Partie de la façade de la rue Notre-Dame, traitée à droite comme un magasin-entrepôt. Les pilastres en saillie (au centre de la photographie) annoncent une division intérieure. Remarquer les colonnettes de fonte, en bas à droite. Photographie Gilles Lauzon, 2009
Les termes
précédés d'un
sont définis au glossaire.
En l'absence d'une mention de confirmation, l’identification « pierre grise de Montréal [calcaire] » est présumée d’après l’apparence et l’époque d’utilisation.
Histoire du bâtiment
L’Exchange Bank of Canada fait construire cet immeuble en 1874 selon les plans de l’architecte John William Hopkins. La banque a acquis la propriété l’année précédente par l’intermédiaire d'un membre du conseil d'administration, A. W. Ogilvie, et elle a fait démolir les maisons anciennes à usage commercial qui s’y trouvaient. Au début de l’été 1875, la salle des guichets et les bureaux de l’Exchange Bank occupent le local principal du rez-de-chaussée du nouvel immeuble, environ le tiers du bâtiment, le reste étant loué à diverses entreprises ainsi qu’à des avocats, comptables, courtiers, dont le réputé Louis-Joseph Forget. L’immeuble compte ensuite quelque 20 à 25 occupants distincts.
En faillite en 1884, l’Exchange Bank cède l’immeuble à la British Empire Mutual Life Assurance Co. of London. Cette dernière reprend les locaux de la banque, mais elle semble aussitôt en changer la configuration et crée une nouvelle entrée pour ses locataires, rue Notre-Dame. En 1905, la propriété est transférée à la Pelican and British Empire Life Office – après une fusion réalisée en 1903 – qui confie aussitôt aux architectes Hutchison & Wood le soin de faire d’autres modifications. En 1909, la compagnie cède ses affaires à la Phoenix Assurance Co. Ltd. of London qui possède et occupe en partie un immeuble voisin de la rue Saint-François-Xavier. La Phoenix conserve cette propriété jusqu’en 1947 à des fins essentiellement locatives, toujours avec un large éventail de locataires, notamment plusieurs avocats.
L’ancien local de la banque, longtemps occupé par des courtiers au XXe siècle, est transformé en boutique de mode dans les années 1970. Au tournant des années 1980, signe des temps, les avocats des étages supérieurs cèdent la place aux producteurs audiovisuels. L’immeuble fait l’objet au début des années 1990 d’importants travaux, pour lesquels une subvention est versée, et, fait rare pour un bâtiment des années 1870, il conserve sa fonction première d’immeuble de bureaux.
Ancienne entrée de la rue Saint-François-Xavier. Photographie Gilles Lauzon, 2009
L’édifice en pierre grise de Montréal de quatre étages (incluant le rez-de-chaussée), à toit plat, est construit à une intersection importante de la rue Notre-Dame qui, dans les années 1870, fait partie intégrante du centre d’affaires en émergence. La partie droite de l’immeuble est plus profonde et dispose de fenêtres à l’arrière où il y a également une étroite cour accessible par une entrée cochère percée dans l’immeuble voisin.
Un pan oblique étroit domine la composition qui comprend quatre niveaux d’élévation traités différemment et séparés par de puissants éléments horizontaux, leur hauteur diminuant par surcroît d’un étage à l’autre. Dans cette composition d’esprit classique, le traitement des deux premiers niveaux est directement inspiré de la Renaissance italienne, voire vénitienne. On distingue entre autres des ordres superposés aux deux premiers niveaux d’élévation ainsi qu’un jeu de saillies et des retraits générés par les colonnes et les entablements qui encadrent les ouvertures. Le niveau suivant rappelle quant à lui une première Renaissance qui intégrait au langage classique les fenêtres jumelées médiévales . Enfin, les baies jumelées de l’étage supérieur, séparées par des pilastres trapus et couvertes d’arcs segmentaires, témoignent d’un esprit gothique. Malgré une dominante Renaissance, l’édifice témoigne d’un éclectisme venu de Londres où, plus qu’en Amérique, le vocabulaire gothique gagne alors en importance même dans l’architecture commerciale.
