Au XIXe siècle, les entreprises canadiennes-françaises qui offrent de l’assurance-vie sont mutuelles. Ces compagnies n’ont pas d’actionnaires, elles appartiennent aux détenteurs de police. Fondée en 1902, La Sauvegarde est la première compagnie d’assurance-vie à capital-action sous contrôle de Canadiens français. Sous l’impulsion du nationalisme économique, Guillaume-Narcisse Ducharme réunit autour de ce projet une équipe d’hommes politiques et d’hommes d’affaires, dont Henri Bourassa, politicien fédéral et futur fondateur du Devoir, Hormidas Laporte, maire de Montréal de 1904 à 1906 et président de la Banque Provinciale, le sénateur Raoul Dandurand et Narcisse Pérodeau, futur lieutenant-gouverneur du Québec.

En 1914 La Sauvegarde s’installe dans un nouvel édifice, au 150 Notre-Dame est, qu’elle occupe jusqu’en 1976. En 1915, elle est la cinquième institution financière privée canadienne-française, derrière les trois banques à charte et le Mount Royal, compagnie d’assurances contre les incendies. Mais elle se situe loin derrière les grandes sociétés québécoises de secours mutuels : la Société des artisans canadiens-français, les Unions Saint-Joseph et l’Alliance nationale.

La croissance de La Sauvegarde sera lente mais régulière. En 1962, la famille Ducharme vendra ses intérêts majoritaires au mouvement des Caisses populaires Desjardins. De 1965 à 1978, la Maison des arts La Sauvegarde, maison construite en 1811, adjacente au siège social, sera vouée à la diffusion des arts.