En l'absence d'une mention de confirmation, l’identification « pierre grise de Montréal [calcaire] » est présumée d’après l’apparence et l’époque d’utilisation.
Histoire du bâtiment
Ce palais de justice est construit en 1851-1857 puis modifié en 1890-1894. À la suite de l’incendie du palais de justice (1799-1803) survenu en 1844, le gouvernement du Canada-Uni lance en octobre 1849 un concours d’architecture en vue de la construction d’une nouvelle « maison de justice » sur le même site. La prestigieuse commande est remportée par les architectes John Ostell et Henri-Maurice Perrault, devant le réputé George Browne. Les contrats avec les entrepreneurs sont octroyés en novembre 1850 et les travaux débutent au printemps de l’année 1851. Après des modifications aux plans et un chantier très difficile, l’édifice est complété au début de l’année 1857, les tribunaux pouvant cependant y siéger dès le premier mai 1856.
En 1890, environ un an après que le gouvernement du Canada ait transféré la propriété au gouvernement du Québec, débute un ambitieux projet d’agrandissement sous la gouverne de l’architecte Maurice Perrault, le fils de Henri-Maurice Perrault. Au programme, l'ajout d'un étage complet et d'un autre étage, au centre, surmonté d'un grand dôme devant abriter la bibliothèque du Barreau; le programme comprend aussi la rénovation complète de l'intérieur. Le chantier est encore difficile en raison des nombreux imprévus, dont d’importants problèmes de structure. Vers la fin de 1892, l’architecte Alphonse Raza revoit les plans de Perrault. Le tout est finalement complété en 1894.
Les besoins en espace de l’appareil judiciaire ne sont pas pour autant satisfaits. Pour y faire face, on construit en 1903-1905 une annexe à l’ouest de l’édifice. On érige ensuite dans les années 1920 un autre palais de justice en face (actuelle cour d’appel); les cours criminelles y sont transférées tandis que la police provinciale s’installe dans une partie des locaux délaissés du Vieux palais. Les cours civiles délaissent à leur tour le Vieux palais au début des années 1970 pour emménager dans le nouveau et très vaste palais de justice moderne construit entre les rues Notre-Dame et Saint-Antoine, mettant ainsi fin à un peu plus de 110 ans d’activité judiciaire dans le Vieux palais. En 1974, la Ville de Montréal reçoit du gouvernement québécois le Vieux palais et son annexe. L’administration municipale s’installe alors dans les deux bâtiments. La Ville réalise d'importants travaux de restauration du bâtiment au début des années 1990. L'immeuble fait l'objet d'un nouvel éclairage architectural à compter de l'an 2000, dans le cadre du Plan lumière du Vieux-Montréal.
Le long et large édifice rectangulaire est implanté au sommet d’un dos-d’âne naturel dont la rue Notre-Dame occupe la crête, en surplomb du champ de Mars. Il comprend une partie centrale à la fois plus large et plus haute que les parties latérales et, à chaque extrémité, une aile perpendiculaire au corps de bâtiment principal. Bénéficiant d’une importante marge de reculement qui souligne sa monumentalité, le bâtiment en pierre grise de quatre étages – incluant le rez-de-chaussée mais sans compter la partie supérieure centrale – est visible de loin grâce à son emplacement. L’étage partiel et le dôme de métal placés au centre contribuent également à cette visibilité.
La façade principale présente une composition symétrique comprenant trois avant-corps, le portique central et les ailes des extrémités formant des avancées dans cette élévation. Le rez-de-chaussée traité comme un soubassement ainsi que les cordons et la corniche qui séparent les étages supérieurs créent des divisions horizontales tout aussi fortes. L’ensemble et les détails de cette composition sont classiques et largement palladiens. Les origines gréco-romaines du vocabulaire architectural ressortent tout particulièrement de la colonnade ionique tandis que l’influence de l’architecte de la Renaissance Andrea Palladio transparaît dans la composition d’ensemble, du moins dans la partie d’origine sise sous la corniche de l’ancien toit. Au moment de sa création, cet édifice marque localement la fin du grand courant néoclassique alors centenaire en Occident. Les ajouts de la fin du XIXe siècle, classiques également mais révélant une plus grande liberté de composition et des influences nouvelles – dont celle du dôme central de l’Exposition universelle de Paris de 1889 – reflètent un éclectisme typique de l’époque.
