En 1785, les juges de paix possèdent à la fois des pouvoirs judiciaires et administratifs. En plus de juger des causes criminelles dans leurs assises trimestrielles et leurs sessions hebdomadaires, ils réglementent un éventail d'activités qui se déroulent dans la ville et les faubourgs de Montréal : marchés, nettoyage des rues, construction, mendicité, ainsi que bon nombre de corps de métier comme les charretiers, les traversiers, les bouchers ou les boulangers. À la suite d'une reformulation des règlements, le 26 mai de cette année, on apprend, entre autres choses, que les journées de marché sont le mardi, le jeudi et le vendredi, que le charroi de chaque charge de deux barriques prise à la place Royale et menée à la partie sud de la place Jacques-Cartier coûte 6 pences, que personne ne peut construire sur la rue sans avoir préalablement obtenu un alignement pour l'immeuble et que quiconque désire élever des cochons dans la ville, doit s'assurer qu'ils seront gardés dans un endroit assez éloigné pour que leur présence ne soit offensante ni pour les passants, ni pour les voisins.
Les juges sont nommés par le gouverneur guidé par les conseils des élites locales souvent les mieux placées pour confirmer la fidélité, le caractère et les capacités des candidats. Les juges de paix se recrutent surtout parmi la bourgeoisie marchande de la ville.
Dès l'instauration du gouvernement civil en 1764, les juges de paix assumaient un rôle dans l'administration locale. Après la restructuration du gouvernement en 1777, à la suite de l'acte de Québec qui permet pour la première fois aux catholiques d'assumer des postes dans le gouvernement civil, la charge des juges était confirmée et élargie. Mais avant 1796 il leur manquera les revenus nécessaires pour engager du personnel permanent et entreprendre des travaux publics. L'acte de la voirie de cette même année inaugurera une nouvelle ère dans l'administration des juges de paix, ils seront dorénavant dotés de revenus tirés d'une taxe sur la propriété, revenus devant être utilisés pour les travaux de voirie. L'administration de la ville par les juges de paix se poursuivra jusqu'à l'incorporation définitive de la ville en 1840, sauf pour une période de quatre ans suivant la première incorporation de la ville en 1832. |