En l'absence d'une mention de confirmation, l’identification « pierre grise de Montréal [calcaire] » est présumée d’après l’apparence et l’époque d’utilisation.
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Histoire du bâtiment
L'avocat Arthur Ross, qui sera trésorier de la Cité, fait construire cette grande maison bourgeoise vers 1836 (entre 1834 et 1838) sur un terrain vacant acquis en 1834. On ne sait rien de plus de cette construction. Toutefois, Francis Perry fait bâtir en 1835-1836 une maison (disparue), à droite de celle de Ross, suivant des plans signés par l’arpenteur John Cliff, qui accompagnent un marché de charpenterie-menuiserie accordé à Richard Robinson (le maçon nous est inconnu). Selon toutes les indications, le traitement architectural et les divisions intérieures des maisons Perry et Ross sont identiques, ou presque, mais inversées, ce qui se reflète en façade. Par exemple, l’entrée cochère de Perry est à droite, celle de Ross à gauche, éloignées l’une de l’autre. Ces maisons constituent en somme une sorte de duplex construit par deux propriétaires. On peut émettre l’hypothèse d’une construction faite de concert, soit en même temps, soit une maison avant l’autre. À tout le moins, un constructeur s’inspire de l’autre. En 1838, Ross vend cette maison à l'avocat John Bleakley, ce qui en confirme l’existence à cette date; l’acte fait aussi mention de l’autre maison de Ross, troisième composante de la « série » Perry–Ross.
L'avocat et politicien George-Étienne Cartier, de retour de Québec, achète la maison de Bleakley en 1862 et il y établit sa résidence familiale jusqu'en 1871 (il possède déjà l’autre maison construite par Ross, qu’il laisse en location). Après le départ des Cartier, le docteur A.G.A Ricard loue la maison de 1872 à 1893, et y tient son cabinet.
L’apparence et le mode d’occupation de la maison changent de façon importante en 1893-1894 alors que l’étage de comble est remplacé pour les besoins de l’hôtel occupant déjà la maison contiguë (il est par ailleurs possible que la toiture ait déjà été modifiée auparavant; voir à ce sujet l’histoire de l’autre maison). Par la même occasion, le rez-de-chaussée et l’étage au-dessus sont transformés en deux logements distincts. Enfin, l’entrée cochère est condamnée et récupérée pour des usages intérieurs, et les arcs sont éliminés. Dans les années 1930, l’hôtel qui occupe l’étage supérieur devient une maison « de chambres » (sous le nom de Royal Rooms). Il semble y avoir deux logements et des chambres à l’étage supérieur jusqu’à la vente des deux bâtiments par la famille Cartier en 1951, et peut-être au-delà.
L’état canadien se porte acquéreur du bâtiment en 1973. Entre 1983 et 1985, il restaure et meuble les deux étages principaux de cette maison comme à l’époque où les Cartier y habitaient dans les années 1860. On y accède désormais par une nouvelle entrée commune aux deux maisons, aménagée dans l’ancienne porte-cochère dont on restaure l’arc d’origine, d’où on suit un parcours qui commence dans l’autre maison.
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Le hall d’entrée. Photo : Gina Garcia, 2006
Une chambre restaurée. Photo : Gina Garcia, 2006
Embrasure de fenêtre en bois, avec volet intérieur. Photo : Gina Garcia, 2006
Architecture
Cette maison est implantée en bordure de la rue avec une ancienne porte cochère qui donnait accès à la cour arrière. Les deux étages en pierre, incluant le rez-de-chaussée, proviennent de la maison d’origine qui était coiffée d’un toit à deux versants percé de lucarnes. Tout comme l’implantation en bordure de la rue, les murs en moellons visibles à l’arrière rappellent discrètement la tradition des maisons urbaines façon Nouvelle-France.
Les pleins et des vides répartis de façon régulière – avec les entrées par ailleurs placées pour répondre à des considérations autant pratiques qu’esthétiques –, peuvent être reliés à cette même tradition. Toutefois, le parement de pierre taillée s’en éloigne, car à Montréal il s’agit d’une innovation du début du XIXe siècle. L’arc segmentaire (presque plein-cintre) restauré au-dessus de l’ancienne porte cochère rappelle les deux arcs d’origine – celui au-dessus de la porte d’entrée était en plein cintre – et il évoque discrètement le grand courant néoclassique en vogue à l’époque. (En ce qui concerne l’étage ajouté, voir la fiche d’ensemble)
Les dimensions et le traitement de la maison annoncent d’emblée une grande résidence bourgeoise. Il est possible que la largeur de l’entrée principale en soit aussi une caractéristique distinctive par rapport aux maisons cossues plus anciennes. Parce que située immédiatement à droite de la porte cochère, cette entrée annonce par ailleurs dès l’extérieur un hall à la manière des maisons en rangée britanniques. La porte-cochère permet quant à elle le passage des voitures à chevaux. Elle sert désormais d’entrée principale pour l’ensemble muséal occupant les deux maisons.
