En l'absence d'une mention de confirmation, l’identification « pierre grise de Montréal [calcaire] » est présumée d’après l’apparence et l’époque d’utilisation.
Avertissement :
L’appellation « Édifice de la Great Scottish Life Insurance » était rendue publique dans les années 1980 et largement diffusée, y compris dans ce site Web ; la façade, classée en tant que monument historique, est désignée en tant que « Façade de l’Édifice-de-la-Great Scottish Life Association ». Les sources anciennes indiquent toutefois que le nom public et légal du constructeur et premier occupant était la compagnie d’assurances Life Association of Scotland. Ce nom était inscrit sur l’immeuble.
Histoire du bâtiment
La compagnie d’assurances Life Association of Scotland, dont le siège social est à Édimbourg, fait construire la première partie de cet édifice en 1869-1870 d’après les plans de l’agence d’architectes montréalaise Hopkins et Wily. Les assureurs avaient acquis la propriété en 1868 sur laquelle des bâtiments anciens avaient déjà été démolis pour permettre l’élargissement de la rue Saint-Jacques. Le nouvel édifice comprend quatre étages (incluant le rez-de-chaussée) et un étage de comble sous un toit brisé. Il ne couvre alors que la moitié de son emprise actuelle avec seulement quatre travées de fenêtres du côté de la côte de la Place-d’Armes. La compagnie d’assurances occupe elle-même une bonne partie de l’immeuble, sans doute le rez-de-chaussée entier. Elle loue à d’autres occupants plusieurs locaux pour des bureaux aux étages.
En 1891, l’immeuble est acheté par la Banque Nationale (de Québec) qui y ouvre sa première succursale montréalaise. Celle-ci garde des locataires aux étages et consolide même la fonction locative. En effet, en 1909, elle réalise d’importants travaux d’agrandissement qu’elle confie aux architectes Marchand et Haskell. L’étage de comble disparaît et trois étages entiers sont ajoutés ; l’immeuble est aussi agrandi jusqu'à la ruelle des Fortifications en utilisant une propriété voisine de la côte de la Place-d’Armes acquise en 1908. Outre la succursale de la Banque Nationale, l’immeuble loge près de 20 autres bureaux d’affaires en 1910, plus de 30 en 1915. En 1926, la Banque Canadienne Nationale, formée en 1924 par une fusion avec la Banque d’Hochelaga, vend l’immeuble à la compagnie d’assurances La Prévoyance qui en demeure propriétaire jusqu’en 1959. La Prévoyance en vient à occuper la majeure partie de l’immeuble tout en continuant à louer des bureaux à diverses entreprises.
En 1975, les façades de l’immeuble sont classées monument historique avec les façades voisines de la rue Saint-Jacques. À la fin des années 1990, l’édifice change radicalement de vocation alors qu’il est converti en hôtel. Ouvert en l’an 2000, l’hôtel Le Place d’Armes est agrandi en 2005 dans l’immeuble voisin.
Ornement sculpté au-dessus de l’entrée principale. Photographie Gilles Lauzon, 2009
Détail du décor architectural classique répété à chaque ouverture du second niveau de la façade. Photographie Gilles Lauzon, 2009
Détail du décor en plâtre de l’ancienne salle de guichets aménagée en 1909. Photographie Gilles Lauzon, 2009
Architecture
L’édifice occupe un emplacement prestigieux donnant à la fois sur la place d’Armes et sur la rue Saint-Jacques. Il compte sept étages (incluant le rez-de-chaussée) mais le coin arrondi et le quatrième niveau moins élevé que les autres, anciennement situé sous un étage de comble, trahissent discrètement le volume d’origine. Le parement uniforme, en grès chamois de l’Ohio, recouvre entièrement les façades de 1869-1870 et de 1909.
L’immeuble apparaît d’emblée comme un petit gratte-ciel un peu plus haut que large. Les divisions horizontales créées par les entablements successifs ainsi que la corniche débordante atténuent toutefois l’effet de verticalité. La réduction progressive de la hauteur des premiers niveaux et l’ordre colossal des deux étages supérieurs sont d’esprit classiques tandis que le regain de hauteur à partir du cinquième niveau et l’asymétrie relative de l’ensemble sont dus aux contraintes du site et de l’agrandissement. À la fois classique et complexe, le vocabulaire architectural provient principalement de la Renaissance italienne, de Venise en particulier, comme en font foi les fenêtres cintrées inscrites entre des pilastres et des entablements. Toutefois, l’ancien étage-attique trapu et ses petites fenêtres segmentaires (4e niveau d’élévation) révèlent une influence française que confirmait à l’origine un toit brisé percé de lucarnes. Cette composition initiale, combinant Renaissance italienne et Second Empire français, correspond à une mode venue de Londres. Pour les étages ajoutés, les architectes adoptent de nouveau l’Italie de la Renaissance comme époque de référence principale, mais à partir d’autres modèles qu’en 1869. L’adjonction de 1909 reflète ainsi une formation académique comme en dispense notamment l’École des beaux-arts de Paris.
