En 1915, l’équipe du Devoir célèbre le 5e anniversaire de fondation du journal. Une grande manifestation se déroule au Monument national de Montréal pour souligner l’événement. La salle est pleine et les invités applaudissent les orateurs venus souligner la vigueur d’un journal que plusieurs croyaient voué à un échec rapide. Henri Bourassa, le fondateur et directeur du quotidien, expose, durant un long discours de deux heures, ce qu’il désigne comme le premier chapitre de l’histoire du journal, les principales campagnes qu’il a menées et ses perspectives d’avenir. Bourassa est alors entouré d’une équipe qui croit en l’indépendance et en la mission du journal. De leurs bureaux de la rue Saint-Vincent, Bourassa, Omer Héroux, Georges Pelletier et tous les journalistes s’activent à faire de ce quotidien, un organe de qualité non contaminé par « la presse à tapage, à ramage et à images ».
En janvier 1910, le premier numéro du Devoir était publié. Ce quotidien, se voulait à la fois catholique et nationaliste et, surtout, indépendant des partis politiques et des intérêts financiers. Lorsque Henri Bourassa avait élaboré son projet, il avait toutefois cherché l’appui de l’archevêque de Montréal en l’assurant que, sur les questions religieuses, le journal serait soumis à l’autorité de l’Église. Fort de cet appui, Bourassa se lança dans la difficile aventure du journalisme quotidien. Le Devoir éprouva de nombreuses difficultés financières, mais, soutenu par des gens d’affaires nationalistes, il réussit toujours à se redresser afin de bien jouer le rôle qu’on lui avait assigné.
Henri Bourassa quittera son poste en 1932 et sera remplacé par Georges Pelletier. En 1947, Gérard Filion prendra la barre du journal pour une période de 16 ans puis sera relayé par Claude Ryan. L’influence du Devoir sera marquante notamment durant les années 1950, alors que Gérard Filion s’engagera dans une lutte à finir avec le Premier ministre Duplessis. Filion réussira aussi un coup de maître en s’empressant de faire du Devoir un quotidien du matin dès que la disparition de La Patrie en 1957 aura laissé vacant ce créneau fort populaire. Reconnu pour la qualité de ses collaborateurs, Le Devoir sera toujours soucieux de maintenir son indépendance et d’offrir à ses lecteurs de l’information et des opinions de haut niveau. |