Bien que Louis Charland (Québec, 1772 – Montréal, 1813) soit l’arpenteur-architecte montréalais le plus renommé au début du XIXe siècle, son travail comme architecte est peu reconnu aujourd’hui, puisqu’à l’exception de la maison Mallard et de quelques rares dessins, ses principales réalisations n’existent plus. Natif de Québec, Louis Charland reçoit sa commission d’arpenteur en 1795 après avoir servi deux ans comme arpenteur provincial adjoint. De toute évidence, il a reçu une formation polyvalente, conforme aux normes de l’époque, lui permettant d’agir autant comme ingénieur civil qu’architecte.
En 1799, le gouverneur le nomme inspecteur des chemins et des rues de Montréal. Il est le premier à occuper ce poste. Travaillant sous l’autorité des juges de paix, il a la responsabilité de surveiller l’entretien des chemins, de recommander l’ouverture des nouvelles rues, de recruter la main-d’œuvre nécessaire aux travaux de réparation et de prélever les amendes. En plus de ses fonctions comme arpenteur et comme inspecteur des chemins il sert, à partir de 1803, d’arpenteur aux commissaires responsables de démanteler les fortifications et d’améliorer la ville. Il dresse alors plusieurs plans d’ensemble de la ville fortifiée, dont un plan incomparable montrant l’emprise au sol de tous les bâtiments du secteur en 1804.
Dès le début de sa carrière à Montréal, Charland se présente comme un habile architecte, surtout dans la réalisation de projets publics conçus dans un style classique. Il sert d’architecte adjoint pendant la construction du palais de justice (1799-1802) et d’architecte principal pour les nouvelles prisons (1808-1812), deux édifices construits côte à côte sur la rue Notre-Dame et qui serviront de modèles d’architecture classique. En 1812, les commissaires des fortifications lui confient la tâche de préparer des plans pour un nouveau corps de garde, conçu dans un style toscan, sur la rue Notre-Dame vis-à-vis de la place du marché Neuf (place Jacques-Cartier), ainsi que pour une poudrière, dans l’est de la ville, sur l’ancienne place Dalhousie (site actuel de la gare Viger). Comme nous le démontre sa conceptualisation de la maison Mallard en 1810, Charland entreprend de temps en temps des projets plus modestes pour des particuliers. |