En 1849, Wolfred Nelson est député du comté de Richelieu depuis cinq ans. Ancien membre du Parti patriote, il adhère alors aux idées plus modérées du gouvernement de La Fontaine et de Baldwin. Il appuie notamment le projet de loi sur les indemnisations des pertes subies lors des Rébellions. Nelson, qui est avant tout médecin, est le président des gouverneurs du Collège des médecins et des chirurgiens de Montréal. Défenseur du droit à la vie, il préside en janvier une assemblée en faveur de l’abolition de la peine de mort. Nelson réside à Montréal avec sa famille, au coin des rues Saint-Jacques et Saint-Laurent.
Fils de William Nelson, instituteur anglais arrivé dans la colonie en 1781, et de Jane Dies, fille d’un riche propriétaire terrien new-yorkais et loyaliste, Wolfred naquit à Montréal. Lorsqu’il avait trois ans, sa famille s’installa à Sorel, avant-poste britannique à l’embouchure du Richelieu.
Nelson appris les rudiments de sa profession auprès du docteur C. Carter et reçut, en 1811, son permis de médecin. Il débuta sa carrière comme médecin militaire. Son poste le mena à établir son cabinet de médecin à Saint-Denis, village de la vallée du Richelieu. Il y rencontra probablement son épouse, Charlotte-Josèphte Noyelle de Fleurimont, avec qui il allait avoir sept enfants.
En 1827, il se lança en politique. Élu dans le comté de Sorel à la grande consternation de son opposant, le procureur général du Bas-Canada James Stuart, Nelson ne sollicita pas par la suite de second mandat. À compter de 1830, il se rendit en Grande-Bretagne pour parfaire ses connaissances des établissements médicaux britanniques. Il ouvrit une distillerie à Saint-Denis et devint juge de paix. Il ne délaissa toutefois pas entièrement la politique. Appuyant les revendications du Parti patriote, il organisa en 1837 la première assemblée populaire contre les pratiques du gouvernement colonial. En novembre, il guida ses compatriotes lors de la victoire de Saint-Denis contre l’armée britannique. Nelson dut néanmoins s’enfuir le 1er décembre 1837 à l’instar des autres dirigeants du Parti patriote. Quelques jours plus tard, il fut capturé, emprisonné et exilé aux Bermudes sans procès.
En 1839, le gouvernement permit aux exilés de quitter les Bermudes sans néanmoins pouvoir entrer au pays. Nelson ouvrit un cabinet de médecin à Plattsburgh, aux États-Unis, où sa famille le rejoignit. Des procédures légales permirent à Nelson et sa famille de revenir à Montréal en 1842. Sollicité par La Fontaine, Nelson se présenta aux élections de 1844. Plus modéré, il demeurait un défenseur des intérêts canadiens-français et du gouvernement responsable. Il prononça en 1845 un discours en français, langue interdite à l’Assemblée. En 1848, il s’opposa aux manœuvres de Papineau qui voulait prendre les commandes du Parti réformiste dirigé par La Fontaine.
En 1850, Nelson sera nommé inspecteur des prisons et des asiles de la province. De 1854 à 1856, il sera maire de Montréal. Pendant son mandat, il publiera une brochure sur la prévention du choléra. Nelson et son fils Horace Henry, aussi médecin, seront reconnus pour avoir pratiqué la première opération sous anesthésie au Canada. Nelson décèdera en 1863. |