Dessin de James Duncan gravé par P. Christie, 1839. Newton Bosworth, Hochelaga Depicta : Or the Story and present state of the island and City of Montreal, Montréal, William Greig, 1839.
1684-1687/ vers 1710 (entre 1704 et 1713)/ 1848-1850/ 1907-1908/ 2005-2011
Plans de localisation
:
Caractères physiques :
Nombre d'étages : 3½ l'étage de comble est compté comme une moitié d'étage
Matériau dominant : pierre
Type de toit principal : à deux versants
Pour plus d'information sur les caractères physiques du bâtiment, veuillez consulter le relevé des
caractères physiques.
Pierre
:
Moellons de pierres des champs et de calcaire , bruts ou équarris; pierres de divers types tirées du sol meuble, et pierre calcaire tirée de carrières; les sulpiciens peuvent déjà à cette époque exploiter le calcaire de leur domaine de la Montagne, au pied du mont Royal.
Encadrement des ouvertures : pierre grise de Montréal [calcaire], provenant probablement du pourtour du mont Royal ou d'un plateau adjacent (restaurations contemporaines en pierre de Saint-Marc-des-Carrières, Québec) .
En l'absence d'une mention de confirmation, l’identification « pierre grise de Montréal [calcaire] » est présumée d’après l’apparence et l’époque d’utilisation.
Ce bâtiment fait partie de l'ensemble suivant :
Séminaire de Saint-Sulpice Histoire de l'ensemble Le séminaire est scindé en deux bâtiments pour les besoins de cet inventaire. La plus vieille partie a été construite aux XVIIe et XVIIIe siècles, la plus récente au milieu du XIXe. Cette dernière était la première section d’un projet qui devait remplacer entièrement l’ancien immeuble. Il n’a pas été complété.
Les bâtiments de cet ensemble et leurs dépendances sont situés dans le territoire du site patrimonial du Vieux-Séminaire-de-Saint-Sulpice (classé).
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Histoire du bâtiment
La Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice construit cet édifice de 1684 à 1687 et l’agrandit au début du XVIIIe siècle. Il s’agit de son deuxième séminaire à Montréal. Le premier, construit en 1657, présentait une façade principale vers le fleuve et donnait sur la rue Saint-Paul. Après la construction de l'ancienne église paroissiale, rue Notre-Dame, inaugurée en 1683, les sulpiciens décident de s'éloigner de la place du marché et choisissent de s'établir sur un terrain vacant voisin de l'église qu'ils desservent. Attribué au supérieur du séminaire de Montréal, François Dollier de Casson, l’édifice doit loger principalement les prêtres de Saint-Sulpice. En plus de leur rôle d’éducateurs et de missionnaires, les sulpiciens sont chargés de la cure de la paroisse Notre-Dame et, à compter de 1663 jusqu’au XIXe siècle, ils détiennent la seigneurie de l’île de Montréal. La résidence des sulpiciens est donc à la fois un presbytère, un manoir seigneurial et un séminaire où une quinzaine de prêtres reçoivent une bonne partie de leur formation sacerdotale au cours du Régime français.
À l'origine, l’édifice ne comprend qu’un long corps de bâtiment parallèle à la rue. Il possède alors deux étages en pierre, incluant le rez-de-chaussée (plutôt que trois comme c’est le cas actuellement) et il est coiffé d’un toit brisé à la Mansart – on ne sait quand ce sera modifié au profit de la configuration actuelle. Deux ailes, peut-être projetées depuis le début, sont ajoutées vers 1710 – entre l'élaboration du plan de Jacques Levasseur de Néré en 1704 et celui de Gédéon de Catalogne en 1713. D’autres modifications sont ensuite apportées, dont la construction du portail en 1740. Le mur de pierre qui sépare la cour de la rue est peut-être construit à la fin du XVIIIe siècle – un plan de la ville élaboré par Louis Guy en 1795 en montre clairement la présence.
La Conquête de la Nouvelle-France est lourde de conséquences pour les sulpiciens de Montréal, dont l’avenir est menacé. La Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice dont la maison-mère est à Paris possède les biens canadiens. Elle les cède aux prêtres du séminaire de Montréal en février 1764, mais ce transfert reste officieux et suscite d'épineuses questions concernant le statut légal du séminaire. Les choses ne sont clarifiées qu’en 1840 alors que le gouvernement colonial britannique reconnaît les Ecclésiastiques du Séminaire de Saint-Sulpice de Montréal en tant qu’organisme légalement constitué – on changera plus tard ce nom pour « Les Prêtres de Saint-Sulpice de Montréal ».
