En 1873, John Young est toujours membre de la Commission du Havre de Montréal, même s'il n'en assume plus la présidence. Sa vie active est davantage derrière lui, mais son influence au sein des milieux politiques et financiers montréalais continue à se faire sentir. Il habite sur la rue Bleury mais il doit se rendre très souvent près du port, pour siéger à la Commission du Havre (place Royale en 1873, et bientôt dans le nouvel immeuble des Commissaires qui sera construit en 1874), ou pour vaquer à ses affaires et pour voir à ses propriétés (Il en a fait construire plusieurs dont certaines existent toujours, rue McGill - les 130-134, 138-140 - et rue William).
Né en 1811 en Écosse, John Young débarquait à Montréal au début des années 1830 et se trouvait alors un emploi chez un négociant en gros. Il put y étudier les méthodes canadiennes d'importation et d'exportation et commençait à réfléchir sur la manière d'améliorer le commerce sur le Saint-Laurent. À partir de 1835, Young se joignait à différents associés dans des commerces d'importation et se livrait à d'importants négoces autant dans l'ouest canadien qu'aux États-Unis. Dès 1845, il entrait dans la toute nouvelle Compagnie du chemin à lisses du Saint-Laurent et de l'Atlantique (St-Lawrence & Atlantic Railroad Co.). Il fut administrateur de la compagnie de 1847 à 1851. Favorable au chemin de fer Intercolonial, il apportait aussi son appui à un projet de voie ferrée transcontinentale qui passerait par le sud du lac Supérieur. Conscient de l'importance de bâtir un pont à Montréal afin de prolonger la voie ferrée de la rive sud au port, il recommandait dès 1845 la construction d'un pont au-dessus du fleuve. Projet qui se réalisa peu après avec la mise en chantier du pont Victoria en 1853, inauguré en 1860.
Young s'intéressait aussi aux communications télégraphiques et s'impliqua dans différents projets. Il était aussi attiré par la politique. Pour lui, le gouvernement était essentiel comme instrument de développement économique. Proche des libéraux modérés, il était en faveur du libre-échange avec les Américains. C'est toutefois au sein de la Commission du Havre que Young s'est le plus illustré. Nommé en 1850, il en devenait le président en 1853. Young y déploya des efforts importants pour améliorer l'efficacité du port de Montréal et de la navigation sur le Saint-Laurent grâce au dragage du fleuve. Bien entendu, les contacts nombreux et l'accès privilégié aux informations ne pouvait nuire aux affaires personnelles de Young, qui multipliait les investissements, comme dans l'achat de vastes terrains en bordure du canal de Lachine, près de Saint-Henri, pour ne donner qu'un exemple. Il réussit à accumuler une fortune considérable. Toutefois de mauvais placements, notamment dans un projet de télégraphe transatlantique, lui firent perdre beaucoup d'argent et il s'est même retrouvé dans la gêne.
En 1877, il sera délégué canadien à l'exposition universelle de Sydney, mais il mourra peu après son retour à Montréal. |