En l'absence d'une mention de confirmation, l’identification « pierre grise de Montréal [calcaire] » est présumée d’après l’apparence et l’époque d’utilisation.
Ce bâtiment fait partie de l'ensemble suivant :
Immeubles Bouthillier Histoire de l'ensemble Cet ensemble comprend une maison-magasin et une dépendance en pierre à l'arrière, construits à la même époque et reliés dès l'origine par une aile en brique.
Cliquez sur le nom de l'ensemble pour obtenir la liste des bâtiments de cet ensemble.
Histoire du bâtiment
L'inspecteur de potasse Louis-Tancrède Bouthillier fait construire cette maison-magasin en 1836. Bouthillier fait l'acquisition des biens de ses défunts parents en 1833, dont cet emplacement avec une maison en pierre, un entrepôt et autres dépendances. Trois ans plus tard, il engage le maçon et entrepreneur Louis Comte pour construire le nouveau bâtiment. Cette maison-magasin, comme d'autres immeubles semblables, possède au départ une double vocation résidentielle et commerciale. Ainsi, au printemps 1837, l'épicier Edward Howell installe son commerce dans le magasin du côté gauche et réside dans un logement au-dessus. En 1841, Bouthillier s'engage auprès du locataire à construire une adjonction au-dessus du passage menant à la cour, du côté gauche de la maison-magasin.
Vers 1870 (date présumée), la devanture commerciale du rez-de-chaussée est refaite avec des poteaux et pilastres de fonte, comme c'est le cas pour de nombreuses façades construites en face en 1866-1867, après l'élargissement de la rue; l'entablement en pierre qu'ils supportent serait modifié ou remplacé (voire même ajouté). Jusqu'à la fin des années 1870, le bâtiment se divise en trois magasins avec des logements au-dessus. Ces locataires sont principalement des marchands, des cordonniers, des tailleurs et des modistes.
À compter de 1880, cinq adresses sont attribuées à l'immeuble et ses dépendances. Sa vocation résidentielle disparaît complètement au début du XXe siècle. Les étages supérieurs servent dès lors de bureaux notamment à des négociants et à des courtiers. Parmi ses occupants, on retrouve par ailleurs le fabricant de tabac William C. Macdonald pendant plus de trente ans. Acheté par William Walker en 1910, le bâtiment abrite un restaurant au rez-de-chaussée à partir des années 1920.
En 1945, le commerce et centre de services photographiques Photo Service créé par Joseph-Henry Savard et Simonne Desautels s'installe sur les lieux après qu'ils aient acheté la propriété; ils louent aussi des locaux à d'autres. Vers 1960 (entre 1950 et 1964), l'étage de comble est démoli et le toit à deux versants est remplacé par un toit plat; d'autres travaux ont lieu à l'arrière. Vers 2005, d'autres travaux sont réalisés; des composantes anciennes de la devanture commerciale (chapiteaux de fonte et entablement de pierre) sont dégagées et mises en valeur. En 2015, Photo Service et ses entreprises connexes, toujours gérés par la famille Savard, occupent encore tout le bâtiment et ses dépendances (voir aussi l'ensemble).
Voir aussi les informations sur le ou les ensembles dont ce bâtiment fait partie.
Cet immeuble situé dans un secteur prestigieux, près de l'église Notre-Dame, présente les caractéristiques majeures des maisons-magasins des années 1830-1840, et ce, malgré plusieurs modifications à travers le temps. Le rez-de-chaussée commercial très fenêtré rappelle qu'il a dû y avoir dès la construction de larges ouvertures à ce niveau. On reconnaît par ailleurs les étages résidentiels d'origine à leurs fenêtres régulières et au revêtement de pierre taillé à joints maigres, constitué d'assises de bonne hauteur. Des consoles orphelines au sommet du bâtiment rappellent quant à elle la présence d'une toiture à deux versants percée de lucarnes et protégée par des murs coupe-feu à pignon découvert.
Deux pilastres aux extrémités de la devanture commerciale ainsi que son entablement sont d'esprit néoclassique, ce à quoi contribuent également l'arc segmentaire doté d'une clé au-dessus de l'entrée cochère. La hauteur réduite des fenêtres du dernier étage s'inscrit également dans cet esprit. Les chapiteaux des pilastres en fonte, de la famille corinthienne, et certains détails sculptés de l'entablement font aussi partie du vocabulaire classique, mais ces éléments plus élaborés rappellent un courant plus tardif des années 1860 inspiré de la Renaissance. Les éléments de fonte alternent maintenant avec des composantes modernes.
