En 1725, à la demande du Roi, les sulpiciens procèdent à la confection du papier terrier de la seigneurie de l'île de Montréal qu'ils déposeront en 1731. Seigneurs de l'île depuis 1663, les sulpiciens constatent la bonne croissance de leurs biens temporels : ils possèdent la plus riche seigneurie de la Nouvelle-France qui comporte la ville de Montréal et sept paroisses rurales regroupant au total plus de 1 300 fermes toutes desservies par les prêtres de Saint-Sulpice. De leur séminaire de la rue Notre-Dame qui sert à la fois de résidence, de presbytère de la paroisse et de manoir seigneurial, les sulpiciens s'impliquent un peu partout dans la société montréalaise. Dans les petites écoles établies en face du séminaire, ils enseignent à plus d'une centaine de jeunes garçons et, auprès des communautés féminines, ils agissent comme confesseurs et conseillers. Aucun visiteur distingué qui passe en ville n'oublie de se présenter au séminaire pendant son séjour. Mais même si les sulpiciens jouissent de ce prestige local, ils doivent se soumettre aux besoins du Roi qui, tout récemment, a retranché une importante portion de leur territoire pour l'enceinte de la ville, sans les indemniser d'une quelconque manière.
Comme communauté religieuse à Montréal, les prêtres de Saint-Sulpice se distinguent des récollets et des jésuites par leur rôle social et par l'absence de liens marqués avec le Vatican. À la suite de la Conquête, le séminaire sera le seul parmi les communautés masculines à Montréal, à réussir à survivre, même à titre précaire, parce que le gouvernement britannique reconnaîtra son rôle important dans l'enseignement. Mais le fait que la communauté recrute surtout parmi les fils des familles aisées de France entraînera des conséquences lourdes pour la communauté après 1760. |