En l'absence d'une mention de confirmation, l’identification « pierre grise de Montréal [calcaire] » est présumée d’après l’apparence et l’époque d’utilisation.
Histoire du bâtiment
L’édifice du Merchants’ Exchange est construit en 1866-1867 selon les plans de George et John James Browne. Il est commandé par le Merchants’ Exchange and Reading Room of Montreal, une association d’importants hommes d’affaires qui participa aussi à la création de la Bourse de Montréal en 1874 (Montreal Stock Exchange). À l’origine, l’édifice compte trois étages et un comble percé de lucarnes. L’édifice remplace le premier bâtiment du Merchants’ Exchange construit dans les années 1850 et détruit par un incendie en décembre 1865.
Le Merchants’ Exchange s’installe au deuxième étage du nouvel édifice où une vaste salle de 2 000 pieds carrés, d’une hauteur de 17 pieds, sert à la fois de salle de transactions pour une bourse de commerce où l’on échange généralement divers stocks de marchandises et de salle de lecture où l’on peut notamment consulter les journaux d’affaires. Les autres étages logent des bureaux d’assureurs, des marchands et, surtout, des courtiers.
Le Merchants’ Exchange and Reading Room of Montreal vend l’édifice en 1883 à un groupe de grands financiers mené par le président du Montreal Stock Exchange (Bourse de Montréal), Dugald Lorn MacDougall. Ce dernier aura ses propres bureaux dans l’immeuble de même que plusieurs autres locataires. La Bourse de Montréal occupe quant à elle le deuxième étage, et ce jusqu’en 1904, année où elle déménage dans son propre édifice de la rue Saint-François-Xavier. En 1891, la succession John Ogilvie se porte acquéreur de l’édifice. La succession modifie le bâtiment en 1903 : l’étage de comble est remplacé par un étage à toit plat. En 1919, la Marconi Wireless Telegraph Company of Canada Limited achète l’édifice. Cette compagnie, spécialisée dans la télégraphie sans fil (ondes radio), l’occupe en partie jusqu’en 1947. Le journal Le Devoir en devient le propriétaire en 1972 et y concentre ses activités jusqu’en 1992.
L’édifice subit une rénovation complète en 1998-1999 : l’intérieur est réaménagé, tandis que le fenêtrage d’origine est restauré. Des copropriétés résidentielles y remplacent alors les espaces de bureaux.
Balcon au-dessus de l’entrée principale. Photographie Gilles Lauzon, 2009
Partie de la façade arrière vue du passage qui y conduit. Photographie Gilles Lauzon, 2009
Architecture
L’édifice de quatre étages (incluant le rez-de-chaussée) – à l’origine trois étages-carrés et un étage de comble –, en pierre calcaire grise de Montréal, est implanté dans le secteur où se développent les bourses montréalaise au XIXe siècle. Il occupe un lot entier mais il profite avec les bâtiments voisins d’une large cour arrière reliée à un passage qui donne accès à la rue de l’Hôpital. Exceptionnellement, l’élévation arrière est d’ailleurs en pierre taillée plutôt qu’en moellon ou en brique.
La façade principale comprend sept travées, celle du centre étant fortement soulignée par un balcon et deux colonnes au-dessus de l’entrée principale. D’esprit classique, cette composition compte quatre niveaux d’élévation distincts. Le rez-de-chaussée, bien assis, supporte les grandes fenêtres cintrées du bel étage marqué par un balcon central. L’étage suivant, d’apparence semblable, diffère par une moins grande hauteur et par des détails moins élaborés. L’étage supérieur revêtu de pierre lisse et couronné par une corniche débordante se démarque plus nettement. Le vocabulaire architectural de cette composition classique provient de la Renaissance italienne et plus particulièrement du XVIe siècle maniériste, ce dont témoignent les bossages vermiculés un-sur-deux et les clés surdimensionnées. S’ajoutait à l’origine un toit brisé à la française. Cette composition d’origine, combinant Renaissance italienne et Second Empire français, correspondait à une mode venue de Londres. À son tour, l’adjonction de 1903 évoque par sa corniche débordante l’archétype du palais italien de la Renaissance, mais avec une simplicité nouvelle par rapport à l’exubérance des années 1860.
