En l'absence d'une mention de confirmation, l’identification « pierre grise de Montréal [calcaire] » est présumée d’après l’apparence et l’époque d’utilisation.
Histoire du bâtiment
La construction de cet immeuble s’échelonne de 1886 au début de l’année 1889. Le marchand et fabricant de produits alimentaires Alexandre Bourgeau acquiert d’abord le terrain en 1886 et y fait construire un premier bâtiment de quatre étages en continuité architecturale avec les façades des bâtiments voisins déjà en place. L’immeuble est lourdement endommagé lors d’un incendie durant l’hiver 1888. Bourgeau et le propriétaire voisin, l’imprimeur Louis Perrault, commandent alors à l’architecte Alphonse Raza la construction de deux immeubles identiques de six étages. Le nouvel immeuble comprend, selon toute vraisemblance, les façades restaurées des quatre étages incendiés et deux nouveaux étages. Lors de leur inauguration, ils figurent parmi les édifices les plus élevés à Montréal. De ces deux bâtiments, il ne reste que l’édifice de Bourgeau, celui de Perrault ayant été remplacé par l’immeuble de la Caisse nationale d’économie en 1938-1939.
Parmi les locataires d’origine de cet immeuble de bureaux, peu nombreux, on retrouve les bureaux de l’entreprise pharmaceutique anglaise A. J. White and Co. et le quotidien de Québec L’Électeur, l’ancêtre du journal Le Soleil. D’autres quotidiens occupent l’édifice par la suite, profitant manifestement de la présence d’une imprimerie dans l’immeuble voisin. Le quotidien La Presse y loue des locaux de 1891 à 1900 ; il déménage ensuite dans son propre bâtiment un peu plus à l’est. Entre 1910 et 1914, l’immeuble loge les premiers bureaux du quotidien Le Devoir. Plus tard, à une date indéterminée, la façade est modifiée. Au cours des décennies suivantes, l’édifice héberge une clientèle nombreuse et diversifiée. En 2011, des travaux de conversion de l’immeuble en copropriété résidentielle débutent, mais un incendie éclate en novembre 2012 et endommage sérieusement l’édifice. La façade a entre autres été préservée.
L’édifice Alexandre-Bourgeau occupe la totalité d’un emplacement bordé d'immeubles mitoyens au milieu d'un îlot. De plan rectangulaire, l’édifice de six étages, soutenu par une structure en maçonnerie et coiffé d’un toit plat, compte une seule façade sur rue. Cette dernière, rue Saint-Jacques, présente un parement en pierre grise de Montréal, tandis que de la brique rouge recouvre l'élévation arrière donnant sur la ruelle des Fortifications.
Au-dessus du rez-de-chaussée modernisé, deux niveaux prennent la forme d’une suite de cinq arcades dans lesquelles s’inscrivent des fenêtres superposées. Un autre niveau complète la division verticale tripartite d’origine (1886) héritée du modèle adopté pendant les années 1870 pour plusieurs immeubles voisins. S’ajoutent à cette composition les deux étages distincts de 1888-1889. Le vocabulaire architectural dominant de l’ensemble, à l’instar du modèle tripartite initial, est classique. En témoignent par exemple les arcs à clef passante du troisième niveau, que l’on retrouve en version simplifiée au-dessus de deux fenêtres du cinquième. On peut y percevoir des rappels de la Renaissance italienne, mais aussi l’influence française du Second Empire, notamment dans les arcs segmentaires du quatrième niveau – il ne reste qu’à imaginer un ancien toit brisé à la Mansart sur cet « étage-attique ». Le grand arc segmentaire du cinquième niveau, divisé par deux meneaux, rappelle quant à lui une nouvelle liberté de composition qu’un balcon disparu accentuait. Tout compte fait, on peut sans doute considérer l’ensemble comme un décor victorien combinant les tendances des années 1870 et 1880.
Les premiers étages ayant la même apparence que les anciens magasins-entrepôts voisins, qui combinaient dans ce secteur activités commerciales et bureaux, seule la hauteur due aux deux étages ajoutés suggère qu’il s’agit plus spécifiquement d’un immeuble de bureaux. De fait, il sert d'immeuble de bureaux dès l'origine. Les baies percées dans l'élévation arrière servent d’ailleurs à éclairer davantage ces locaux. Le rez-de-chaussée ayant été complètement transformé, il ne subsiste qu'une entrée contemporaine qui perpétue l'ancienne entrée principale qui menait au hall d’ascenseur.
Alexandre Bourgeau (grossiste en alimentation et fabricant de produits alimentaires) (propriétaire du 1886-10-20 au 1901-01-01) Alexandre Bourgeau meurt en 1901. Ses héritiers conservent la propriété jusqu'en 1912. Ils reprennent brièvement possession de l'immeuble entre 1929 et 1935.
Locataire ou autre usager d'origine :
L'Électeur (jounal) (locataire de 1889 à 1891) Quotidien de Québec fondé en 1880. Il prend le nom Le Soleil en 1896.
A. J. White and Co. (entreprise pharmaceutique) (locataire de 1889 à 1901) Entreprise fondée à New York, mais dont le siège social déménage à Londres en 1884. En 1894, la compagnie dispose de bureaux à New York, Montréal, Sydney, Bombay et Lille (France).
Fonction(s) d'origine et type particulier
Fonction(s) spécifique(s) :
journal : rédaction
Fonction(s) générale(s) :
bureaux
Autres travaux – Modifications
Travaux 1 :
Date des travaux : 2012-2014 Restauration ou recyclage du bâtiment.
Conversion en copropriété résidentielle et restauration de la façade. Travaux commencés en 2012, arrêtés à cause d'un incendie, puis repris en 2013-1014. À l'été de 2014, ces travaux sont toujours en cours.
Le bâtiment est protégé en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel, en vigueur depuis le 19 octobre 2012, par le statut suivant :
Situé dans le site patrimonial de Montréal (Vieux-Montréal) (déclaré). Anciennement un arrondissement historique (1995-04-26) (juridiction provinciale)
Le bâtiment est identifié aux documents d'évaluation du patrimoine urbain dans la catégorie suivante :
Situé dans un secteur de valeur patrimoniale exceptionnelle Vieux-Montréal (juridiction municipale)
Numéros de référence
Bâtiment
:
0040-34-0557-00
Propriété
:
0040-34-0557 Fiche 1 de 1 sur cette propriété
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