En l'absence d'une mention de confirmation, l’identification « pierre grise de Montréal [calcaire] » est présumée d’après l’apparence et l’époque d’utilisation.
Histoire du bâtiment
La majeure partie de ce bâtiment est construite en 1822. À la suite d'un incendie, Pierre Berthelet, propriétaire de l'emplacement depuis 1784, engage le maçon et entrepreneur Joseph Godard dit Lapointe pour rebâtir deux maisons en pierre de trois étages. Celle-ci se trouve du côté droit (nord-est) du lot. Le marchand Isidore Malo en devient vraisemblablement le premier locataire. L'utilisation du terme « maison » pour désigner l'immeuble ainsi que la présence d'un magasin mentionné dans un bail de 1824 suggèrent une utilisation mixte des lieux, résidentielle et commerciale. Malo tient sans doute son commerce au rez-de-chaussée et habite au-dessus. On ne connaît toutefois pas l'apparence d'origine du rez-de-chaussée commercial. Les vitrines datent probablement de rénovations effectuées dans les années 1840, ce qui donne au bâtiment l'allure typique des maisons-magasins alors en vogue. Il faut par ailleurs imaginer en lieu et place du dernier étage un toit en pente percé de lucarnes.
Le rôle foncier de 1849 montre que la maison-magasin conserve encore cette double vocation. Dès 1855 toutefois, alors qu'elle est occupée par un marchand de cuir, elle ne sert plus qu'à des fins commerciales. Jusqu'au début du XXe siècle, les locataires, surtout des marchands, s'y succèdent. La famille Berthelet en demeure propriétaire jusqu'en 1907.
Ovide Tremblay achète l'immeuble en 1908 après que des travaux aient été réalisés en cette même année, possiblement dans le cadre d'une entente entre Tremblay et le propriétaire qui détient l'immeuble pendant moins d'un an avant lui. Un étage serait ajouté sous la direction de la firme d'architectes MacVicar & Heriot Tremblay y établit un hôtel, un restaurant et, au troisième étage, sa résidence. Le quatrième étage est habité par certains de ses employés. Un incendie survient en 1917 et endommage l'intérieur de l'immeuble. Un manufacturier de fourrures s'y installe après la rénovation. Tremblay, devenu marchand, loue aussi une partie de son immeuble à un restaurateur dans les années 1920, mais la confection de vêtements de fourrure devient la principale activité a y être exercée jusqu'au milieu des années 1960.
Au cours des dernières décennies du XXe siècle, l'immeuble retrouve sa mixité d'origine, combinant habitation et commerce, un dépanneur étant présent en 1980. Des bureaux d'affaires s'installent également. Des fenêtres à volets sont installées en façade alors que les escaliers de secours du début du XXe siècle sont conservés. D'autres travaux de rénovation réalisés au tournant du siècle sont surtout perceptibles à l'arrière. En 2015, la mixité retrouvée perdure.
Les trois premiers niveaux de la façade présentent les caractéristiques d'une maison-magasin typique. Cette apparence tient d'abord, chronologiquement parlant, aux deux niveaux médians en pierre taillée. L'aspect plus ou moins régulier des pierres équarries (dont certaines paraissent piquées) de même que les encadrements et les chaînes d'angle encore distincts du reste du parement, aident à situer cette façade au début des années 1820 tandis que la devanture commerciale dotée d'une vitrine, de facture résolument classique − une suite de pilastres supportant un entablement −, trahit une modification réalisée vers 1840 alors que le modèle de la maison-magasin est bien établi. Le dernier étage révèle enfin une modification majeure plus tardive. Les linteaux décoratifs d'esprit victorien apparaissent comme une fantaisie sur ce nouvel étage par ailleurs très simple, revêtu de pierre taillée uniforme. D'un point de vue fonctionnel les entrées ont sans doute été modifiées au fil du temps, mais on peut supposer qu'il y en ait eu deux à l'origine, une pour le commerce et l'autre pour les étages habités − sans entrée cochère grâce à un ancien accès à l'arrière par la rue Saint-François-Xavier.
Construction initiale
Date de construction :
1822
Concepteur de la construction :
Joseph Godard dit Lapointe (maçon et entrepreneur)
Isidore Malo (marchand) (locataire de v. 1823 à 1828) Lorsque Berthelet loue l'immeuble à Malo le 5 février 1824, il est mentionné dans l'acte que toutes les améliorations que le preneur a fait depuis qu'il occupe la maison et celles qu'il pourra faire pendant la durée de ce bail appartiendront au bailleur à l'exception du magasin, ce qui sous-entend que Malo occupait les lieux avant 1824.
Commentaire sur la construction
Marché de construction (notaire N.B. Doucet, 9 février 1822).
Fonction(s) d'origine et type particulier
Fonction(s) générale(s) :
commerce
habitation
Type particulier de bâtiment :
maison-magasin
Commentaire
L'apparence et la fonctionnalité de maison-magasin proviennent de la construction d'origine ainsi que de la modification subséquente probable du rez-de-chaussée.
Autres travaux – Modifications
Travaux 1 :
Date des travaux : vers 1840
Reconstruction probable de la devanture commerciale. Une telle devanture dotée d'une vitrine (certainement à grands carreaux à l'origine) et de facture classique n'est pas tout à fait impossible en 1822 dans le Vieux-Montréal, mais très improbable. Si tel était le cas, ce serait la plus ancienne encore en place.
Travaux 2 :
Date des travaux : 1908 Modification à la volumétrie verticale du bâtiment. Ajout d'un ou de plusieurs étages au bâtiment. Disparition d'une toiture en pente ou mansardée.
Le bâtiment est rehaussé d'un étage et est coiffé d'un toit plat.
Quoique le dossier d'inventaire de 1980 situait ces travaux vers 1860, et ce, peut-être à cause de la facture victorienne des linteaux décoratifs, l'augmentation de la valeur du bâtiment dans les rôles fonciers et une indication de travaux dans Le Prix Courant révèle plutôt des modifications en 1908. Louis Eustache Masson, propriétaire pendant un peu plus d'un an, fait faire ces travaux, probablement dans la cadre d'une entente privée avec Ovide Tremblay à qui il revend en septembre 1908.
Concepteur :
MacVicar & Heriot (architectes)
Autres propriétaires ou locataires (sélectif)
Propriétaires :
Ovide Tremblay (hôtelier) (propriétaire du 1908-09-04 au 1933-04-26) Tremblay déclare faillite en avril 1933. L'immeuble est vendu par les syndics de la faillite en 1934.
Protections patrimoniales du bâtiment
Le bâtiment est protégé en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel, en vigueur depuis le 19 octobre 2012, par le statut suivant :
Situé dans le site patrimonial de Montréal (Vieux-Montréal) (déclaré). Anciennement un arrondissement historique (1964-01-08) (juridiction provinciale)
Le bâtiment est identifié aux documents d'évaluation du patrimoine urbain dans la catégorie suivante :
Situé dans un secteur de valeur patrimoniale exceptionnelle Vieux-Montréal (juridiction municipale)
Numéros de référence
Bâtiment
:
0040-41-4825-00
Propriété
:
0040-41-4825 Fiche 1 de 1 sur cette propriété
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