Le 3 mars 1873, lors d’une réunion d’actionnaires, les vérificateurs de la Banque du peuple, messieurs Delisle, Ogilvie et Leclaire, sont unanimes : il faut vendre le siège social de la place d’Armes et déménager aux 53-57 de la rue Saint-Jacques. Malgré qu’elle soit controversée, cette décision leur semble la plus sage car elle favorise à long terme les intérêts de la banque. L'emplacement est certes moins prestigieux, mais le développement de cette portion de la rue Saint-Jacques, à l'est de la Place d'Armes, en fait un secteur de plus en plus recherché. De plus, le gouvernement fédéral cherche un site intéressant pour son bureau de poste et est prêt à débourser un montant important pour l'immeuble de la Place d'Armes.
La Banque du peuple est la plus ancienne banque canadienne-française mais ce statut ne constitue pas une garantie. La concurrence est vive, non seulement sur le marché des banques montréalaises, mais aussi à l’échelle provinciale. En février 1873, la Chambre des communes a reçu des nouvelles demandes de chartes pour des banques à Trois-Rivières, Saint-Jean et Saint-Hyacinthe.
Fondée sous le nom de Viger et Dewitt, société en commandite en 1833, la Banque du peuple était alors considérée comme la banque des Patriotes. Ses liens avec la bourgeoisie canadienne-française de l’époque ne faisaient aucun doute, mais son titre de banque du peuple ne trouva pas toujours sa justification.
À la suite des déboires de la Banque Jacques-Cartier en 1876, la Banque du peuple redeviendra la plus importante banque canadienne-française à Montréal. En 1892, elle entreprendra d’importants travaux de reconstruction de son siège social. Elle fera toutefois faillite en 1895. |