En 1785 l'orfèvre Robert Cruickshank est propriétaire d'une maison et d'un terrain situés sur le côté nord de la rue Notre-Dame face à la rue Saint-Jean-Baptiste. Dans la cour arrière se trouve la boutique d'orfèvrerie avec une imposante cheminée de forges construite en 1782. Parmi les orfèvres montréalais, Cruickshank est le premier à séparer sa résidence de son atelier, signe de son ascension professionnelle et sociale. En société avec son ancien apprenti, Michael Arnoldi, Cruickshank fabrique un volume énorme d'articles d'orfèvrerie de traite -broches, hausse-cols, bracelets, brassards, pendants d'oreilles et croix en argent - en plus d'autres articles commandés par des clients bourgeois et institutionnels. En 1782, seulement pour Détroit, on avait besoin de plus de 18 000 objets d'argent à utiliser lors de la traite des fourrures. Au cours des années 1780, le marchand Jean-Baptiste Blondeau a passé une commande à Cruickshank et Arnoldi pour 260 articles en argent d'une valeur totale de 288 £.
Né en Angleterre, Cruickshank s'est établi à Montréal en 1773, probablement après un séjour dans les colonies américaines. Orfèvre de carrière, il s'occupa de la formation d'une nouvelle génération d'orfèvres, dont Michael Arnoldi, Michel Roy, René Blache, Peter Bohle et Narcisse Auclair. À sa vie professionnelle active s'ajoutent certaines fonctions publiques. Il sera officier de milice à partir de 1788, juge de paix en 1795 et membre fondateur de l'église Christ Church en 1805. Après être retourné en Angleterre en 1807, il mourra subitement en 1809 à bord du navire qui le ramènera au Canada. |