L'emplacement du bâtiment, sa monumentalité et sa composition suggèrent d’emblée, au début des années 1850, qu’il s’agit d’un édifice institutionnel, voire d’un palais de justice. Les étages de la colonnade logent les activités principales – cours, bibliothèques et autres services –, tandis qu’au rez-de-chaussée, traité de façon plus rustique et doté d’une entrée sous le portique monumental, se trouvent la police, les cellules et les archives. De nombreux ornements symboliques liés à la Justice et au pouvoir colonial sont prévus au moment de la construction et de l’agrandissement mais sans dépasser l’état de projet pour la plupart. On trouve néanmoins au dernier étage des deux ailes latérales, face à la rue Notre-Dame, les armoiries en bas relief des quatre premières communautés de la ville – française, anglaise, écossaise et irlandaise. Un panneau avec une tête de lion en médaillon orne également chaque façade latérale.
Intérieur ouvert au public
Par l'entrée secondaire sous le portique, aujourd'hui l'entrée principale, on accède au hall central du rez-de-chaussée. De là, des escaliers latéraux mènent au hall de l'étage principal, d'où on aperçoit l'étage supérieur. Seuls ces halls sont ouverts au public mais ils permettent néanmoins d'apprécier une partie du décor architectural et de voir les couloirs menant aux ailes latérales.
L'intérieur du palais fut modifié et les décors refaits dans les années 1890 : plâtres décoratifs, bois avec faux fini en chêne, planchers de mosaïques en céramique et escaliers en fer, marbre et fonte. Malgré d'autres travaux ultérieurs, l'exubérant décor des années 1890 reste dominant. Les décors de plâtre et de bois, traités de façon plus élaborée aux deux étages principaux et certainement plus chargés que ceux des années 1850, sont néanmoins classiques – colonnes et pilastres, frontons et frontons brisés, plafonds voûtés ou à caissons, modillons. Autre exemple de règle classique, l'ordre corinthien est correctement superposé à l'ordre ionique. Les spectaculaires escaliers avec leurs urnes décoratives et leurs garde-corps en fonte ornés de rosaces et de motifs enroulés, font quant à eux écho aux ajouts extérieurs de la fin du XIXe siècle. Les armoiries britanniques ornent d’ailleurs les garde-corps de la partie supérieure des grands escaliers, établissant un lien avec les décors extérieurs de la même époque.
Finalement, même si elle n'est pas accessible au public, il est important de rappeler que l'ancienne bibliothèque du Barreau, située sous le dôme, pouvait rivaliser avant sa fermeture avec celle du parlement d'Ottawa, notamment par son escalier en fonte ouvragée et sa coupole en faux marbre.
Le dôme, posé sur deux étages également ajoutés à la fin du XIXe siècle. Photographie Gina Garcia, 2006.
Les hall centraux vus depuis l'étage principal ouvert au public. Photographie Gina Garcia, 2006.
Armoiries britanniques ornant un garde-corps (secteur non ouvert au public). Photographie Gina Garcia, 2006.
Gouvernement du Canada (propriétaire de v. 1799 à 1889)
Commentaire sur la construction
Les diverses sources donnent 1850 ou 1851 comme date de début des travaux. Ce n’est qu’à la fin du mois de novembre 1850 que l’on signe les marchés de construction avec les différents entrepreneurs (min. not. J. Bell, 28 novembre 1850). Les travaux débutent au début du printemps de l’année 1851.
Fonction(s) d'origine et type particulier
Fonction(s) spécifique(s) :
cour de justice
affaires légales
Fonction(s) générale(s) :
édifice public ou institution
Autres travaux – Modifications
Travaux 1 :
Date des travaux : 1890-1894 Modification à la volumétrie verticale du bâtiment.
Ajout d'un étage sur toute la surface du bâtiment et d'un autre étage avec un dôme au centre du bâtiment. Le projet est sous la direction d'Alphonse Raza à partir de 1892.
Le bâtiment est protégé en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel, en vigueur depuis le 19 octobre 2012, par les statuts suivants :
Immeuble patrimonial classé sous le nom de Édifice Lucien-Saulnier Anciennement un monument historique reconnu (1976-11-18) (juridiction provinciale)
Situé dans le site patrimonial de Montréal (Vieux-Montréal) (déclaré). Anciennement un arrondissement historique (1995-04-26) (juridiction provinciale)
Le bâtiment est identifié aux documents d'évaluation du patrimoine urbain dans la catégorie suivante :
Situé dans un secteur de valeur patrimoniale exceptionnelle Vieux-Montréal (juridiction municipale)
Numéros de référence
Bâtiment
:
0040-46-7464-00
Propriété
:
0040-46-7464 Fiche 1 de 1 sur cette propriété
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