Un décor architectural d’une telle richesse sied bien en 1873 au siège social d’une institution financière, un message que renforce l’entrée monumentale dans le pan oblique. Les autres entrées, celles des extrémités comme celle ajoutée au centre de la façade de la rue Notre-Dame, ainsi que le généreux fenêtrage suggèrent par ailleurs la présence des nombreux bureaux aux étages. Les deux travées à l’extrémité de la plus longue façade présentent une composition de magasin-entrepôt laissant supposer que l’on a envisagé un usage commercial locatif pour cette section. Mais dès l’ouverture on y trouve des bureaux concourant à la vocation d’immeubles de bureaux.
Intérieur accessible au public
Les espaces commerciaux du rez-de-chaussée comprennent encore en 2008 des boiseries victoriennes très élaborées autour des ouvertures. Elles semblent d’origine et elles auraient été conservées lors des travaux ultérieurs. Les corniches en plâtre moulé, tout aussi élaborées, ont quant à elles probablement été ajoutées en 1905 (photographie). La majeure partie des intérieurs a par ailleurs été modernisée plus tard. Les châssis des grandes fenêtres du rez-de-chaussée surélevé, délicats et très élaborés, sont également d’origine, et contribuent aux décors tant intérieurs qu’extérieurs. Il faut souligner que de tels décors victoriens en bois sont maintenant très rares dans le Vieux-Montréal.
Fenêtres du rez-de-chaussée surélevé, avec leurs châssis d’origine. Photographie Gilles Lauzon, 2009
Encadrements en bois, probablement d’origine, autour des ouvertures du rez-de-chaussée surélevé. Photographie Gilles Lauzon, 2009
La date était autrefois inscrite sur la corniche d'angle. La datation est confirmée par les rôles d'évaluation de la Ville de Montréal.
La banque occupe une partie de son immeuble tant qu’elle en est propriétaire.
Fonction(s) d'origine et type particulier
Fonction(s) spécifique(s) :
banque
Fonction(s) générale(s) :
finance
bureaux
Autres propriétaires ou locataires (sélectif)
Propriétaires :
British Empire Mutual Life Assurance Co. (propriétaire du 1884-08-30 au 1905-03-14) Propriétaire-occupant ; il semble faire des modifications au bâtiment et il change son nom.
Pelican and British Empire Life Office (propriétaire du 1905-03-14 au 1909-08-09) Propriétaire-occupant ; compagnie formée en 1903 à Londres par la fusion de la British Empire Mutual Life Insurance et de la Pelican Life Insurance ; le transfert de la propriété a lieu en 1905 au moyen d’une convention et des travaux ont lieu.
Phoenix Assurance Co. (propriétaire du 1909-08-09 au 1947-01-31) Compagnie londonienne présente à Montréal depuis 1804 « with which is incorporated The Pelican and British Empire Life Office », révèle la publicité dans l’annuaire Lovell de 1910; elle loue à d’autres tout l’édifice de l’Exchange Bank mais elle possède et occupe en partie l’immeuble voisin de la rue Saint-François-Xavier.
Locataires :
Louis-Joseph Forget et co. (locataire de 1875 à 1880) Informations biographiques disponibles pour l'année 1895 La compagnie de courtage de Louis-Joseph Forget quitte les lieux pour s’installer tout près dans un autre immeuble de la rue Notre-Dame, mais il reviendra en 1910 (inscription suivante ci-dessous).
Louis-Joseph Forget et co. (locataire de 1910 à 1924)
Protections patrimoniales du bâtiment
Le bâtiment est protégé en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel, en vigueur depuis le 19 octobre 2012, par le statut suivant :
Situé dans le site patrimonial de Montréal (Vieux-Montréal) (déclaré). Anciennement un arrondissement historique (1964-01-08) (juridiction provinciale)
Le bâtiment est identifié aux documents d'évaluation du patrimoine urbain dans la catégorie suivante :
Situé dans un secteur de valeur patrimoniale exceptionnelle Vieux-Montréal (juridiction municipale)