La maison vers 1965. Photographie provenant du dossier de la Commission Jacques-Viger, conservée dans le dossier du Bureau du patrimoine de la Ville de Montréal.
En l'absence d'une mention de confirmation, l’identification « pierre grise de Montréal [calcaire] » est présumée d’après l’apparence et l’époque d’utilisation.
Histoire du bâtiment
Le tonnelier Eustache Prévost acquiert en 1750 ce terrain avec une maison en bois, à proximité du site de la Canoterie royale où sont préparées les expéditions militaires. La demande accrue de tonneaux pendant les années de guerre lui permet d’engager en 1757 le maçon Joseph Brazeau afin de construire une nouvelle maison en pierre « d’un étage », laquelle correspondrait à l’actuel rez-de-chaussée surélevé construit sur un sous-sol muni de fenêtres. Selon toute vraisemblance, Prévost installe son atelier de tonnelier au sous-sol et habite au-dessus. En 1798, son fils Charles Prévost fait ajouter un étage par le maçon Jean-Baptiste Senet (forcément au niveau de l’actuel faux brisis percé de lucarnes). La famille Prévost conserve la maison jusqu’en 1823.
En 1823, le marchand Toussaint Dumas achète la propriété qui, en 1825, semble inoccupée selon un plan de la ville (Adams). Toussaint Dumas vend l’immeuble à son fils Norbert en 1839. À cette époque, l'immeuble est divisé en deux parties et mis en location. Les héritiers Dumas resteront propriétaires de l’immeuble pendant plus d’un siècle. Pendant les années 1850, Thomas McCormick y tient une auberge. Une vocation de petite « maison de chambres » semble s’amorcer dans les années 1870 à l’une des deux adresses de l’immeuble. La modification de la partie supérieure, comprenant la mise en place du brisis décoratif, date probablement des années 1880.
En 1964, quand William P. Keating acquiert la propriété, il y a encore des baux au mois, typiques d’une « maison de chambres », et un petit snack bar dont le bail tire à sa fin. Le nouveau propriétaire procède bientôt à des travaux majeurs comprenant entre autres la restauration du carré de pierre et la pose de fenêtres à vantaux et à petits carreaux. La fonction résidentielle demeure, mais le caractère du bâtiment change. D’autres travaux sont réalisés au cours des années suivantes, si bien que lorsque la propriété est revendue en 1972, sa valeur marchande a grandement augmenté. Elle est alors louée et comprend deux adresses. Dans les années 1990, il n’y en a plus qu’une seule, la maison ayant retrouvé son caractère unifamilial d’origine.
La maison est implantée en bordure de la rue. Un discret passage piétonnier ménagé dans l’immeuble voisin rappelle qu’au XVIIIe siècle la propriété comprenait un passage de ce côté. Une telle implantation en bordure de la rue avec passage latéral vers l’arrière fait partie des caractéristiques courantes d’une maison urbaine façon Nouvelle-France. Le carré en moellon – pierre grise de Montréal (calcaire) en façade et pierres des champs pour les murs latéraux – en constitue toutefois l’expression la plus fondamentale. Ce carré de pierre correspondrait au sous-sol et au rez-de-chaussée surélevé construits dès l’origine alors que le faux brisis, qui donne une apparence de toit brisé au dernier étage visible de la rue, est plutôt typique de la fin du XIXe siècle.
La façade reflète bien cette dualité, le carré de pierre et le brisis plus tardif occupant chacun une bonne part de l’élévation. La partie inférieure comprend une entrée centrale et une répartition symétrique des ouvertures réparties de part et d’autre. La hauteur de l’entrée peut surprendre, car une fenêtre au-dessus de la porte éclaire un escalier droit menant au rez-de-chaussée surélevé, mais cela correspond à une approche ancienne courante. Les encadrements saillants des ouvertures suggèrent que le mur pouvait être crépi et blanchi. Le haut brisis est d’une autre époque mais les vantaux à petits carreaux adoptés lors des restaurations pour toutes les fenêtres de la façade renvoient aussi au XVIIIe siècle.
L’actuelle apparence de grande maison unifamiliale correspond à l’occupation d’origine. Toutefois une porte basse devait donner accès au sous-sol, où se déroulaient les activités de tonnelier du propriétaire-constructeur. Des traces de plus grandes ouvertures sont perceptibles sous deux des fenêtres du sous-sol, qui témoignent également des occupations telles le snack bar de 1964.
Construction initiale
Date de construction :
1757
Concepteur de la construction :
Joseph Brazeau (maçon)
Propriétaire constructeur
:
Eustache Prévost (tonnelier) (propriétaire du 1750-05-24 au 1777-05-26)
Commentaire sur la construction
Marché de construction (2 novembre 1756, notaire G. Hodiesne).
Fonction(s) d'origine et type particulier
Fonction(s) spécifique(s) :
résidence unifamiliale
Fonction(s) générale(s) :
habitation
Type particulier de bâtiment :
maison urbaine façon Nouvelle-France
Autres travaux – Modifications
Travaux 1 :
Date des travaux : 1798 Modification à la volumétrie verticale du bâtiment.
Ajout d'un étage.
Concepteur :
Jean-Baptiste Senet (maçon)
Travaux 2 :
Date des travaux : vers 1885 Modification à la volumétrie verticale du bâtiment.
Démolition probable d’un vieux toit à deux versants par un nouveau toit hybride, plat en partie, et ajout au dernier étage d’un faux brisis percé de lucarnes.
Travaux 3 :
Date des travaux : vers 1965 (entre 1964 et 1972) Restauration ou recyclage du bâtiment.
Importants travaux de restauration et de rénovation, réalisés en au moins deux phases.
Autres propriétaires ou locataires (sélectif)
Propriétaires :
Charles Prévost (tonnelier) (propriétaire du 1777-05-26 au 1823-03-19) La succession de Charles Prévost a vendu la propriété.
Toussaint Dumas (marchand) (propriétaire du 1823-03-19 au 1839-11-23)
Norbert Dumas (avocat) (propriétaire du 1839-11-23 au 1869-04-19) Dumas étant décédé en 1869, sa succession demeure propriétaire jusqu'au 15 mai 1951.
William P. Keating (propriétaire du 1964-02-28 au 1972-05-03)
Protections patrimoniales du bâtiment
Le bâtiment est protégé en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel, en vigueur depuis le 19 octobre 2012, par le statut suivant :
Situé dans le site patrimonial de Montréal (Vieux-Montréal) (déclaré). Anciennement un arrondissement historique (1964-01-08) (juridiction provinciale)
Le bâtiment est identifié aux documents d'évaluation du patrimoine urbain dans la catégorie suivante :
Situé dans un secteur de valeur patrimoniale exceptionnelle Vieux-Montréal (juridiction municipale)
Numéros de référence
Bâtiment
:
0040-79-4472-00
Propriété
:
0040-79-4472 Fiche 1 de 1 sur cette propriété
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