Les effets de la guerre sont multiples. D’abord le départ de tous ces soldats pour l’Europe dérange beaucoup. Plus de 8 000 foyers sont inoccupés à Montréal ce qui entraîne une réduction importante du nombre de consommateurs résidentiels. Par contre, la production de munitions exige du gaz et de l’électricité en quantités… industrielles. Les affaires vont bien. Cette année après le paiement des dividendes de 10%, il reste un surplus de près d’un million de dollars dans les coffres de ce monopole montréalais. Mais il ne faut pas oublier la nouvelle taxe de guerre sur tous les profits excédant 7%. On évalue à 169 344$ le montant dû au fédéral pour cette taxe exceptionnelle. Il est donc préférable d’investir dans les infrastructures et de réduire les tarifs des clients les plus importants.

Ainsi, en 1915, en cette période de guerre et dans un contexte où les ressources matérielles sont plus rares et plus chères, on reconstruit l’ensemble des réseaux de distribution des rues Sainte-Catherine et Bleury. Finis les poteaux et leurs fils inesthétiques, le réseau sera souterrain. Mais si la Ville de Montréal exige qu’on fasse de même ailleurs, il faudra majorer les tarifs. Ces lampadaires ornementaux coûtent cher.

On introduit aussi une échelle de tarifs pour le gaz. Dorénavant, un gros client industriel paie 35% de moins qu’une famille ordinaire. À la bourse de Montréal, cette inégalité flagrante est très appréciée et le titre affiche une croissance de plus de 20% dans le mois suivant l’introduction de cette nouvelle échelle.

Malgré plusieurs campagnes politiques en faveur de la nationalisation de la Montreal Light Heat and Power, elle demeurera une entreprise privée jusqu’en 1944. À la suite du décès de Holt, le gouvernement d’Adélard Godbout autorisera son achat par une nouvelle société d’État, Hydro-Québec. On évaluera que l’investissement initial de Holt, d’une valeur d’un quart de million de dollars, lui aurait rapporté, de son vivant, 235 000 000$.