En l'absence d'une mention de confirmation, l’identification « pierre grise de Montréal [calcaire] » est présumée d’après l’apparence et l’époque d’utilisation.
Histoire du bâtiment
Acquise par Denis Viger vers 1780, cette propriété est demeurée entre les mains de ses descendants pendant presque deux siècles en générant des revenus de location. À la suite du partage de la succession de Viger en 1814, son fils Denis-Benjamin devient propriétaire de deux maisons en pierre à deux étages alors érigées sur le terrain. En 1841, il engage Augustin Laberge, maître menuisier et entrepreneur, pour la construction d'une bâtisse en pierre taillée de trois étages qui occupera entièrement le lot. En décembre 1841, l'immeuble est à peine terminé – des travaux de plâtrage au rez-de-chaussée doivent être complétés –, mais un magasin est déjà loué, jusqu'en mai 1844, au marchand importateur Joseph MacKay; on sait par un annuaire de l'année suivante que son commerce de dry goods (des tissus et possiblement de la mercerie et d'autres produits) est bien à cette adresse alors qu'il habite ailleurs; mais il pourrait y avoir d'autres occupants. En 1848, il y a trois occupants selon le rôle d'évaluation avec une faible portion apparemment habitée dans chaque cas (20% en tout). En 1851, il y a deux marchands et personne n'habite sur les lieux. En somme, cette maison-magasin aurait été partiellement habitée au cours des années 1840.
À sa mort en 1861, Viger lègue la propriété à son cousin, Côme-Séraphin Cherrier, qui la transmet à ses filles par la suite. Jusqu'au début du XXe siècle, le bâtiment est occupé par divers locataires parmi lesquels on peut signaler des merciers, un marchand de cuir, un manufacturier de bottes et de chaussures, des épiciers, une cigarière et des fournisseurs pour les chemins de fer. À partir de 1900, le commerce de William H. Dunn Limitée s'y établit et y demeure pendant plus de 60 ans. Cette entreprise vend de la nourriture spécialisée comme le lait condensé Borden et la gélatine Knox. Locataire pendant des décennies, Dunn achète finalement la propriété des descendants de Cherrier en 1956, mais il la revend neuf ans plus tard.
En 1965, des bureaux sont aménagés alors qu'une maison de production de cinéma s'y installe, suivie par d'autres entreprises similaires jusqu'au début des années 1980; plusieurs transactions ont lieu impliquant des compagnies de cinéma. Des investisseurs immobiliers achètent en 1983 et ils louent les bureaux à d'autres. Au début du XXIe siècle, on y trouve un commerce au rez-de-chaussée et des bureaux aux étages. Des vitrines et fenêtres à carreaux mises en place vers 2015 rappellent celles du XIXe siècle.
Cet immeuble apparaît d'emblée comme une des maisons-magasins typiques de son temps, incluant son coin arrondi très en vogue au cours des années 1840-1845. Elle fait partie des maisons construites à l'angle de deux rues et ne disposant pas de cour – il reste possible qu'il y ait eu un accès par l'arrière au cours des toutes premières années, disparu ensuite. Le bâtiment présente surtout les composantes architecturales essentielles des maisons-magasins de cette époque que sont les vitrines au rez-de-chaussée, le parement de pierre taillée très uniforme, et le toit en pente percé de lucarnes. Les vitrines et fenêtres à carreaux mis en place vers 2015 contribuent à cette apparence. Sans pilastres ni entablement, le bâtiment semble par ailleurs s'être démarqué par l'absence complète de tout élément classique évident. La régularité des ouvertures, le bandeau au-dessus du rez-de-chaussée et les fenêtres plus petites à l'étage supérieur sont néanmoins d'esprit classique. Les entrées ont été modifiées à maintes reprises au cours du temps, de sorte que celles en place dans les années 2010 ne peuvent être associées aux accès d'origine.
Joseph MacKay (marchand) (locataire de 1842 au 1844-05-01) MacKay doit compléter certains travaux, notamment le plâtrage au rez-de-chaussée ; bail par Viger à MacKay, 23 décembre 1841, (notaire J. Belle).
Commentaire sur la construction
Quittance par Augustin Laberge à Denis-Benjamin Viger « pour le prix de la bâtisse qu'il aurait fait pour ledit Honble. D.B. Viger sur un terrain à lui appartenant, situé en cette dite ville et faisant l'encoignure de la place de la Douane » (19 novembre 1841, notaire J. Belle).
William H. Dunn (commerce d'importation de la nourriture spécialisée) (locataire de 1896 au 1956-06-20) Informations disponibles pour l'année 1915 Vers 1940, William H. Dunn Limited devenait Dunn Sales Limited.
Protections patrimoniales du bâtiment
Le bâtiment est protégé en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel, en vigueur depuis le 19 octobre 2012, par le statut suivant :
Situé dans le site patrimonial de Montréal (Vieux-Montréal) (déclaré). Anciennement un arrondissement historique (1964-01-08) (juridiction provinciale)
Le bâtiment est identifié aux documents d'évaluation du patrimoine urbain dans la catégorie suivante :
Situé dans un secteur de valeur patrimoniale exceptionnelle Vieux-Montréal (juridiction municipale)
Numéros de référence
Bâtiment
:
0040-41-9798-00
Propriété
:
0040-41-9798 Fiche 1 de 1 sur cette propriété
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