En 1873, John Lovell est propriétaire d’une importante imprimerie située au 423 de la rue Saint-Nicolas. Différents éditeurs font appel à ses services, mais il publie aussi pour son propre compte, notamment le fameux Lovell’s Directory, un bottin annuel qui répertorie l’ensemble des commerçants et des citoyens montréalais. Lovell est aussi très engagé dans un combat pour la reconnaissance des droits d’auteur canadiens. En effet, le Canada est soumis à une loi britannique qui défavorise nettement les auteurs, les éditeurs et … les imprimeurs canadiens. Pour contrer partiellement cette loi, Lovell fait construire une imprimerie à la frontière canado-américaine à Rouses Point dans l’état de New York où une partie de sa famille s’installe. Il est aussi propriétaire d’une magnifique résidence sur la rue Sainte-Catherine près du Square Phillips, face à la cathédrale Christ Church.
John Lovell est né en Irlande en 1810, mais dès l’âge de 10 ans, il immigrait avec sa famille vers le Bas-Canada où son père s’établissait sur une ferme. John n’appréciait pas les travaux agricoles et en 1823, il devenait apprenti chez un imprimeur de Montréal. En 1836, associé à Donald McDonald, il fondait un journal, le Montreal Daily Transcript. La compagnie imprimait aussi des travaux de ville et d’autres journaux. En 1838, son association avec McDonald prit fin; ce dernier conserva le journal et Lovell s’occupa des travaux de ville. En 1844, il s’associait à son beau-frère John Gibson. Il s’installait alors rue Saint-Nicolas, dans un immeuble en bois construit en 1842. L’entreprise prit rapidement de l’expansion. En 1847, il importait la première presse à vapeur du Bas-Canada, au grand déplaisir des pressiers. En plus de l’impression des travaux de ville et de ses bottins, Lovell souhaitait faire la promotion de la littérature canadienne en oeuvrant comme éditeur-imprimeur auprès de certains auteurs.
La lutte de Lovell pour la protection des droits d’auteur se poursuivra et il conservera son image de « fabricant protectionniste ». En 1884, la Lovell Printing and Publishing Company deviendra la John Lovell and Son. La même année, l’immeuble de la rue Saint-Nicolas sera détruit par un incendie, mais on le remplacera rapidement par un immeuble de pierre. De 1888 à 1890 Lovell publiera un total de 60 titres d’œuvres canadiennes de fiction, mais à partir de 1893 la compagnie se concentrera sur la publication de manuels scolaires, de bottins, de répertoires ou de plans, des produits généralement à l’abri de la concurrence étrangère. John Lovell décédera la même année non sans avoir laissé sa marque dans le monde de l’édition et de l’imprimerie canadiennes.
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