En 1840 également, les sulpiciens, en accord avec l’évêque, fondent le Grand Séminaire de Montréal pour la formation complète des prêtres. Leur rôle de formateurs des ecclésiastiques est ainsi consolidé tandis que celui de seigneurs est sur le point de disparaître. À compter de 1848, les sulpiciens s'engagent dans un vaste projet de reconstruction de leur immeuble de la rue Notre-Dame afin de réunir leur résidence et le nouveau grand séminaire. Seule la partie gauche du projet est toutefois réalisée, ce qui entraîne la démolition de l’une des deux ailes du XVIIIe siècle. (Voir la fiche sur le « presbytère » pour plus de détail sur la partie reconstruite)
La façade principale change peu par la suite, à l’exception notamment d’un crépi imitant la pierre de taille, qui recouvre la façade pendant un certain temps pour disparaître ensuite. À l’arrière, une longue aile en brique de deux étages (incluant le rez-de-chaussée) est construite en 1907-1908. Divers travaux de rénovation ont lieu au XXe siècle, à l’intérieur comme à l’extérieur du séminaire. En 1985, l’édifice et l’ensemble de la propriété sont classés en tant que monument et site historique en vertu de la Loi sur les biens culturels du Québec. Après diverses études, la plus importante campagne de restauration de l’histoire de l’édifice est lancée en 2005 et se poursuit en 2011. Entre-temps, la fonction première de l’édifice, celle de résidence des sulpiciens, demeure encore la même, les prêtres qui y habitent au début du XXIe siècle étant cependant retraités pour la plupart.
Voir aussi les informations sur le ou les ensembles dont ce bâtiment fait partie.
Le Vieux séminaire de Saint-Sulpice occupe un site de choix au centre de l’ancienne ville, voisin de l’église Notre-dame et de la place d’Armes. Le corps central du bâtiment se situe entre une cour – donnant sur rue – et un grand jardin. À l’avant, à droite, une aile se termine en bordure de la rue, ce qui était aussi le cas d’une aile gauche symétrique (démolie). L’édifice comprend trois étages, rez-de-chaussée inclus; un étage de soubassement est également visible à l’arrière, sous lequel se trouve par surcroît un sous-sol voûté et, sous ce dernier, une petite cave, voûtée également. La toiture, à deux versants sur chacun des corps de bâtiments, forme un ensemble complexe qui correspond aux volumes. Construit en moellons – pierres des champs et calcaire de carrière –, et en pierre grise taillée autour des ouvertures, l’édifice présente des similitudes avec les maisons urbaines façon Nouvelle-France tout en se distinguant par ses grandes dimensions et par une composition plus complexe répondant à des considérations tant esthétiques que pratiques.
La façade, pour être comprise dans son essence, doit être imaginée avec son aile gauche manquante, les deux ailes, en retour d’équerre, se faisant face de part et d’autre de la cour. De chaque côté, un volume intermédiaire relie l’aile et la partie visible du corps de bâtiment principal. À gauche, ce volume se prolonge désormais en un mur courbe au sommet. Au centre, un portail en pierre taillée et une grande horloge coiffée par un clocheton créent un axe de symétrie. Le fenêtrage est réparti de façon identique de part et d’autre de cet axe tandis que les ouvertures de l’étage supérieur sont de plus faible hauteur qu’aux premiers niveaux. Cette composition très ordonnée est d’esprit purement classique – nonobstant l’aile disparue – ce à quoi s’ajoute le vocabulaire architectural du portail ionique. Les éléments architecturaux plus simples mis en évidence depuis la disparition du crépi, tels les murs en moellons et les jambages taillés d’un seul côté, relèvent plutôt d’une économie de moyens qui donne une touche Nouvelle-France au classicisme bien français de cette façade sur cour. Anciennement toutefois, le crépi blanchi à la chaux masquait la rusticité des pierres.
Cet édifice avec sa cour d’apparat ressemble a priori à un grand hôtel particulier français de son époque. Dans le contexte colonial, ses dimensions imposantes et ses nombreuses fenêtres, à l’arrière comme à l’avant, annoncent son caractère institutionnel, confirmé par l’horloge et le clocheton. L’entrée centrale marquée par le portail classique est sans doute réservée depuis toujours aux événements spéciaux et aux visiteurs de marque tandis que les entrées pratiquées dans les ailes latérales servent aux allées et venues quotidiennes. A l’arrière, plusieurs portes donnent accès au jardin, les plus modestes étant sans doute utilisées à l’origine par les domestiques ayant affaire à l’étage de soubassement où se trouvaient cuisines et réfectoire.
