En 1873, même si son président, Hugh Allan, est impliqué dans un important scandale politique entourant le contrat de construction du chemin de fer Canadien pacifique, la Merchants Bank of Canada ne semble pas très affectée par ces événements. Son nouveau siège social est en voie d’être complété, il est situé au 355 de la rue Saint-Jacques, au cœur du centre financier de Montréal. Ce magnifique immeuble se veut le reflet des succès de cette entreprise. La Merchants Bank étend ses activités, elle est, cette année-là, la première banque à charte canadienne à ouvrir une succursale à Winnipeg.
Créée en 1861 par la famille Allan, la Merchants Bank eut tôt fait de sa tailler une réputation d’institution agressive sur la marché financier montréalais. Hugh Allan en assuma la présidence de 1861 à 1877 puis encore en 1882. Bien que son siège social fut établi à Montréal, la banque était beaucoup plus active en Ontario et dans l’ouest du Canada qu’au Québec. En effet, seulement quatre des 24 succursales de la Merchants Bank étaient situées au Québec en 1871. Cette situation était en fait le résultat de la prise de contrôle de la Commercial Bank de Kingston qui faisait faillite en 1868 et dont les activités étaient centrées à l’ouest du Québec.
À la fin des années 1870, la Merchants Bank occupera le second rang en importance derrière la Banque de Montréal, mais elle connaîtra de sérieuses difficultés. En 1877, emportée dans la tourmente provoquée par l’importante crise économique qui secoue le monde depuis 1873, elle frôlera l’effondrement. Des dettes sur les chemins de fer américains héritées de la Commercial Bank et des pertes importantes, à la fois sur le marché new-yorkais de l’or et sur les obligations québécoises, nécessiteront un soutien de $1 500 000 de la Banque de Montréal et de la Bank of British North America. En 1900, la Merchants Bank aura glissé à la troisième position derrière la Banque de commerce et la Banque de Montréal. Le fils de Hugh Allan, Hugh Montagu remplacera l’année suivante son oncle, Andrew, à la tête de la banque. En dépit de liens importants avec la haute bourgeoisie montréalaise (la famille Allan contrôlera de nombreuses entreprises), la Merchants Bank n’aura pas réussi à consolider sa situation. Pendant que ses concurrents diversifieront leurs actifs, elle demeurera plus conservatrice alors que 56,3% de ses actifs seront investis sur le marché des prêts.
À l’instar de la presque totalité des institutions financières canadiennes, la Merchants Bank profitera des retombées de la Première Guerre mondiale. Ses actifs croîtront considérablement passant de $83 millions en 1913 à un sommet de $197 millions en 1919. Cependant, en 1922, la faillite d’une firme de courtage à qui la Merchants Bank aura accordé un prêt de $3 600 000 sonnera le glas de l’entreprise financière qui sera finalement absorbée par la Banque de Montréal la même année. Les actionnaires de la Merchants Bank perdront, lors de la transaction, la coquette somme de $5 700 000.
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