Le 16 septembre 1725, Marie Morin, religieuse hospitalière de l'Hôtel-Dieu âgée de 76 ans, rédige les derniers mots de son « Histoire simple et véritable de l'établissement des Religieuses hospitalières de Saint-Joseph en l'isle de Montreal ...». À la suite de l'incendie du 19 juin 1721 qui a détruit l'ensemble conventuel de l'Hôtel-Dieu et une grande partie de la ville, Morin s'engage à écrire la chronique du long et difficile processus par lequel les sœurs ont réintégré leurs bâtiments en novembre 1724 après un séjour de plus de trois ans dans l'édifice de l'Hôpital Général des Frères Charon. Pendant les derniers mois des travaux, les sœurs elles-mêmes ont gratté et enlevé les vieux renduits et ont ramassé des pierres. En 1725 il reste encore beaucoup à faire mais manquant de ressources financières, les sœurs sont redevables à un père récollet pour la réalisation de leur église et à un marchand montréalais qui leur prête de l'argent sans intérêt.
Née à Québec en 1649, Marie Morin a fait ses études chez les ursulines de Québec et ce fut là, dix ans plus tard, qu'elle rencontra Jeanne Mance et les trois premières hospitalières arrivées de France pour fonder l'Hôtel-Dieu de Montréal. Elle décida d'entrer dans la nouvelle communauté et en 1671, après un noviciat de neuf ans, elle prononçait ses voeux, devenant la première moniale canadienne de Montréal. Nommée économe de la communauté à plusieurs reprises pendant les décennies suivantes, elle dirigea les travaux de rénovation de l'Hôtel-Dieu en 1689 et de sa reconstruction après l'incendie de 1695. Elle fut supérieure de 1693 à 1696 et de 1708 à 1711. Elle mourra en 1730 après une longue maladie.
Morin a commencé la rédaction de son manucrit en 1697, alors qu'elle était nouvellement chargée de la reconstruction de l'Hôtel-Dieu, afin que les membres de la communauté en France puissent connaître la vie des sœurs montréalaises. À travers les pages de ce document, elle nous informe autant des grands évenéments qui ont marqué l'histoire de la ville que de l'histoire de la communauté. |