Le bâtiment et ses voisins, rue Notre-Dame, en 1910. Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Albums de rues E.Z. Massicotte, 0002732769 (MAS 4-7-a) (détail).
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En l'absence d'une mention de confirmation, l’identification « pierre grise de Montréal [calcaire] » est présumée d’après l’apparence et l’époque d’utilisation.
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Histoire du bâtiment
Au printemps 1836, l’encanteur et courtier Augustin Cuvillier désirant refaire la façade de sa maison en pierre de trois étages datant du début du siècle (1803), engage le maçon James Peddie et le charpentier William Crockford pour démolir et reconstruire le mur en pierre de taille et réaliser des travaux de charpenterie et de menuiserie que cela entraîne, conformément aux plans de l’architecte John Ostell. L’immeuble est divisé en espaces commerciaux au rez-de-chaussée, alors que les étages supérieurs sont voués à l’habitation. La présence de locataires est confirmée au début des années 1840. La double vocation commerciale et résidentielle apparaît clairement dans les premiers rôles d'évaluation à la fin de la décennie. L'immeuble comprend alors quatre unités locatives.
Cuvillier décède en 1849 laissant la propriété à sa succession qui la possède près d’un siècle. Situé sur la rue par excellence de la vente au détail au XIXe siècle, le bâtiment accueille différents locataires, commerçants et artisans, essentiellement des marchands de produits de luxe, des cordonniers, coiffeurs, chapeliers, tailleurs et modistes. L’immeuble conserve par ailleurs sa vocation résidentielle au moins pendant tout le premier quart du XXe siècle. En 1914, l'environnement du bâtiment change alors que le boulevard Saint-Laurent est percé à sa gauche.
En juillet 1946, des restaurateurs achètent l’immeuble et s’y installent. En janvier 1987, un incendie endommage lourdement le bâtiment toujours occupé par un restaurant et deux petits commerces. En 1991-1992, le bâtiment est intégré à un projet principalement constitué par le nouvel immeuble Cuvillier-Ostell qui donne sur le boulevard Saint-Laurent. Les murs extérieurs de la maison-magasin sont restaurés alors que l'intérieur est reconstruit.
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Ce bâtiment constitue un bel exemple de maison-magasin du Vieux-Montréal, dont même le mur-pignon en moellons demeure perceptible grâce à l'élévation latérale dégagée (fait rare cependant, il semble qu'il n'y ait jamais eu de cour à l'arrière vu la proximité de l'ancienne propriété de la congrégation de Notre-Dame). La façade de pierre de taille, restaurée avec soin, présente des raffinements peu usuels. Le toit en pente reconstruit est recouvert de tôle à la canadienne traditionnelle (rangs de carreaux obliques), tandis que les lucarnes sont plus éloignées de la bordure du toit qu'elles ne l'étaient anciennement.
La façade est découpée en trois niveaux bien distincts et en six travées régulières, les piliers du rez-de-chaussée suivant par ailleurs un rythme un peu différent. Les pilastres de même que l'entablement d'esprit néoclassique semblent supporter « l'étage noble » où prédominent les bossages en table et de larges arcs segmentaires, de facture classique également. L'architecte Ostell semble avoir interprété à sa façon l'idée palladienne (suivant l'architecte Palladio de la Renaissance) voulant qu'un premier niveau puisse être traité comme un solide soubassement à bossages. De façon plus habituelle, au-dessus des bossages se trouve un parement uni, à joints maigres. Il est ponctué par des sections verticales en saillie qui alternent avec de petites fenêtres – le dernier rang de pierres était également plus avancé à l'origine et contribuait à former des cadres. Il s'agit en somme d'un décor classique librement composé par John Ostell, celui-là même qui crée au même moment l'édifice purement palladien de la douane (l'Ancienne-Douane).
La division fondamentale entre le niveau commercial doté de vitrines et les étages d'habitation se double d'une particularité moins courante, soit la présence de très grandes fenêtres à l'étage. On a pu vouloir mieux éclairer ainsi des pièces de séjour donnant sur la rue vu le manque d'ouvertures à l'arrière ou, à l'opposé, donner la possibilité d'aménager des locaux prolongeant les boutiques du rez-de-chaussée. Chose certaine, la disposition des ouvertures du rez-de-chaussée rappelle ce qui a longtemps été une division en quatre unités de commerce-habitation : deux unités plus étroites aux extrémités et deux plus larges au centre, chacune avec son entrée unique destinée à desservir commerce et logement. La section de mur exposée à l'arrière est aujourd'hui aveugle; on n'y trouvait anciennement que quelques petites ouvertures.
Augustin Cuvillier (encanteur et courtier) (propriétaire du 1802-12-02 au 1849-07-11) Informations biographiques disponibles pour l'année 1849 Cuvillier utilise probablement le bâtiment rénové pour son compte pendant quelques années. En 1842, sa résidence se trouve toutefois à la côte à Baron et son entreprise est localisée rue du Saint-Sacrement. Il décède le 11 juillet 1849. Sa succession possède l’emplacement jusqu’au 31 juillet 1946.
Commentaire sur la construction
Marchés de maçonnerie et de charpenterie (notaire H. Griffin, 22 janvier 1836).
Fonction(s) d'origine et type particulier
Fonction(s) générale(s) :
commerce
habitation
Type particulier de bâtiment :
maison-magasin
Autres travaux – Modifications
Travaux 1 :
Date des travaux : 1991-1992 Modification à la volumétrie horizontale du bâtiment. Modification à la volumétrie verticale du bâtiment. Démolition partielle du bâtiment.
Suite à un incendie, seuls les murs anciens sont intégrés à une restauration de l'édifice. Celui-ci est par ailleurs intégré au nouveau complexe qui comprend le bâtiment adjacent sur Saint-Laurent.
Concepteur :
Jacques Béïque (architecte)
Protections patrimoniales du bâtiment
Le bâtiment est protégé en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel, en vigueur depuis le 19 octobre 2012, par le statut suivant :
Situé dans le site patrimonial de Montréal (Vieux-Montréal) (déclaré). Anciennement un arrondissement historique (1964-01-08) (juridiction provinciale)
Le bâtiment est identifié aux documents d'évaluation du patrimoine urbain dans la catégorie suivante :
Situé dans un secteur de valeur patrimoniale exceptionnelle Vieux-Montréal (juridiction municipale)