Royale ouvre une succursale au rez-de-chaussée, avec sa propre entrée sur rue, pour y demeurer jusqu'au début du siècle suivant, soit pendant 70 ans environ. Lors de la construction, on prévoit aussi des locaux au rez-de-chaussée pour accueillir des courtiers en valeurs mobilières, mais après une attente due à la crise économique, d'autres types de commerce s'y installent plutôt.

L'Aldred Building vend l’édifice en 1941 et deux compagnies d’assurances se succèdent comme propriétaires : la Prudential Insurance Company of America en 1941 et la Prévoyance en 1960. L'immeuble est cédé dans les années 1980 à une compagnie de gestion immobilière qui lui redonne son nom d'origine. Au fil des années, l’édifice conserve son prestige et demeure un emplacement de choix pour les bureaux d'affaires, et il fait l'objet de campagnes de travaux de rénovation et de restauration.

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L'édifice vu de l'édifice de la Banque-Canadienne-Nationale (500 place d'Armes).
© Photographie de Normand Rajotte réalisée pour l'ouvrage L'histoire du Vieux-Montréal à travers son patrimoine, 2004
 
Ornements du couronnement.
©Denis Tremblay, 2014
 
Entrée de la rue Notre-Dame Ouest et ornements Art déco.
©Denis Tremblay, 2014
 
Architecture  
 

L’édifice Aldred est un grand immeuble de bureaux d'avant-guerre, typique d'une troisième phase dans l'évolution des gratte-ciel montréalais. Il occupe un site de prestige à l'angle de la place d'Armes et de la rue Notre-Dame Ouest dans l'ancien centre des affaires, non loin des palais de justice. Le bâtiment quasi rectangulaire avec deux façades sur rues atteint 23 étages en son centre, avec un jeu complexe de quelque sept retraits lui donnant une forme élancée en gradins (comportant des variantes d'une façade à l'autre). La réglementation modifiée en 1929 entraîne la construction de ce type de bâtiment à la new-yorkaise. Son sous-sol occupe toute l'étendue du terrain, mais un premier retrait permet dès le rez-de-chaussée de dégager un passage de service extérieur en forme de L, accessible par la rue Notre-Dame. Du côté de la place d'Armes, le rez-de-chaussée et la majeure partie des deux étages au-dessus suivent en plan la limite oblique du site; aux étages supérieurs un redressement permet de rendre cette élévation parfaitement perpendiculaire à la rue Notre-Dame.

La forme de pyramide à degrés (ou fontaine ou gâteau de noces) donne un élan vertical, clairement accentué du côté de la place d’Armes où la façade est plus étroite. Les étroites travées de fenêtres jumelées contribuent à cet élan, tout comme les trumeaux aux allures de contreforts qui se prolongent au-dessus des lignes de toit. Cette dernière caractéristique est typiques de l'architecture Art déco qui, à bien des égards, reste également fidèle aux préceptes des beaux-arts français. Chaque façade combine en effet monumentalité, axe central dominant et recherche de symétrie (avec des concessions dues aux particularités du site et aux besoins fonctionnels). Toute l’ornementation confirme par ailleurs l’influence des arts décoratifs français des années 1920. Les bas-reliefs méplats en pierre et les panneaux d'aluminium entre les fenêtres offrent un éventail de motifs géométriques et végétaux (stylisés) très typiques – rayons, équerres et chevrons, demi-cercles concentriques; branches de pin, de chêne et d’érable, rosettes, pousses de fougères en forme de volutes et autres. À petite échelle, l’édifice Aldred peut être vu comme l’archétype parfait du gratte-ciel nord-américain de style Art déco.

L'édifice apparaît d'emblée comme un immeuble de bureaux. De plus, son raffinement sied bien à sa fonction de siège social de l'Aldred & Co., le prestige ainsi conféré favorisant aussi la rentabilité de tout l'immeuble locatif. Les entrées principales, toutes deux dotées de grilles en fer ornemental surmontées d'une horloge, sont partagées par tous les occupants des étages. D'autres entrées desservent des locaux à caractère commercial, à commencer par l'ancienne succursale bancaire. Les locaux du rez-de-chaussée, accessibles de l'extérieur ou de l'intérieur, disposent de grandes fenêtres se prêtant aux contacts avec le public. Aux étages, la hauteur du bâtiment et ses retraits assurent une bonne luminosité aux bureaux. Le passage de service crée une distance par rapport aux propriétés voisines qui permet même le fenêtrage de locaux moins bien situés.


