En 1825, Jacques Viger occupe le poste d’inspecteur des chemins et des rues de Montréal. Principal fonctionnaire de la ville, il se charge de tout ce qui touche la voirie municipale : ouverture et alignement des rues, travaux d’aplanissement et pavage, construction des trottoirs et ponts, rédaction de rapports et de précieux plans. Il est par ailleurs nommé commissaire du recensement du comté de Montréal. Grand érudit, il produit un document qui renferme des informations dépassant de loin les catégories stipulées et constitue en ce sens une riche source pour comprendre la population et la ville. Époux de Marie-Marguerite La Corne depuis 17 ans, il vit dans sa résidence de la rue Bonsecours avec les trois filles de sa conjointe, nées de son premier mariage avec le major Lennox.
Fils de Jacques Viger et d’Amaranthe Prévost, Jacques Viger naquit en 1787. Il était le cousin de Denis-Benjamin Viger, avocat, politicien et propriétaire terrien, de Louis-Michel Viger, banquier, politicien et seigneur, de Louis-Joseph Papineau, seigneur, politicien et chef des patriotes, de Jean-Jacques Lartigue, évêque de Montréal, et de Côme-Séraphin Cherrier, avocat, avec lesquels il entretiendra des relations toute sa vie. Après ses études au collège Saint-Raphaël de Montréal, Viger fut de novembre 1808 à mai 1809 rédacteur du journal Le Canadien à Québec. De retour à Montréal dès 1810, il s’installa avec sa nouvelle épouse et les trois filles Lennox sur la rue Bonsecours. Viger participa à la Guerre de 1812, mais en 1813 le gouverneur le nomma inspecteur des chemins et rues de la ville de Montréal.
Viger sera élu par les échevins premier maire de Montréal en 1833. C’est d’ailleurs à lui que l’on doit les armoiries et la devise de la Ville. L’ancien système de juges de paix sera toutefois rétabli en 1836 pour une courte période et Viger perdra son poste. Plutôt modéré, il ne participera pas aux Rébellions malgré ses sympathies pour le parti de Papineau. Écarté de son poste d’inspecteur des rues et chemins de la Ville de Montréal en 1840, il sera par la suite nommé commissaire chargé de l’érection des paroisses et de la construction des églises et commissaire chargé d’enquêter sur les pertes subies lors des Rébellions. En 1856, Viger sera élu président de l’Association Saint-Jean-Baptiste.
Aussi inestimable que son recensement de 1825 seront ses observations et mémoires colligés dans Ma saberdache, un recueil commencé en 1808 et regroupant 43 volumes divisés en deux séries : la première composée de matériel historique et la seconde contenant la correspondance et les notes diverses de Viger. De même, dans son album Souvenirs canadiens, il amassera surtout des œuvres picturales, certaines d’une grande valeur, d’autres plus anecdotiques. Grand collectionneur préoccupé par la conservation des archives, il participera à la fondation de la Société historique de Montréal en 1858 dont il sera le premier président. Viger publiera au cours de sa vie quelques ouvrages tels que Archéologie religieuse du diocèse de Montréal, publié en 1850, et Archéologie canadienne : souvenirs historiques sur la seigneurie de La Prairie, paru un an avant son décès survenu en 1858. |