En 1681, l’arquebusier Pierre Gadois semble résider dans une maison de la rue Saint-Paul, près de la rue Saint-Pierre où se trouve sa forge, avec son épouse Jeanne Bénard et six de leurs enfants. Gadois est aussi propriétaire d’emplacements sur les rues Notre-Dame et Saint-Pierre en plus de terres dans l’île de Montréal. Il détient 30 arpents de terre en culture qu’il fait exploiter par des engagés ou des locataires. En février, Gadois est mêlé à un conflit survenu au sujet des célébrations du saint patron des armuriers, Saint Éloi. Des confrères et lui auraient tenu des propos diffamatoires envers l’un des leurs banni au surplus de leur association. Trouvés coupables par la cour, ils sont soumis à l’amende. L’importance de ce groupe professionnel dans les débuts de l’histoire de Montréal est aujourd’hui commémorée par la rue Saint-Éloi, dont le nom rappelle son saint patron.
Pierre Gadois naquit dans la paroisse de Saint-Germain-des-Prés, en Perche, en 1631. Fils aîné de Pierre Gadois et de Louise Mauger, il arriva en Nouvelle-France avec ses parents qui s’établirent à Ville-Marie vers 1647. Le jeune Gadois apprit le métier d’armurier, peut-être auprès de Jean Tavernier dit La Forest. Entre 1660 et 1670, il participa comme milicien à la défense de Ville-Marie. Se consacrant davantage à son métier à partir de 1670, il contribua à l’organisation des activités religieuses et sociales de l’association des armuriers. Il avait en 1675 comme apprenti Pierre Prudhomme, le fils de sa soeur.
C’est toutefois pour une autre raison que sa réussite professionnelle que le nom de Pierre Gadois marqua l’histoire de Montréal : son premier mariage, célébré le 12 août 1657 avec Marie Pontonnier, fut déclaré nul après trois ans « pour et à cause de l’Impuissance perpetuelle Causée par Malefice ». En effet, la jeune Pontonnier avait préféré Gadois a un autre prétendant, le caporal René Bénard dit Bourjoly. Comme après un an de mariage Marie Pontonnier n’était toujours pas enceinte, on accusa et condamna devant justice René Bénard d’avoir jeté un maléfice d’impuissance à Gadois, le nouement de l’aiguillette. Une seconde bénédiction de leur union fut célébrée par Mgr de Laval. Les trois années requises pour l’annulation du mariage s’écoulèrent tout de même sans qu’aucun enfant naisse de leur union. Marie Pontonnier prit époux deux mois après la révocation de son premier mariage. Pierre Gadois attendit le 20 avril 1665 pour épouser Jeanne Bénard, une Parisienne nouvellement arrivée dans la colonie, (non apparentée avec René Bénard) avec qui il aura 14 enfants. |