L’importance du fenêtrage et le discours architectural raffiné conviendraient aux besoins d’un magasin-entrepôt destiné au grand commerce. Mais le motif architectural qui surmonte l’entrée centrale et qui souligne le bel étage annonce une institution ou encore un club sélect, ce qui convient bien à une bourse du commerce. Le balcon semble d’ailleurs avoir desservi la grande salle qui servait aux transactions et à la lecture des nouvelles commerciales. Au-dessus du balcon, la trace du mot « exchange » apparaît d’ailleurs encore. De la porte d’entrée, on peut toujours voir l’escalier d’apparat en fonte et en bois qui donnait accès à cette salle; on ne peut toutefois pas accéder à cet escalier qui mène désormais à des appartements privés.
Merchants' Exchange & Reading Room of Montreal (association d'hommes d'affaires) (propriétaire du 1853-12-28 au 1883-03-15) Le Merchants Exchange & Reading Room of Montreal est une association qui regroupait des hommes d'affaires montréalais importants. Dans les années 1850, le Merchants' Exchange comptait parmi ses membres des hommes tels que Theodore Hart, Louis Renaud et James Blackwood Greenshields. En 1865, son président est Donald Lorn MacDougall.
Commentaire sur la construction
Les travaux débutent durant l'été 1866 et se poursuivent jusqu'en mars 1867 (marché de construction : min. not. Théodore-Benjamin Doucet, 2 juillet 1866 ; Montreal Herald : Illustrated Edition , mars 1867).
Fonction(s) d'origine et type particulier
Fonction(s) spécifique(s) :
bourse Bourse du commerce (à l'origine)
Fonction(s) générale(s) :
bureaux
finance
Autres travaux – Modifications
Travaux 1 :
Date des travaux : 1903 Modification à la volumétrie verticale du bâtiment. Ajout d'un ou de plusieurs étages au bâtiment. Disparition d'une toiture en pente ou mansardée.
L'étage de comble est remplacé par un étage à toit plat.
Concepteur :
Hutchison and Wood (agence d'architectes) Informations concernant la carrière du concepteur
Travaux 2 :
Date des travaux : 1998-1999 Restauration ou recyclage du bâtiment.
Restauration et transformation de l'immeuble en copropriétés résidentielles. L'intérieur est rénové et réaménagé. Une subvention à été versée pour une partie de ces travaux.
Autres propriétaires ou locataires (sélectif)
Propriétaires :
Dugald Lorn MacDougall et al. (groupe de courtiers) (propriétaire du 1883-03-15 au 1891-01-02) Informations biographiques disponibles pour l'année 1873 Il s'agit d'un groupe de courtiers qui comprend Dugald Lorn MacDougall, son frère Hartland St. Clair MacDougall, Henry Gordon Strathy et Louis-Joseph Forget.
Succession John Ogilvie (propriétaire du 1891-01-02 au 1919-11-29)
Marconi Wireless Telegraph Company of Canada Limited (entreprise de communication) (propriétaire du 1919-11-29 au 1950-06-07) Propriétaire-occupant. Compagnie fondée en 1897 par le physicien italien Guglielmo Marconi (incorporée au Canada en 1903). Marconi fut le premier, en 1896, à effectuer des transmissions télégraphiques sans fil en utilisant les ondes radio découvertes quelques années plus tôt par Heinrich Hertz. En 1901, la compagnie réussit la première transmission transatlantique entre l'Angleterre et Terre-Neuve. En 1998, la compagnie avait pour nom la Marconi Electronic Systems Limited.
Le bâtiment est protégé en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel, en vigueur depuis le 19 octobre 2012, par le statut suivant :
Situé dans le site patrimonial de Montréal (Vieux-Montréal) (déclaré). Anciennement un arrondissement historique (1964-01-08) (juridiction provinciale)
Le bâtiment est identifié aux documents d'évaluation du patrimoine urbain dans la catégorie suivante :
Situé dans un secteur de valeur patrimoniale exceptionnelle Vieux-Montréal (juridiction municipale)
Numéros de référence
Bâtiment
:
0040-31-5419-00
Propriété
:
0040-31-5419 Fiche 1 de 1 sur cette propriété
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