La travée de gauche (1841), légèrement en retrait, souligne la présence de la porte cochère qu'elle surmonte. Cette entrée donne maintenant accès à la terrasse d'un restaurant voisin, le passage étant mitoyen. La configuration de la devanture commerciale modernisée empêche quant à elle de situer les entrées d'origine. Il faut noter enfin la présence d'une grande annonce au néon mise en place vers 1960, et toujours entretenue, qui comprend à son sommet un appareil photographique aux contours lumineux.
Louis-Tancrède Bouthillier (inspecteur de potasse) (propriétaire du 1833-02-15 au 1881-02-28) Informations biographiques disponibles pour l'année 1825 Bouthillier décède le 28 février 1881 et ses héritiers possèdent l'immeuble jusqu'au 21 février 1891.
Locataire ou autre usager d'origine :
Edward Howell (épicier) (locataire du 1837-05-01 au 1842-04-30)
Commentaire sur la construction
Un bail passé le 16 novembre 1836 mentionne la construction en cours du bâtiment (notaire I.J. Gibb). De même, un autre acte notarié de 1838 (une obligation) nous informe a posteriori que Louis Comte a effectué les travaux (notaire J. Belle, 17 août 1838).
Fonction(s) d'origine et type particulier
Fonction(s) générale(s) :
commerce
habitation
Type particulier de bâtiment :
maison-magasin
Commentaire
L'apparence et la fonctionnalité de maison-magasin proviennent de la construction d'origine ainsi que de la modification subséquente du rez-de-chaussée.
Autres travaux – Modifications
Travaux 1 :
Date des travaux : 1841 Modification à la volumétrie horizontale du bâtiment.
Une adjonction en pierre est ajoutée au-dessus du passage menant à la cour situé du côté gauche de la maison-magasin.
Travaux 2 :
Date des travaux : vers 1960 (entre 1950 et 1964) Modification à la volumétrie horizontale du bâtiment. Modification à la volumétrie verticale du bâtiment. Disparition d'une toiture en pente ou mansardée.
Étage de comble démoli et mise en place d'un toit plat; une adjonction d'un étage est aussi construite dans la cour qui disparaît à toutes fins utiles (une adjonction plus petite mise en place vers 1930 est démolie ou intégrée à la nouvelle construction). Des plans d'occupation du sol permettent de situer les travaux entre 1950 et 1964. De plus, en 1961 les propriétaires conviennent avec la Ville de l'installation d'un tuyau d'amenée d'eau permettant l'installation de gicleurs, ces travaux pouvant être contemporains. L'enseigne au néon peut dater de la même époque.
Travaux 3 :
Date des travaux : vers 2005
Travaux de rénovation et de restauration comprenant la mise en valeur de composantes anciennes de la devanture commerciale.
Autres propriétaires ou locataires (sélectif)
Propriétaires :
William Walker (restaurateur) (propriétaire du 1910-03-29 à v. 1927) Walker décède vers 1927. Sa succession conserve la propriété jusqu'au 15 mars 1945.
Joseph-Henry Savard et al. (propriétaire à partir du 1945-04-06) Joseph-Henry Savard et Simonne Desautels créent l'entreprise Photo Service. Acquise pour leurs besoins en avril 1945, la propriété est cédée à Joseph-Henry Savard et Cie. La famille Savard possède et gère toujours l'immeuble et l'entreprise en 2015.
Locataires :
William C. Macdonald (fabricant de tabac) (locataire de v. 1875 à 1909)
Protections patrimoniales du bâtiment
Le bâtiment est protégé en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel, en vigueur depuis le 19 octobre 2012, par le statut suivant :
Situé dans le site patrimonial de Montréal (Vieux-Montréal) (déclaré). Anciennement un arrondissement historique (1964-01-08) (juridiction provinciale)
Le bâtiment est identifié aux documents d'évaluation du patrimoine urbain dans la catégorie suivante :
Situé dans un secteur de valeur patrimoniale exceptionnelle Vieux-Montréal (juridiction municipale)