Intérieur accessible au public
À l’entrée, une plaque souligne que « Les Résidences Cartier » constituent un lieu historique national du Canada. Les visiteurs sont invités à suivre un parcours qui les amène à découvrir les deux étages restaurés de cette maison occupée par les Cartier de 1862 à 1871. On y trouve une reconstitution historique du milieu de vie bourgeois de la famille Cartier. Le hall d’entrée de leur époque donne accès aux pièces situées à son propre niveau tout en mettant en valeur le grand escalier qui conduit à l’étage. Le rez-de-chaussée est occupé par les pièces d’apparat, salon et salle à manger, ainsi que par l’office (ou pièce de desserte) qui la jouxte. À l’étage, on trouve un autre salon, trois anciennes chambres, et une salle de bain équipée comme à l’époque des Cartier. (L’étage supérieur qui a remplacé l’ancien comble à l’époque de l’hôtel n’est pas accessible au public)
La reconstitution historique a été régie par le principe de la hiérarchie des pièces. Les pièces d’apparat sont plus soignées, plus riches en décor. Les pièces privées, occupées par les activités quotidiennes de la maisonnée, sont plus dépouillées. Dans le salon et la chambre reconstitués, il est possible d’admirer quelques éléments restaurés du décor original retrouvés lors des travaux (boiseries, placards, fenêtres, etc.). Certains éléments du mobilier original sont également mis en exposition. Le décor victorien reconstitué, qui comprend notamment la vaisselle, les bibelots et les rideaux, correspond à l‘époque où les Cartier aménagent et occupent cette maison.
Arthur Ross (avocat) (propriétaire du 1834-07-17 au 1838-12-03) Ross acquiert le lot voisin en 1836.
Commentaire sur la construction
La construction a lieu entre l’acquisition du lot vacant en juillet 1834 et la vente de la maison en 3 décembre 1838. Le bâtiment est très similaire à une maison contiguë construite par Francis Perry en 1835-1836 suivant des plans signés par l’arpenteur John Cliff.
Fonction(s) d'origine et type particulier
Fonction(s) spécifique(s) :
résidence unifamiliale
Fonction(s) générale(s) :
habitation
Autres travaux – Modifications
Travaux 1 :
Date des travaux : 1893-1894 Modification à la volumétrie verticale du bâtiment. Ajout d'un ou de plusieurs étages au bâtiment.
Toiture à deux versants remplacée par un étage-carré entouré d’un brisis décoratif et coiffé d’un toit plat. L’entrée cochère est condamnée et, selon toute vraisemblance, deux arcs d’origine éliminés.
Concepteur :
Vincent Lacombe (architecte)
Travaux 2 :
Date des travaux : 1983-1985 Restauration ou recyclage du bâtiment.
Après que l’état canadien ait acquis le bâtiment en 1973, il est restauré par Parcs Canada entre 1983 et 1985.
Autres propriétaires ou locataires (sélectif)
Propriétaires :
John Bleakley (avocat) (propriétaire du 1838-12-03 au 1862-06-13)
A.G.A. Ricard (médecin) (locataire de 1872 à 1893) En 1886, le docteur Ricard s'associe avec le docteur Grignon. L'année suivante, il prend cette fois pour partenaire le docteur Casgrain. En 1889, il entre en société avec son fils.
Protections patrimoniales du bâtiment
Le bâtiment est protégé en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel, en vigueur depuis le 19 octobre 2012, par le statut suivant :
Situé dans le site patrimonial de Montréal (Vieux-Montréal) (déclaré). Anciennement un arrondissement historique (1964-01-08) (juridiction provinciale)
Le bâtiment est identifié aux documents d'évaluation du patrimoine urbain dans la catégorie suivante :
Situé dans un secteur de valeur patrimoniale exceptionnelle Vieux-Montréal (juridiction municipale)