Supérieur du Séminaire de Saint-Sulpice à Montréal depuis 1701, François Vachon de Belmont approche de la fin de sa vie en 1725. Après son arrivée à Montréal en 1680, il s'occupa de la fondation et du développement de la mission de la Montagne (site actuel du Grand Séminaire) qui, à cause de la proximité de la ville et de toutes ses tentations, fut déplacée au Sault-au-Récollet pendant les années 1690. À titre de supérieur du Séminaire, Vachon de Belmont surveillait divers projets et en assurait même personnellement une partie de leur financement. Parmi ces projets notons une tentative de creuser un canal à Lachine, l'ajout de deux ailes à l'immeuble du séminaire, la construction d'une nouvelle façade à la première église Notre-Dame et le déplacement de la mission amérindienne du Sault-au-Récollet vers le Lac des Deux-Montagnes. Parallèlement à ces projets, le développement de la seigneurie de l'Île de Montréal se poursuivait toujours.
Vachon de Belmont nous a laissé deux écrits, l'un qui décrit les abus résultant de la vente d'eau-de-vie aux Amérindiens et un autre qui propose une chronique sommaire de l'histoire de la colonie, surtout pour la période de la guerre contre les Iroquois entre 1684 et 1700. Tandis que ses manuscrits nous révèlent un peu de sa pensée, la chronique de la sœur Morin nous dévoile un autre aspect de sa personnalité, aspect qui aurait alimenté les croyances populaires. La nuit où l'incendie de l'Hôtel-Dieu s'est propagé dans toute la basse ville (le 19 juin 1721), Morin raconte que Vachon de Belmont aurait ouvert le tabernacle et, à la tête d'une foule de femmes et d'enfants, aurait porté le Saint Sacrement à l'endroit de la ville le plus menacé par le feu, espérant ainsi apaiser les flammes. Voyant, au contraire, que le feu semblait plus animé, il concluait, à la consternation générale, que Dieu voulait punir son peuple et que les péchés commis par la population attisaient les flammes. |