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caractères physiques.
Pierre
:
Pierre grise de Montréal [calcaire], provenant probablement de carrières différentes selon les époques; de carrières du plateau au nord-est du mont Royal, pour les plus anciennes; d'une carrière du même secteur ou encore d'une carrière du nord de l'île de Montréal ou de l'île Jésus, pour les adjonctions de 1889 et 1924.
En l'absence d'une mention de confirmation, l’identification « pierre grise de Montréal [calcaire] » est présumée d’après l’apparence et l’époque d’utilisation.
Histoire du bâtiment
Le siège social de la Banque d’Épargne de la Cité et du District de Montréal est construit en plusieurs étapes. La Banque se porte d’abord acquéreur d’un premier terrain en 1869 sur lequel elle érige la première section de l’édifice en 1870-1871. Conçu par l’architecte Michel Laurent, l’édifice présente alors une façade étroite rue Saint-Jacques et une façade plus longue qui longe la rue Saint-Jean. La Banque acquiert peu après une autre propriété sur laquelle elle prolonge, en 1872-1873, la façade de la rue Saint-Jean d’une quinzaine de mètres. Elle acquiert un autre terrain en 1874 où l’on double, en 1875-1876, la façade de la rue Saint-Jacques.
L’institution bancaire n’occupe à l’origine qu’une partie du rez-de-chaussée de l’immeuble de bureaux. Parmi les premiers locataires, on compte la British American Bank Note Co, une entreprise qui imprime entre autres les billets de banque canadiens. De la fin des années 1870 à 1885, les premières centrales téléphoniques de Montréal, celles de la Canadian Telegraph Company et de la Compagnie canadienne de téléphone Bell, logent dans l’édifice.
En 1883, on rallonge la façade de la rue Saint-Jean jusqu’à la rue Notre-Dame, une opération complétée en 1923-1924 avec la construction d’une dernière section qui agrandit la section plus à l’ouest jusqu’à la rue Notre-Dame. Conçu par l’architecte Alfred-Hector Lapierre, ce dernier ajout reproduit l’architecture des sections précédentes, mais il possède une structure en béton. Auparavant, en 1888 et 1889, l’architecte Alphonze Raza a supervisé des travaux importants, tels des modifications extérieures à l’étage des combles, l’introduction d’ascenseurs et l’aménagement d’ouvertures entre les diverses sections.
Durant tout le XXe siècle, l’édifice conserve ses fonctions bancaire et locative. Le réformateur Herbert B. Ames et l’avocat Jean Drapeau, futur maire de Montréal, y tiennent entre autres des bureaux de 1900 à 1908 et de 1948 à 1953 respectivement. La Banque d’Épargne, qui occupe presque l’immeuble en entier dans les années 1960, se défait de sa propriété en 1977, mais en demeure locataire. En 1987, elle est absorbée par la Banque Laurentienne qui quitte définitivement les lieux en 1989. De 1999 à 2001, l’édifice fait l’objet de travaux majeurs de rénovation et a été transformé en établissement hôtelier. L’Hôtel du XIXe siècle ouvre ses portes en 2001 et occupait toujours le site en 2009.
La première section construite, gravure publiée dans le Canadian Illustrated News, 1870. Bibliothèque et Archives nationales du Québec
L’édifice de la Banque d’Épargne est situé à une intersection, dans la partie ouest de la rue Saint-Jacques, jadis l’artère financière de la métropole. Son implantation présente des caractéristiques semblables à celles de magasins-entrepôts : division en sections étroites, pleine occupation d’un vaste site (à l’exception d’une marge de reculement, rue Saint-Jacques, et d’une courette centrale), quatre étages (incluant le rez-de-chaussée), étage de comble et revêtement en pierre grise de Montréal (calcaire). Depuis longtemps toutefois, l’étage de comble est en réalité muni en son pourtour d’un brisis décoratif et recouvert d’un toit plat.
Les trois façades comprennent neuf sections irrégulières comptant deux, trois ou cinq travées. Elles correspondent aux phases de construction de l’édifice sauf pour la partie de la rue Saint-Jean près de la rue Saint-Jacques divisée dès l’origine en trois parties avec des fenêtres tripartites au centre. Trois divisions horizontales – base, étages intermédiaires et sommet – unifient tout l’ensemble dans un esprit classique que confirme le vocabulaire architectural qui trouve ses sources dans l’Antiquité et la Renaissance italienne. Les plus anciennes sections, rue Saint-Jacques, présentent des traits qui rappellent les résidences en rangée londoniennes à trois travées avec entrées décentrées et cours anglaises donnant accès aux sous-sols. L’étage supérieur à brisis est quant à lui inspiré de la France du Second Empire, l’inspiration française se remarquant en outre dans les ornements sculptés très élaborés. L’emploi de brisis dans les phases de construction tardives et le maintien remarquable du vocabulaire ornemental d’origine font d’ailleurs de cet édifice construit entre 1870 et 1924 l’ensemble le plus parisien, le plus haussmannien pourrait-on dire, du Vieux-Montréal.
Le lieu d’implantation et le discours architectural raffiné peuvent laisser supposer, dans les années 1870, la présence d’une institution financière même si aucun élément symbolique ne le confirme. La facture française peut aussi avoir une signification particulière pour une partie de la clientèle. La deuxième entrée de la rue Saint-Jacques indique par ailleurs la présence de locaux pour bureaux, tout comme les anciennes entrées des sections plus tardives dont les traces sont moins visibles. L’abondant fenêtrage, auquel contribue la courette, révèle en outre l’importance de cet immeuble de bureaux. À l’intérieur, peu d’éléments du décor de l’hôtel proviennent des constructions anciennes, à l’exception d’éléments tels les corniches à modillons du lobby ouvert au grand public. Une verrière de facture moderne avec de discrètes moulures classiques, créée en 1924 pour éclairer la pièce à la base de la courette, a par ailleurs pu être conservée et mise en valeur.
Ancienne entrée de la façade latérale, rue Saint-Jean. Photographie Gilles Lauzon, 2009
Banque d'épargne de la Cité et du District de Montréal (banque) (propriétaire du 1869-01-30 au 1977-12-23) Informations disponibles pour l'année 1873 Propriétaire-occupant. La Banque d’Épargne est locataire de l'immeuble entre 1977 et 1987.
Herbert Brown Ames (homme d'affaires, philanthrope et échevin) (locataire de 1900 à 1908) Réformiste, il fit une importante enquête sur les conditions de vie de la classe ouvrière. Il proposa différentes solutions pour contrer la pauvreté, et construisit des logements modèles pour des ouvriers.
Jean Drapeau (avocat) (locataire de 1948 à 1953) Associé au cabinet Drapeau & Melançon, futur maire de Montréal.
Protections patrimoniales du bâtiment
Le bâtiment est protégé en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel, en vigueur depuis le 19 octobre 2012, par le statut suivant :
Situé dans le site patrimonial de Montréal (Vieux-Montréal) (déclaré). Anciennement un arrondissement historique (1995-04-26) (juridiction provinciale)
Le bâtiment est identifié aux documents d'évaluation du patrimoine urbain dans la catégorie suivante :
Situé dans un secteur de valeur patrimoniale exceptionnelle Vieux-Montréal (juridiction municipale)
Numéros de référence
Bâtiment
:
0040-11-9227-00
Propriété
:
0040-11-9227 Fiche 1 de 1 sur cette propriété
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