Vers 1870, à Montréal comme à Londres ou New York, une telle façade peut indiquer la présence d’une institution financière mais des édifices commerciaux et des immeubles de bureaux locatifs présentent parfois un traitement similaire. Les deux entrées hiérarchisées – celle du coin arrondi ayant plus d’importance – suggèrent la présence combinée d’une institution financière au rez-de-chaussée et de bureaux loués aux étages, une vocation que facilite un généreux fenêtrage. L’immeuble entier, tel qu’agrandi en largeur et en hauteur, se prête de façon plus évidente encore à cette double lecture fonctionnelle.
Éléments décoratifs significatifs
Le décor architectural extérieur souligne explicitement l’ancienne présence de la Life Association of Scotland, et ce, malgré la disparition du nom et la date de fondation autrefois inscrits sur la frise de couronnement. En effet, le dessus de la porte d’entrée principale, richement sculpté dans le grès chamois, représente les armoiries de la société flanquées de généreux bouquets de chardons, fleur emblématique de l’Écosse. Des chardons sont également sculptés sur les arcs en plein cintre des fenêtres de tout l’étage au-dessus du rez-de-chaussée. Pour le reste, les chapiteaux de la grande famille corinthienne et les autres éléments sculptés ne semblent porteurs d’aucune signification particulière, si ce n’est l’inscription dans une riche tradition classique trouvant son origine dans l’Antiquité.
Intérieur accessible au public
À l’intérieur, le rez-de-chaussée transformé en bar d’hôtel possède encore les éléments essentiels du décor sculpté de facture classique créé lors des travaux de 1909. Le monogramme BN qui orne tous les chapiteaux ioniques à chutes – chapiteaux courants dans les aménagements beaux-arts à la française – confirme qu’il s’agit de la salle de guichets aménagée par la Banque Nationale. Les marbres gris à la base des murs proviennent très probablement de ces mêmes travaux. L’espace monumental de l’ancienne grande salle des guichets demeure également perceptible dans son ensemble.
Life Association of Scotland (propriétaire du 1861-01-31 au 1889-10-23) C’est John Fraser, actuaire d’Édimbourg en Écosse, qui achète la propriété en deux temps (1861 et 1868). Mais dès 1869, la Life Association of Scotland est inscrite comme propriétaire au rôle d’évaluation de Montréal. Après la vente de la propriété par les héritiers Fraser en 1889 – Fraser est décédé en 1885 – un transfert de dette est réalisé en faveur de la compagnie d’assurances. Tout se passe comme si John Fraser avait agi en son nom pour les besoins de la compagnie. La compagnie d’assurances, qui occupe une partie de l’immeuble à compter de la construction, y reste locataire après la vente de 1889, et ce, jusqu’en 1894.
Commentaire sur la construction
La date de construction couramment attribuée à cet immeuble est l’année 1870. Les travaux débutent cependant en 1869 puisque le lot est vacant au début de l’été 1869 et l’immeuble occupé au début de l’été suivant.
Fonction(s) d'origine et type particulier
Fonction(s) spécifique(s) :
assurance
Fonction(s) générale(s) :
finance
bureaux
Autres travaux – Modifications
Travaux 1 :
Date des travaux : 1909 Modification à la volumétrie horizontale du bâtiment. Modification à la volumétrie verticale du bâtiment. Restauration ou recyclage du bâtiment.
Élimination de l’étage de comble, ajout de trois nouveaux étages et prolongement du bâtiment jusqu’à la ruelle des Fortifications.
Date des travaux : vers 2000 Restauration ou recyclage du bâtiment.
Transformation complète de l’immeuble de bureaux en hôtel et ajout d’un étage sur une partie du toit. L’hôtel ouvre ses portes en l’an 2000 après des travaux commencés à la fin des années 1990.
Autres propriétaires ou locataires (sélectif)
Propriétaires :
Banque Nationale (institution bancaire) (propriétaire du 1891-01-08 au 1926-06-09) Autrefois la Banque d'Hochelaga, plus tard la Banque Canadienne Nationale. La Banque Nationale achète le 28 décembre 1908 le terrain nécessaire au prolongement de l'édifice.
La Prévoyance (propriétaire du 1926-06-09 au 1959-07-22) Propriétaire occupant. La Prévoyance reprendra temporairement la propriété de l’immeuble de 1969 à 1973 sans l’occuper.
Protections patrimoniales du bâtiment
Le bâtiment est protégé en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel, en vigueur depuis le 19 octobre 2012, par les statuts suivants :
Immeuble patrimonial classé sous le nom de Façade de l'Édifice-de-la-Great Scottish Life Insurance Anciennement un monument historique classé (1975-11-07) (juridiction provinciale)
Situé dans le site patrimonial de Montréal (Vieux-Montréal) (déclaré). Anciennement un arrondissement historique (1995-04-26) (juridiction provinciale)
Le bâtiment est identifié aux documents d'évaluation du patrimoine urbain dans la catégorie suivante :
Situé dans un secteur de valeur patrimoniale exceptionnelle Vieux-Montréal (juridiction municipale)
Numéros de référence
Bâtiment
:
0040-23-6691-00
Propriété
:
0040-23-6691 Fiche 1 de 1 sur cette propriété
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