En 1915, Victor Morin quitte quotidiennement sa vaste résidence de la rue Saint-Urbain près de Prince Arthur (achetée de Trefflé Berthiaume en 1911) pour se rendre, souvent à pied, à son cabinet de notaire dans l’édifice de la Banque d’Hochelaga sur la rue Saint-Jacques (connu sous le nom d’édifice de la Banque du peuple). Il est l’âme dirigeante de la firme Morin & McKay et trésorier de la Chambre des notaires de la province de Québec. Il s’intéresse à la politique municipale et est conseiller du quartier Centre. La culture constitue un de ses grands intérêts, il est alors vice-président de la Société d’archéologie et de numismatique de Montréal. Il marque aussi son engagement dans la société montréalaise, notamment auprès de ses compatriotes canadiens-français, quand en 1915, il est élu président de la Société Saint-Jean-Baptiste. À ce titre, il forme un secrétariat permanent de la société, crée des concours littéraires et relance des soirées récréatives à saveur folklorique.
Né à Saint-Hyacinthe, il compléta ses études au collège de cette ville et à l’Université Laval de Montréal. Il entrait, en 1890, dans la firme de notaires montréalais Papineau & Marin, grâce au soutien d’un oncle, membre de la firme. Il pratiquera sa profession durant 72 ans. En 1909, il participait avec des hommes d’affaires à la mise sur pied de l’Association des citoyens de Montréal au sein de laquelle il occupa le poste de secrétaire puis de vice-président. Cette association fut à l’origine d’une vaste campagne d’assainissement municipal. En 1910, il fut élu conseiller municipal du quartier Centre (Vieux-Montréal) et pilota certains dossiers importants dont l’ouverture du boulevard Saint-laurent jusqu’au fleuve et la création d’une bibliothèque municipale. Il déplora aussi l’état lamentable des archives et enjoignit l’administration à corriger la situation. De 1910 à 1917, il fut président du Crédit métropolitain, une compagnie immobilière qui connut un certain succès, mais qui fut forcée par la guerre à mettre presque totalement fin à ses opérations.
Victor Morin sera reconnu comme une figure très importante des milieux culturels montréalais. De 1916 à 1928, il sera président de la Société historique de Montréal. Dès 1917, et jusqu’en 1947, il présidera le comité de célébration de l’anniversaire de la fondation de Ville-Marie. Pour souligner cette fête, il organisera une visite annuelle du Vieux-Montréal devenant ainsi un pionnier dans la promotion du patrimoine historique du Vieux-Montréal. De 1927 à 1956 c'est à la Société d’archéologie et de numismatique qu’il fera valoir ses talents de leader en occupant durant cette longue période le siège du président. À ce titre, il veillera à la conservation du Château Ramezay et assurera sa survie en le faisant classer monument d’intérêt national par le gouvernement provincial. Il participera à la fondation du groupe des Dix et en 1935, lors de la parution du premier Cahier des Dix, Morin y signera un article à caractère historique, le premier d’une série qui ne prendra fin que l’année de son décès.
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