Le 17 mai 1849, dans le Montreal Transcript, le commerce de A. Cuvillier et Compagnie annonce la vente de marchandises diverses nouvellement arrivées d'outre-mer. Un encan aura lieu sur les quais à la Pointe-à-Callière et un autre dans les magasins de l'encanteur rue du Saint-Sacrement (un ensemble d'immeubles qui occupait des lots sur le côté sud de la rue du Saint-Sacrement entre Saint-Nicolas et Saint-Éloi). En dépit de tous les affrontements consécutifs à l'incendie du parlement du 25 avril, les activités quotidiennes suivent leur cours. Bien que ses fils travaillent au sein de l'entreprise, il semble qu'Augustin Cuvillier y soit encore actif à l'âge de 70 ans, faisant le trajet entre sa résidence de la Côte-à-Baron (terrasse Sherbrooke) et la ville. Durant l'été il contractera toutefois le typhus et mourra le 11 juillet.
Tour à tour, encanteur, fondateur et membre du conseil d'administration de la Banque de Montréal et politicien réformiste, Cuvillier a été témoin, voire acteur, de changements importants dans la vie socio-économique québécoise de la première moitié du XIXe siècle. Après un apprentissage en commerce sous la direction de Henry Symes, il a pris la relève de ce dernier en 1802 et s'associait avec Thomas Aylwin dans le commerce général et la vente à l'encan. Son travail consistait à acheter en gros des marchandises d'importation et à les vendre en lots à des acheteurs locaux. À plusieurs reprises pendant la décennie suivante, des difficultés financières ont frappé son entreprise. Pour mettre ses immeubles à l'abri des saisies, il formait, en 1811, une compagnie inscrite sous le nom de sa femme, la Marie C. Cuvillier & Compagnie, utilisée comme façade pour ses propres activités.
Il a fait son entrée sur la scène politique en 1814 et pendant les 30 années suivantes, il partagea son temps entre les affaires de l'assemblée et son commerce. En tant que député, il assista aux luttes réformistes et il aida les fondateurs de la Banque de Montréal, dont il faisait partie, à obtenir finalement une charte en 1822. En misant sur son expérience commerciale, il sollicita une nomination comme représentant de la colonie à Londres en 1828, mais le chef du parti Patriote, Louis-Joseph Papineau, choisit plutôt Denis-Benjamin Viger. Dès cette époque, Cuvillier s'éloigna peu à peu des politiques de Papineau et, en 1834 il refusa d'appuyer les Quatre-vingt-douze Résolutions du parti Patriote, la base de leur programme électoral jusqu'aux Rébellions. À la suite de sa rupture avec Papineau, Cuvillier quitta la politique et consacra son temps et son énergie à la réussite de sa maison de vente à l'encan, qui deviendra une des plus grandes à Montréal. De 1837 à 1841, il présida le Committee of Trade, précurseur du Board of Trade. Après la restauration du gouvernement civil en 1841, Cuvillier est retourné à la vie politique et servit comme premier président du parlement du Canada-uni pendant quatre ans. Il se retira définitivement de la politique en 1845. |