Intérieur accessible au public

Les deux entrées principales, sur la rue Notre-Dame et la place d'Armes, s'ouvrent aux heures d'affaires sur des porches donnant accès aux deux extrémités d'un corridor en forme de L. Les ascenseurs auxquels on accède plus directement par la rue Notre-Dame se trouvent au centre de l'édifice par rapport à cette façade, donc dans l'axe central vu de ce côté, ce qui correspond à un principe fondamental de l'enseignement des beaux-arts voulant que l'extérieur annonce l'organisation intérieure. Du côté de la place d'Armes, on observe plutôt un accès décentré, mais le prestige de la place l'a néanmoins emporté quand on a déterminé l'adresse de l'édifice. Certaines règles de composition appliquées à l'extérieur réapparaissent à l'intérieur. Dans une section, de fausses ouvertures s'ajoutent aux portes pour assurer la régularité du rythme et la symétrie de la composition.

Dans ces corridors, les planchers sont en travertin et en marbre. Du marbre veiné de Sainte-Geneviève (Missouri, États-Unis) recouvre la majeure partie des murs, que complètent des marbres verts et noirs importés d'Europe, notamment dans les ouvertures aveugles. S'y ajoutent des portes et des grilles en bronze doré, des luminaires très élaborés combinant marbre, bronze et verre, ainsi que des plafonds de plâtre en forme de voûte segmentaire comportant de larges caissons moulurés. Les octogones, courants dans l'éventail des motifs Art déco, sont très présents dans l'ornementation. Un grand vitrail, probablement mis en place dans les années 1980, présente aussi des formes géométriques abstraites d'inspiration Art déco. Des grilles qui représentent des oiseaux perchés sur des fils télégraphiques offrent toutefois un important motif figuratif aux extrémités des corridors qui nous ramène à la construction d'origine.

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Le corridor menant à la place d'Armes.
Photographie Gilles Lauzon, 2013
 
En entrant par la rue Notre-Dame...
Photographie Gilles Lauzon, 2013
 
Une partie du décor, avec des hirondelles sur des fils.
Photographie Gilles Lauzon, 2013
 
 
Vitrail à l'angle du corridor en L, en arrivant de la place d'Armes.
©Denis Tremblay, 2005
 
L'entrée de service, rue Notre-Dame.
©Denis Tremblay, 2014
 
Les anciens immeubles.
©Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Albums Massicotte. 4-46-b
 
Construction initiale  
 
Date de construction :

1929-1931

Concepteur de la construction :
Propriétaire constructeur :
  • Aldred & Company (société financière)
    (propriétaire de 1926 à 1941)
    Informations biographiques disponibles pour l'année 1915
    Propriétaire-occupant. De 1926 à 1929, la Aldred and Co. Limited achète plusieurs terrains pour la construction de l’édifice Aldred. En décembre 1929, la Aldred and Co. Limited vend la propriété à la Aldred Building, laquelle en garde possession jusqu'en 1941. L'Aldred & Co. est une société d'investissement, dont les activités sont définis en 1929 dans une promotion comme Investment Bankers and Fiscal agents, puis, en 1937, Underwriters & Dealers, Plublic Utility and Industrial Securities, alors associés au financement d'au moins trois compagnies d'électricité du Québec.
Locataire ou autre
usager d'origine :
  • Banque Royale
    (locataire de 1931 à v. 2000-00-00)
    Informations disponibles pour l'année 1915
    Succursale avec une entrée dans l'angle de l'édifice, vis-à-vis l'église Notre-Dame. La Banque Royale ayant construit son propre immeuble de prestige peu avant l'Aldred, plus à l'ouest sur la rue Saint-Jacques, elle semble viser la clientèle catholique et francophone en ouvrant cette succursale.
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Fonction(s) d'origine et type particulier  
 
Fonction(s) générale(s) :
  • bureaux
  • finance
Type particulier de bâtiment :
  • gratte-ciel
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Autres propriétaires ou locataires (sélectif)  
 
Propriétaires :
  • The Prudential Insurance Company of America
    (propriétaire de 1941 à 1960)
  • La compagnie d’assurance La Prévoyance
    (propriétaire de 1960 à 1985)
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Protections patrimoniales du bâtiment  
 
Le bâtiment est protégé en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel, en vigueur depuis le 19 octobre 2012, par le statut suivant :
  • Situé dans le site patrimonial de Montréal (Vieux-Montréal) (déclaré).
    Anciennement un arrondissement historique (1995-04-26) (juridiction provinciale)
Le bâtiment est identifié aux documents d'évaluation du patrimoine urbain dans la catégorie suivante :
  • Situé dans un secteur de valeur patrimoniale exceptionnelle Vieux-Montréal (juridiction municipale)
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Numéros de référence  
 
Bâtiment :

0040-33-3473-00

Propriété :

0040-33-3473
Fiche 1 de 1 sur cette propriété

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Pour plus d'informations...  
 

Pour plus d'information sur l'histoire ou l'architecture du bâtiment,
veuillez consulter les sources suivantes :

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