En 1725, les Religieuses hospitalières de Saint-Joseph ont depuis peu réintégré l'ensemble de l'Hôtel-Dieu situé à l'angle des rues Saint-Paul et Saint-Joseph (actuellement rue Saint-Sulpice). L'incendie de 1721, qui a débuté quand un arquebusier a accidentellement mis le feu au toit de l'église des Religieuses, détruit le noyau central de la ville, y compris les immeubles de l'Hôtel-Dieu, lesquels avaient brûlé une première fois en 1695. Se réfugiant à l'Hôpital Général pendant trois ans, les Religieuses hospitalières débutent la reconstruction de leur hôpital à partir de 1723 mais, en dépit des subventions royales, elles ne réussissent à remettre qu'une partie de leur maison en état afin d'y loger, à partir de novembre 1724. À la recherche d'autres sources de revenus pendant cette période, elles commencent à morceler un terrain leur appartenant, situé en face de leur établissement. Ainsi, elles se trouvent devant un double défi en 1725 : soigner les malades et parachever la construction de leurs immeubles. À leur grand plaisir, leur chapelle avec sa voûte ornée d'anges et de fleurs - « la plus jolie qui soit au Canada à présent » selon l'estimation de sœur Marie Morin - ouvre de nouveau ses portes avant la fin de l'année.
Mais les travaux de reconstruction sont à peine terminés qu'un autre incendie éclate. Marie-Josèphe-Angélique, une esclave noire appartenant à la veuve de François Poulin de Francheville, est inculpée de crime d'incendiat, jugée, pendue, puis brûlée sur la place publique pour avoir mis le feu, durant la nuit du 10 avril 1734, à la maison de sa maîtresse afin de cacher sa fuite avec son amant Claude Thibault. L'incendie se propage en détruisant 46 maisons et l'Hôtel-Dieu. Cette fois, les religieuses se réfugient dans la maison de Jacques Testard de Montigny, rue Saint-Paul, proche de la chapelle Bonsecours. Le roi accorde des subventions permettant le reconstruction de l'hôpital dans les plus brefs délais, mais il faut attendre une décennie avant le parachèvement du couvent et de l'église, en 1744.
Après la Conquête, l'œuvre des Religieuses hospitalières est reconnue par le gouvernement britannique mais reçoit peu de contribution financière. Cette situation financière précaire devient encore plus grave alors que la Révolution française force la cessation de tous les paiements sur les investissements que l'institution a placés en France. Les religieuses attendent les années 1820 avant de liquider leurs placements et d'en récuperer l'argent pour leurs projets. Pendant les années 1826-1831, elles font reconstruire leur ensemble immobilier de caves en combles, sur le même plan que les anciens édifices, mais en ajoutant une nouvelle aile sur la rue Saint-Joseph. Un autre agrandissement suit en 1842-1844 mais, en 1861, les religieuses quittent le Vieux-Montréal et s'installent dans leur nouvel hôpital à l'angle des rues des Pins et Saint-Urbain. L'ancien ensemble conventuel dans le cœur de la ville est vite transformé en magasins-entrepôts. |