En 1785, le maçon François-Xavier Daveluy dit Larose est veuf pour la deuxième fois malgré ses 33 ans. Il réside avec le seul enfant à survivre de ses deux unions dans une maison de bois sur un solage de pierre située sur le côté nord de la rue Saint-Jacques (site actuel du nouveau Palais de justice). En juin il s'engage à construire un bâtiment modeste pour l'aubergiste André Guy à l'angle des rues du Saint-Sacrement et Saint-Éloi.
Né en 1752 à Varennes, Daveluy est le fils d'un maçon qui a gagné sa vie à Montréal pendant les années 1730 et 1740 avant de quitter la ville. Il est probable que François-Xavier ait fait son apprentissage comme maçon en travaillant aux côtés de son père. Chose certaine, vers le milieu des années 1770, il avait la capacité de s'établir. En 1776, à l'âge de 24 ans, il se mariait avec Marie-Madeleine Panneton, qui décédait deux ans plus tard. Il convolait ensuite avec Françoise Hôtesse en 1780, mais elle s'éteignait à son tour en 1784. Pendant cette période difficile, Daveluy était peu à peu reconnu comme un bon entrepreneur : parmi ses clients, on peut nommer l'orfèvre Robert Cruickshank qui a engagé Daveluy pour construire sa boutique. Le 27 octobre 1785, lorsque le notaire Joseph Papineau rédige un inventaire des biens de la communauté qui subsistait entre Daveluy et sa deuxième épouse le bilan est assez favorable : l'actif monte à plus de 8 400 livres tandis que le passif n'est que 2 500 livres. Pendant leur mariage, le couple a acquis le terrain et la maison situés en ville et trois autres propriétés dans le faubourg Saint-Laurent, dont seulement une fut reçue en héritage.
À partir de 1787 la vie domestique de Daveluy se stabilisera. Le 19 février de cette année-là, il se mariera une troisième fois avec Marie-Josèphe Lesieur de Yamachiche : huit enfants naîtront de cette union avant 1800, dont cinq survivront. Du côté professionnel, ses affaires iront de mieux en mieux. Pendant les années 1790, des marchands et des professionnels. par exemple John Campbell, Arthur Davidson et la société Forsyth & Richardson, lui confieront la construction de leurs imposantes maisons et voûtes. En 1795, il effectuera les réparations à l'immeuble de la Montreal Distillery Company sur la rue du Saint-Sacrement. D'autres chantiers importants suivront. Il obtiendra les contrats pour la construction du premier Palais de justice en 1800, du Petit séminaire en 1803 et des prisons en 1808. Pendant toutes ces années, il aura aussi des contrats pour entreprendre la construction de maisons et d'entrepôts pour des particuliers. En 1811, vraisemblablement à la toute fin de sa carrière, il réalisera la maison de Pierre Beaubien, située à l'angle des rues Saint-Gabriel et Craig. Cette maison figure sur un grand nombre d'images du Champs-de-Mars au XIXe siècle. |