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caractères physiques.
Pierre
:
Calcaire de Queenston [gris], péninsule du Niagara, Ontario; calcaire gris qui, esposé à l'air, peut prendre une teinte chamois, parfois brunâtre.
Histoire du bâtiment
Cet immeuble de bureaux est construit en 1929-1930 par l'Anglo-American Trust Co. à l'instigation des propriétaires de la firme de courtage McDougall & Cowans. Déjà propriétaire d'un bâtiment voisin ayant front sur la rue Saint-Jacques, elle achète ce terrain en 1929 où se trouvent de petits bâtiments, bientôt démolis. L’architecte James Cecil McDougall dessine les plans du nouvel immeuble, tandis que les bas-reliefs sont réalisés par Henri Hébert, le fils du sculpteur Louis-Philippe Hébert.
Alors que l'Anglo-American Trust et la société McDougall & Cowans accueillent leurs clients rue Saint-Jacques, seule la seconde occupe également des locaux dans le nouvel immeuble, aux premiers étages. Une ouverture permet d'y accéder depuis la rue Saint-Jacques en plus d'une entrée sur la rue Saint-François-Xavier. Dans les bureaux auxquels on accède par la rue Notre-Dame, on compte en 1931 quatre locataires aux étages supérieurs, puis neuf en 1932, en majorité des bureaux d'avocats francophones. En 1935, les deux sociétés visiblement en difficulté se replient dans l'édifice McDougall et Cowans, l'Anglo-American n'occupant qu'un local jusqu'à la vente de ses deux bâtiments en 1951. La firme de courtage McDougall & Cowans reste en place jusqu'en 1953, remplacée par McDougall & Christmas jusqu'au début des années 1960.
Les deux immeubles demeurent réunis en une seule propriété, le site de la rue Saint-Jacques donnant toutefois lieu à une nouvelle construction en 1953-1954. Entre 2000 et 2002, l'immeuble change de vocation alors que tous les étages, mais non le rez-de-chaussée, sont convertis en lofts résidentiels locatifs dans le cadre du projet résidentiel Le Bogart qui englobe les deux bâtiments. L'ensemble est complété en 2004.
L’édifice McDougall et Cowans est situé sur un lot d’angle, non loin de la place d'Armes. Il prolonge en quelque sorte une propriété donnant sur la rue Saint-Jacques, au coeur de l'ancien centre des affaires. Le bâtiment de sept étages, coiffé d'un toit plat, présente un plan irrégulier composé de deux rectangles qui suit les contours du terrain très étroit ayant front sur la rue Notre-Dame Ouest. Construit à l'épreuve du feu avec une structure en béton armé, il est revêtu de calcaire de Queenston (Ontario) en façade, et de brique à l'arrière.
La façade principale, rue Notre-Dame Ouest, apparaît comme une tour posée sur un socle, ce thème étant repris à l’extrémité droite de la longue façade de la rue Saint-François-Xavier. Cette dernière compte cinq travées entre les deux « tours ». Classique à certains égards – un socle avec une corniche à denticules, une division tripartite de la façade secondaire, une volonté de symétrie – la composition se distingue toutefois surtout par l’expression de verticalité que n'arrête aucun élément horizontal au sommet. Des panneaux ornés en métal contribuent à cet effet en unifiant les travées de fenêtres, particulièrement étroites dans les « tours ». Cet élan vertical est caractéristique de l’architecture Art déco. Les dessus de portes et les panneaux décoratifs offrent des motifs stylisés et géométriques de volutes, rosettes, chevrons, losanges et rayons lumineux, tous typiques de cet art décoratif. Les bas-reliefs du couronnement en constituent le point d’orgue. Bref, il s'agit d'un édifice de style Art déco.
L'emplacement, le généreux fenêtrage sur rue et le décor soigné suggèrent qu'il s'agit à l'origine d'un immeuble de bureaux de qualité malgré son implantation ingrate. Les deux entrées (une par façade) reflètent le double objectif initial consistant à combler les besoins d'expansion de McDougall & Cowans ainsi qu'à louer des locaux. Le rez-de-chaussée accessible par la rue Saint-François-Xavier dispose de grandes fenêtres proches du trottoir; il pouvait sans doute se prêter à la vente de produits financiers à une clientèle relativement large. L'édifice n'est plus accessible pour les passants, mais on peut entrevoir ici et là des ornements de style Art déco qui ont subsisté à l'intérieur, notamment par la porte d'entrée de la rue Notre-Dame qui donne accès au hall d'ascenseurs.
Éléments décoratifs significatifs
Au sommet des tours, les figures allégoriques de facture moderne, sculptées en bas-relief méplat par Henri Hébert, représentent la Prospérité (jeune femme tenant une corne d’abondance), le Travail (jeune homme travaillant à la pelle) et la Finance (jeune homme assis avec un globe terrestre). Au sommet des cinq autres travées, des médaillons sculptés représentent divers moyens de transport et soulignent l'importance du blé au Canada. Rien ne semble spécifique aux sociétés de courtage et de fiducie du début, mais peut-être peut-on y voir un discours sur l'économie en général et sur l'appartenance canadienne des entreprises présentes.
Construction initiale
Date de construction :
1929-1930
Concepteur de la construction :
James Cecil McDougall (architecte)
Propriétaire constructeur
:
Anglo-American Trust Co. (propriétaire du 1929-04-04 au 1951-04-23) La charte de cette compagnie de fiducie, émise en 1905, reste apparemment en dormance jusqu'aux années 1920 alors qu'elle est modifiée et mise en vigueur, probablement à l'instigation de McDougall et Cowans. À compter de 1935, l'entreprise semble se retirer du marché fiduciaire.
Locataire ou autre usager d'origine :
McDougall & Cowans (locataire de 1930 à 1953) En 1929, la firme de courtage fondée par Purvis McDougall et Percy Cowans possède des bureaux dans quatre autres villes canadiennes en plus de son siège social de la rue Saint-Jacques. Elle a de toute évidence le vent dans les voiles. Le crash économique de 1929 la met en difficulté et des accusations de malversations dans ses pratiques de courtage trouvent écho jusqu'à l'Assemblée législative du Québec en 1931-1932, sans toutefois que les magistrats du district de Montréal n'accordent de sommations ou de mandats contre les membres de la firme. Restée active, elle ne semble toutefois pas retrouver son élan de 1929.
Fonction(s) d'origine et type particulier
Fonction(s) spécifique(s) :
courtage
Fonction(s) générale(s) :
finance
bureaux
Autres travaux – Modifications
Travaux 1 :
Date des travaux : vers 2001 Restauration ou recyclage du bâtiment.
Conversion des étages en lofts résidentiels. Cette phase semble complétée en 2002 alors qu'on poursuit des travaux dans l'immeuble voisin jusqu'en 2004.
Protections patrimoniales du bâtiment
Le bâtiment est protégé en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel, en vigueur depuis le 19 octobre 2012, par le statut suivant :
Situé dans le site patrimonial de Montréal (Vieux-Montréal) (déclaré). Anciennement un arrondissement historique (1995-04-26) (juridiction provinciale)
Le bâtiment est identifié aux documents d'évaluation du patrimoine urbain dans la catégorie suivante :
Situé dans un secteur de valeur patrimoniale exceptionnelle Vieux-Montréal (juridiction municipale)