Le feu, non pas la guerre, est l'élément le plus dévastateur à Montréal au XVIIIe siècle. Fondée en 1770 à la suite des incendies qui ont ravagé les quartiers centraux de la ville fortifiée en 1765 et 1768, la Union Fire Society est une forme de société d'aide mutuelle pour la prévention et l'extinction des incendies. La nécessité d'une telle association tient au fait qu'il n'existe aucun service public de pompiers ni aucune compagnie d'assurance-incendie à Montréal. En 1785, la société possède quatre pompes mobiles qui sont réparties dans les quatre quartiers de la ville. Des comités ou compagnies de six personnes sont responsables de leur entretien et doivent les vérifier au puits public de la place d'Armes le premier lundi de chaque mois. Afin d'assurer une réponse rapide à la première alarme de feu, on accorde une récompense aux hommes qui conduiront les première et seconde pompes sur le lieu de l'incendie.
Bien que la population de la ville fortifiée n'atteigne même pas cinquante pour cent de la population totale de Montréal, toutes les pompes sont entreposées à l'intérieur des murs de la ville même si les maisons des faubourgs sont presque entièrement construites en bois. Les pompes se retrouvent donc chez les récollets et les jésuites de la rue Notre-Dame, au Collège de Montréal et à l'Hôtel-Dieu sur la rue Saint-Paul. Cette répartition s'explique par le fait que la société Union Fire est financée grâce à des souscriptions privées auprès des propriétaires nantis, ceux qui ont le plus à perdre dans un incendie et qui habitent majoritairement à l'intérieur des fortifications.
À l'origine, la société acquerrait deux pompes mobiles d'Angleterre et faisait construire un puits, doté d'une pompe fixe et entouré d'un bassin octogonal, sur la place d'Armes. En 1783, la société faisait creuser un autre puits avec sa pompe dans le jardin des jésuites et confiait l'entretien des deux pompes fixes aux Charles Fisbach, père et fils. En dépit de ces démarches, et de l'acquisition de deux autres pompes mobiles il semble que cette société de volontaires négligera l'entretien de ses pompes mobiles. En mars 1786, un incendie sur la rue Notre-Dame détruira plusieurs immeubles avant d'être éteint : faute d'entretien, une seule pompe sera en état de fonctionner. La Union Fire Society ou Société de Feu existera jusqu'en 1841 année où la ville de Montréal créera un service d'incendie qui surveillera les compagnies volontaires. |