En 1849, la Ville de Montréal ne dispose pas d'un hôtel de ville. Le siège du gouvernement municipal se trouve dans les immeubles de l'ancienne compagnie de l'aqueduc de Montréal, sur le côté sud de la rue Notre-Dame, à mi-chemin entre les rues Bonsecours et Berri. Cette année, seuls les propriétaires de biens immobiliers ont le droit d'élire les conseillers et ces derniers choisissent celui d'entre eux qui exercera les fonctions de maire, dans le cas présent, le libraire Édouard-Raymond Fabre. Les affaires de la Ville se règlent en comités, chacun ayant une charge particulière : marchés, voirie, police, service d'incendie et aqueduc. Les revenus dont dispose la municipalité sont levés sur la propriété foncière et les permis accordés à divers commerces.
La Ville fut incorporée par l'Assemblée législative en 1832 et, à la suite d'élections tenues en juin 1833, Jacques Viger était choisi premier maire par les conseillers. Mais la nouvelle administration ne dura pas longtemps : la charte aurait dû être renouvelée en 1836, mais l'assemblée, dont les activités étaient passablement ralenties par les conflits politiques, se trouva dans l'impossibilité de le faire. En 1840, à la suite des rébellions, le gouverneur et le conseil spécial accordaient une nouvelle charte à la ville et se réservaient le droit de nommer le maire - Peter McGill - et les conseillers pendant les deux premières années. Sous la direction de McGill ont été décrétés les premiers règlements municipaux.
Pendant les années 1840, la Ville entreprenait deux projets de grande envergure dont les coûts d'origine de chacun oscillaient autour de 50 000£. Après que le parlement du Canada-Uni ait accordé le statut de capitale à Montréal et ait choisi l'immeuble du marché Sainte-Anne pour son siège, le conseil municipal projetait la construction d'une nouvelle halle de marché dans la partie est de la ville sur le bord du fleuve. Commencé en 1844, le Marché Bonsecours était ouvert en janvier 1847. De 1852 jusqu'au parachèvement de l'immeuble de l'Hôtel de Ville sur la rue Notre-Dame en 1878, le conseil de la ville occupera une partie de l'étage supérieur.
La seconde opération concernait la municipalisation de l'aqueduc en 1845. Dès l'établissement de la compagnie de l'aqueduc en 1801, l'approvisionnement d'eau à travers la ville relevait de l'entreprise privée. À l'origine, la compagnie s'approvisionnait aux sources de la côte des Neiges, mais dès la fin des années 1810 elle faisait construire une station de pompage sur le bord du fleuve afin d'alimenter deux grosses citernes qui se trouvaient sur la rue Notre-Dame. Mais depuis le début de ses opérations la compagnie ne réussissait jamais à fournir une quantité d'eau suffisante, surtout dans les quartiers populaires. En achetant l'entreprise en 1845, la Ville tentait de corriger ce problème. Pendant les neuf années suivant son acquisition, elle augmentera trois fois le système de distribution et, en 1848, elle achètera un terrain sur la terrasse Sherbrooke où elle fera construire le réservoir Saint-Louis (l'actuel carré Saint-Louis). |