Pour plus d'information sur les caractères physiques du bâtiment, veuillez consulter le relevé des
caractères physiques.
Pierre
:
Grès chamois non identifié, probablement de Wallace (Nouvelle-Écosse), Peter Lyall, l'entrepreneur qui construit l'immeuble, ayant acheté une carrière de Wallace en 1912.
Soubassement et niveau de l'étage de soubassement, rue Saint-Louis : granit gris non identifié, probablement des Cantons-de-l'Est (Québec).
Cliquez sur le nom de l'ensemble pour obtenir la liste des bâtiments de cet ensemble.
Histoire du bâtiment
Cet édifice est construit par la Ville de Montréal en 1912-1913. Au début des années 1910, on prévoit construire un nouvel édifice municipal et même un nouvel hôtel de ville. Des architectes y voient l’occasion de proposer un centre administratif conçu dans l’esprit du mouvement américain City Beautiful, ce qui transformerait l’ensemble des voies publiques et des bâtiments du secteur en lui donnant ordre et cohérence. La construction de cet édifice s’inscrit dans cette vision, dont il sera toutefois pour longtemps la seule concrétisation. Les autorités municipales confient à la firme d’architectes Marchand et Haskell la conception de l’édifice devant accueillir les quartiers de la police et la cour du recorder, aujourd'hui la cour municipale, ainsi qu’une partie des services municipaux logés à l’hôtel de ville. Une ancienne église congrégationaliste, transformée en théâtre puis en manufacture, et des maisons construites vers le milieu du XIXe siècle sur les rues du Champ-de-Mars et Saint-Louis sont entre autres démolies pour réaliser le projet. L’édifice est inauguré en janvier 1914.
De 1922 à 1926, le bâtiment héberge l’hôtel de ville après qu’un grave incendie ait détruit l’intérieur de l’édifice du XIXe siècle (voir fiche de l’hôtel de ville). Dès la fin des années 1930, les locaux de l’annexe de l’hôtel de ville ne suffisent plus. Un projet d’agrandissement voit le jour, mais il est abandonné durant la guerre (1941). L’idée ne se concrétise qu’entre 1957 et 1960 alors qu’on construit un nouveau bâtiment sur l’autre partie de l’îlot. Toutes les activités de l’annexe y sont transférées à la fin de l’année 1960 afin de permettre la rénovation intérieure complète du bâtiment ancien. On démolit tout à l’exception de la structure d’acier et de l’enveloppe du bâtiment. Les travaux se déroulent de 1961 à 1963. La cour municipale (on dit encore « cour du recorder » en 1963) est ensuite répartie dans l’ensemble.
Voir aussi les informations sur le ou les ensembles dont ce bâtiment fait partie.
Détail de la façade. Photographie Gilles Lauzon, 2008.
Triple arcade, rue Gosford. Photographie Denise Caron.
L'ancienne église Gosford Street Congregational construite en 1843-1844, photographiée vers 1890. Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Collection Massicotte. 2-149-a.
Architecture
L’édifice est construit sur un site en pente face au Champ-de-Mars dans le secteur traditionnel de l’administration municipale et judiciaire. « Voilà un édifice digne de servir de modèle » déclare un commissaire lors de l’adoption des plans, soulignant sans doute ainsi la réussite du projet en regard de l’esprit City Beautiful dans lequel il s’inscrit. Il se démarque par son puissant volume rectangulaire de sept étages, incluant le rez-de-chaussée mais sans compter l’étage de soubassement, et son parement en grès chamois . Le Champ-de-Mars reste néanmoins dominé par les façades secondaires des édifices en pierre grise qui le bordent.
Une colonnade posée sur un socle, dans lequel une triple arcade est aménagée, domine la façade principale. Le socle réunit deux niveaux d’élévation, tandis que la colonnade, bien séparée du socle par une forte division horizontale, relie trois niveaux et divise cinq travées de fenêtres. Les façades latérales rappellent cette composition, des pilastres colossaux faisant office de colonnes. Dans l’ensemble, les divisions horizontales et verticales s’équilibrent, tandis qu’une évidente monumentalité ressort de l’ensemble. À tous égards, il s’agit d’un édifice de facture classique inspiré de l’Antiquité, l’ordre dorique romain étant reconnaissable aux détails des bases, fûts et chapiteaux des colonnes. La composition rappelle aussi la Renaissance italienne et le néoclassicisme en vogue cent ans plus tôt. Les architectes mettent ainsi à profit des règles apprises à l’École des beaux-arts de Paris mais ce discours architectural d’une grande retenue dans les ornements témoigne finalement d’un renouveau classique spécifiquement nord-américain. Un « vrai monument » conclut simplement La Presse en mai 1912.
Une telle composition paraît alors toujours appropriée pour la Justice. La colonnade sans fronton évoque même une basilique civile romaine où l’on traitait notamment les affaires judiciaires. Les tables de la loi symboliques qui couronnent la façade confirment le message. Au rez-de-chaussée des façades latérales, des portes secondaires et deux portes pour les voitures témoignent plus prosaïquement de l’ancienne présence policière dans la partie arrière du bâtiment. Enfin, les fenêtres indiquent la présence des nombreux bureaux logés dès l’origine dans l’annexe de l’hôtel de ville.
Intérieur accessible au public
Les intérieurs originaux auxquels l’entrée donnait accès étaient organisés autour d’un axe central conforme aux préceptes des beaux-arts. Cet axe intérieur offrait un parcours qui partait de la triple arcade, passait par le vestibule et menait à un grand hall. Ce parcours monumental est complètement disparu lors des travaux de 1961-1963. Les travertins modernes font seulement écho aux anciens marbres.
Construction initiale
Date de construction :
1912-1913
Concepteur de la construction :
Marchand et Haskell (firme d'architectes) Informations concernant la carrière du concepteur
Propriétaire constructeur
:
Ville de Montréal (propriétaire à partir de v. 1911) Propriétaire-occupant.
Fonction(s) d'origine et type particulier
Fonction(s) spécifique(s) :
poste de police quartiers de la police
cour de justice Cour du Recorder
affaires légales
Fonction(s) générale(s) :
édifice public ou institution
Autres travaux – Modifications
Travaux 1 :
Date des travaux : 1957-1960 Modification à la volumétrie horizontale du bâtiment.
Construction du quartier général de la police, un bâtiment contigu et relié à celui-ci.
Travaux 2 :
Date des travaux : 1961-1963 Restauration ou recyclage du bâtiment.
L'intérieur de l'annexe est démoli et totalement refait.
Travaux 3 :
Date des travaux : 1996-2000 Restauration ou recyclage du bâtiment.
Restauration extérieure. Les dessins d’origine servent notamment au remplacement des portes d’entrée qui retrouvent leur facture d'origine.
Concepteur :
Saïa Barbarese, architectes
Protections patrimoniales du bâtiment
Le bâtiment est protégé en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel, en vigueur depuis le 19 octobre 2012, par le statut suivant :
Situé dans le site patrimonial de Montréal (Vieux-Montréal) (déclaré). Anciennement un arrondissement historique (1995-04-26) (juridiction provinciale)
Le bâtiment est identifié aux documents d'évaluation du patrimoine urbain dans la catégorie suivante :
Situé dans un secteur de valeur patrimoniale exceptionnelle Vieux-Montréal (juridiction municipale)