Présentes dans le Vieux-Montréal depuis 1747, les sœurs Grises possèdent un immense terrain dont la valeur foncière augmente au milieu du XIXe siècle avec le développement économique et portuaire de Montréal. En 1870, les religieuses quittent leur vieux domaine et entament la mise en valeur de leur propriété. Une partie du lotissement est vendue à la municipalité afin de prolonger la rue Saint-Pierre vers le port (1872) et d'ouvrir la rue Normand (avril 1875). Les religieuses doivent alors détruire leur église, leurs vergers et la moitié de l’Ancien Hôpital général. Au même moment, elles confient à l'architecte Michel Laurent la conception d’une série de magasins-entrepôts en pierre, situés de part et d'autre du nouveau tronçon de la rue Saint-Pierre.
La construction des magasins des sœurs Grises s'échelonne sur trois ans (1872-1875). Chaque bâtiment est constitué de plusieurs magasins-entrepôts mitoyens d’une largeur d'environ 30 pieds et perpendiculaires à la rue Saint-Pierre. Dès l'origine, la circulation est possible entre quelques unités grâce à des ouvertures pratiquées dans les murs de division en brique. Avec le temps, le nombre de ces ouvertures est augmenté. Du coup, cela permet à la fois une occupation verticale du bâtiment (plusieurs étages d’un même magasin) et une occupation horizontale (un seul étage de plusieurs magasins contigus). Ces bâtiments de quatre étages ont tous une façade en pierre, ce qui confère à cette portion de la rue Saint-Pierre une grande uniformité architecturale et un certain prestige.
À la fin des années 1970, l'activité économique est au plus bas dans le Vieux-Montréal, et le taux d'occupation des quatre immeubles est très faible. Alors qu'on envisage de les démolir et de reconstruire l'ensemble conventuel tel qu'il était avant 1870, plusieurs personnes s'élèvent contre ce projet et favorisent plutôt une reconversion des bâtiments. Cette solution est finalement retenue. En 1977, les sœurs Grises ne sont plus propriétaires que d'un bâtiment, qu'elles intègrent alors à l’Ancien Hôpital général afin d'y loger leur administration générale et leurs archives. Quant aux autres constituants de l'ensemble, ils subissent d'importantes rénovations : on y retrouve aujourd’hui des résidences et des commerces.
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