Éléments décoratifs extérieurs significatifs
Le monogramme AM – pour Auspice Maria, sous les auspices de Marie – occupe le centre du fronton armorié au-dessus de la grille d’entrée. Les gravures du début du XIXe siècle en montrent déjà la présence. Le monogramme est bien celui des sulpiciens, mais on ne connaît ni l’origine ni la signification de l’ensemble, les lions étant particulièrement intrigants. Plus loin, sur l’édifice, un cartouche au-dessus de la porte d’entrée révèle probablement la date de réalisation du portail en pierre taillée, soit 1740. Enfin, l’horloge, le clocheton et la croix soulignent le rôle d’encadrement social des prêtres qui habitent les lieux.
La Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice Informations disponibles pour l'année 1681 La Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice, dont la maison-mère est à Paris, possède l’immeuble jusqu’en 1764.
Commentaire sur la construction
Au moment de la construction et tout au long du Régime français, la Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice, dont la maison-mère est à Paris, possède l’immeuble construit et géré par les sulpiciens de Montréal.
Fonction(s) d'origine et type particulier
Fonction(s) spécifique(s) :
administration paroissiale
administration seigneuriale
résidence d'ecclésiastiques
séminaire
Fonction(s) générale(s) :
religion
édifice public ou institution
habitation
Autres travaux – Modifications
Travaux 1 :
Date des travaux : vers 1710 (entre 1704 et 1713) Modification à la volumétrie horizontale du bâtiment.
Ajout de deux ailes en façade. Les travaux sont attribués au supérieur François Vachon de Belmont.
Date des travaux : 1848-1850 Modification à la volumétrie horizontale du bâtiment. Modification à la volumétrie verticale du bâtiment. Démolition partielle du bâtiment.
Démolition de l'aile gauche, en vue de la construction d'un nouveau séminaire, réalisé en partie. Modification du mur faisant le lien entre la partie ancienne conservée et le nouveau bâtiment.
Travaux 3 :
Date des travaux : 1907-1908 Modification à la volumétrie horizontale du bâtiment.
Adjonction à l’arrière, en brique.
Travaux 4 :
Date des travaux : 2005-2011 Restauration ou recyclage du bâtiment.
Restauration majeure. Toiture, maçonnerie et fenêtres.
Autres propriétaires ou locataires (sélectif)
Propriétaires :
Les prêtres du séminaire de Saint-Sulpice de Montréal (propriétaire du 1764-04-29 à 1840) Le transfert de propriété aux sulpiciens de Montréal, réalisé pour répondre aux contraintes créées par le Régime britannique, demeure toutefois officieux au Canada et reste sujet à contestation jusqu’en 1840. En somme, de 1764 à 1840, les titres de propriété ne sont pas clairs.
Ecclésiastiques du Séminaire de Saint-Sulpice de Montréal (propriétaire de 1840 au 2006-05-09) L’existence légale accordée en 1840 à la corporation de « Les Ecclésiastiques du Séminaire de Saint-Sulpice de Montréal » rend officiel le statut de propriétaire des sulpiciens de Montréal. À la fin du XXe siècle, cette personne morale est connue sous le nom de « Les Prêtres de Saint-Sulpice de Montréal », avant même que ce soit confirmé par de nouvelles letres patentes.
Les Prêtres de Saint-Sulpice de Montréal (propriétaire à partir du 2006-05-09) Cette appellation est officialisée par des lettres patentes émises le 9 mai 2006. À toutes fins utiles, au-delà des changements de statuts, les sulpiciens sont propriétaires depuis toujours et ceux de Montréal depuis 1764 (avec confirmation en 1840).
Protections patrimoniales du bâtiment
Le bâtiment est protégé en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel, en vigueur depuis le 19 octobre 2012, par les statuts suivants :
Immeuble patrimonial classé sous le nom de Vieux Séminaire de Saint-Sulpice Anciennement un monument historique classé (1985-06-04) (juridiction provinciale)
Situé dans le site patrimonial du Vieux-Séminaire-de-Saint-Sulpice (classé). Anciennement un site historique classé (1985-06-04) (juridiction provinciale)
Situé dans le site patrimonial de Montréal (Vieux-Montréal) (déclaré). Anciennement un arrondissement historique (1964-01-08) (juridiction provinciale)
Le bâtiment est identifié aux documents d'évaluation du patrimoine urbain dans la catégorie suivante :
Situé dans un secteur de valeur patrimoniale exceptionnelle Vieux-Montréal (juridiction municipale)