En l'absence d'une mention de confirmation, l’identification « pierre grise de Montréal [calcaire] » est présumée d’après l’apparence et l’époque d’utilisation.
Histoire du bâtiment
Jean-Baptiste Castonguay fait construire ce bâtiment en 1828. Castonguay est propriétaire de l’emplacement, avec un bâtiment en bois, par la donation que lui en a fait sa mère en 1827. Une annonce publiée dans La Minerve en janvier 1829, permet à la fois d’apprendre la construction récente de l’immeuble à louer et de connaître ses fonctions d’origine, commerciale et résidentielle : « deux magasins spacieux avantageusement situés sur le nouveau marché, dans cette nouvelle maison de pierre à deux étages [apparemment un décompte d'étages à l'européenne n'incluant pas le rez-de-chaussée], voisine de Mr. Séraphino Giraldi. Les caves sont séparées et disposées d’une manière convenable pour le commerce de groceries. Le haut de la maison fournit des logemens [sic] propres et convenables pour deux familles ». L’aubergiste Michel Jacques s’y établit en mai 1829. Il y a tout lieu de penser que le rez-de-chaussée n'est pas encore doté de larges vitrines à cette époque.
En 1850-1851, Ferdinand Perrin, marchand de tissus, d’articles de mercerie et d’autres produits (dry goods), acquiert la propriété des héritiers Castonguay en plusieurs transactions. En 1853, dans un bail consenti à un marchand de cuir et de chaussures, il s’engage à effectuer d’importantes modifications. En plus de rénovations intérieures, Perrin engage le maçon Lambert Bleau et le menuisier Eugène Lamoureux pour remodeler la façade du rez-de-chaussée pour les besoins de deux magasins, de grandes vitrines remplaçant sans doute des fenêtres d'origine plus étroites. Une adjonction servant de cuisine et de lieu d’entreposage est aussi ajoutée à l’arrière. Des artisans dont un sellier et un ferblantier ainsi que des marchands, notamment des marchands de chaussures et de fruits et de légumes dont Osias Séguin, occupent successivement le bâtiment, et ce, pendant près d'un siècle. La double vocation résidentielle et commerciale se perpétue ainsi jusqu’au milieu du XXe siècle, la partie supérieure devenant une « maison de chambres ».
Dès 1940, en plus de chambres louées, l’immeuble est l’hôte d’un restaurant. Le nom du restaurant Le Fripon apparaît vers 1965, mais un changement de propriétaires survient en 1972. Un incendie endommage le bâtiment en 1975 forçant des rénovations. À cette époque, on agrandit le bâtiment à l'arrière de façon à occuper toute l'ancienne cour. Les chambres louées sont remplacées par des bureaux, eux-mêmes remplacés ensuite par le restaurant en croissance. Les entrées et la devanture du rez-de-chaussée sont modifiées au cours des dernières décennies du XXe siècle. En 2015, le restaurant Le Fripon et ses salles attenantes occupent toujours la majeure partie du bâtiment, mais on y trouve encore un logement.
Le bâtiment en 1998. Photographie Denis Tremblay, 1998
Architecture
Le bâtiment présente les caractéristiques d'une maison-magasin typique du milieu du XIXe siècle. Cette apparence tient d'abord, chronologiquement parlant, aux étages supérieurs en pierre taillée, aux murs-coupe-feu et au toit à deux versants percé de lucarnes qui rappellent la construction d'origine, ce à quoi contribuent les fenêtres à petits carreaux mises en place lors de travaux de restauration. La devanture commerciale du rez-de-chaussée, principalement composée de larges fenêtres, doit son apparence aux travaux du milieu du XIXe siècle (1853, et autres dates?) et aux aménagements de la fin du XXe siècle réalisés dans l'esprit des maisons-magasins anciennes. La porte de gauche qui donne accès à des locaux des étages supérieurs rappelle l'emplacement d'une porte cochère qui donnait autrefois accès à une cour maintenant entièrement occupée par le bâtiment agrandi à l'arrière.
Construction initiale
Date de construction :
1828
Propriétaire constructeur
:
Jean-Baptiste Castonguay (bourgeois) (propriétaire du 1827-05-12 au 1849-05-21) Castonguay décède le 21 mai 1849. Ses héritiers vendent leur part respective de l’emplacement à Ferdinand Perrin au cours des années 1850 et 1851.
Locataire ou autre usager d'origine :
Michel Jacques Jacques (aubergiste) (locataire du 1829-05-01 au 1831-04-30) Le bail de cinq ans passé entre Castonguay et Jacques est résilié en 1831.
Commentaire sur la construction
Un ajout du 18 mars 1828 à l’acte de donation de l’emplacement par Marie-Josephte Germain dit Gauthier à son fils Jean-Baptiste Castonguay traite de la création d’un passage mitoyen lors de la construction d’un futur bâtiment sur cette propriété ou celle au sud appartenant au frère de Jean-Baptiste. Cette nouvelle clause laisse sous-entendre qu’aucun des deux frères n’a encore construit sur son lot (notaire L. Huguet Latour, 12 mai 1827). Par ailleurs, une annonce publiée dans La Minerve du 26 janvier 1829 décrit le nouveau bâtiment à louer.
Fonction(s) d'origine et type particulier
Fonction(s) générale(s) :
habitation
commerce
Type particulier de bâtiment :
maison-magasin
Autres travaux – Modifications
Travaux 1 :
Date des travaux : 1853 Modification à la volumétrie horizontale du bâtiment. Transformation majeure de la façade.
En plus de plusieurs rénovations intérieures, la façade du rez-de-chaussée est refaite de manière à ce qu’une porte donne accès à chacun des deux magasins et qu’une autre porte permette de communiquer directement de la rue aux logements des étages. Une adjonction, servant de cuisine et de lieu d’entreposage, est aussi ajoutée à l’arrière (marché de maçonnerie et de menuiserie; notaire J. Belle, 7 février 1853).
Autres propriétaires ou locataires (sélectif)
Propriétaires :
Ferdinand Perrin (marchand de dry goods) (propriétaire du 1851-07-16 au 1878-10-22) Informations biographiques disponibles pour l'année 1873 Le 16 juillet 1851, correspond à la date où Perrin termine l’acquisition des parts de chacun des héritiers Castonguay. Perrin habite les étages supérieurs du bâtiment de 1867 jusqu’à son décès le 22 octobre 1878. Sa succession demeure en possession du lot jusqu’au 3 novembre 1952.
Locataires :
Osias Séguin (marchand de fruits et de légumes) (locataire de 1900 à 1925) Il loue le magasin du côté sud-est et les étages supérieurs où il réside.
Protections patrimoniales du bâtiment
Le bâtiment est protégé en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel, en vigueur depuis le 19 octobre 2012, par le statut suivant :
Situé dans le site patrimonial de Montréal (Vieux-Montréal) (déclaré). Anciennement un arrondissement historique (1964-01-08) (juridiction provinciale)
Le bâtiment est identifié aux documents d'évaluation du patrimoine urbain dans la catégorie suivante :
Situé dans un secteur de valeur patrimoniale exceptionnelle Vieux-Montréal (juridiction municipale)
Numéros de référence
Bâtiment
:
0040-66-0237-00
Propriété
:
0040-66-0237 Fiche 1 de 1 sur cette propriété
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