En 1849, Louis-Hippolyte La Fontaine, avocat de formation, est depuis un an le premier ministre du Canada-Uni. Il connaît cette année-là la plus grave crise politique de sa carrière, alors qu’entre en vigueur la loi sur les indemnisations pour les pertes subies lors des Rébellions. D’importantes émeutes se produisent à Montréal et des manifestants tories incendient le parlement, qui sera transféré à Toronto, et vandalisent aussi la résidence de La Fontaine située sur la rue Guy.
Fils du menuisier Antoine Ménard dit La Fontaine et de Marie-Josephte Fontaine dit Bienvenue, Louis-Hippolyte naquit à Boucherville. Le jeune La Fontaine entreprit son cours classique en 1820 au Collège de Montréal. Bien qu’il s’illustra comme un étudiant des plus doués, il quitta le collège pour s’engager comme clerc auprès de l’avocat François Roy. Il fut admis au barreau en 1828.
Plaideur remarquable, La Fontaine eut une clientèle importante. La politique l’intéressait cependant particulièrement. Étudiant, il publiait dans La Minerve ses critiques politiques. En 1830, à l’âge de 23 ans, il fut élu député de Terrebonne. Il donna son appui à Louis-Joseph Papineau, chef des patriotes. La Fontaine changea cependant son fusil d’épaule à compter de novembre 1837, alors que les hostilités approchaient.
Adoptant la voie du compromis, La Fontaine devint après les Rébellions le leader réformiste du Bas-Canada. Il se fixa des objectifs précis à atteindre qu’il parviendra à réaliser notamment l’amnistie générale des accusés des Rébellions de 1837-38 et l’indemnisation des victimes des soulèvements, l’adoption du gouvernement responsable (le pouvoir exécutif respecte les décisions de l’Assemblée), la défense de la langue française au parlement et la réforme du système de l’éducation. Nommé par le gouverneur Bagot, il devint chef du gouvernement avec Robert Baldwin de septembre 1842 à novembre 1843, alors qu’il démissionna à la suite d’un conflit avec le nouveau gouverneur Metcalfe. Chef de l’opposition à partir de 1843, il fut victime d’attaques de rhumatisme qui l’obligèrent à se faire opérer en 1846. La Fontaine reprit les commandes du gouvernement en 1848.
Malade et fatigué de la vie publique, La Fontaine donnera sa démission le 26 septembre 1851. Il sera nommé juge en chef de la Cour du banc de la Reine en 1853. Dans les années 1850, il voyagera en Europe dans le but de retrouver la santé. Veuf depuis 1859 d’Adèle Berthelot, fille du riche avocat et homme politique Amable Berthelot, il se remariera deux ans plus tard, avec Julie-Élizabeth-Geneviève Morrison. Les deux fils de La Fontaine naîtront de ce deuxième mariage. |