En 1873, les affaires d’Alexander Cross tournent rondement. Associé à la firme d’avocats Cross, Lunn, Davidson & Fisher, il reçoit ses clients et dirige ses affaires à partir d’un bureau situé dans l’édifice du Merchants Exchange Court de la rue Saint-Sacrement. Nommé «conseiller de la reine» en 1864, il a bonne réputation et sa pratique est florissante. Il est propriétaire d'un immeuble de la rue Saint-Jacques (édifice Alexander Cross), immeuble qu’il faisait construire en 1869. Il habite la rue Côte-des-Neiges où il est voisin de son beau-frère et associé, Alexander Hutchison Lunn.
Alexander Cross n’est pas originaire du Canada, il est né en 1821 dans le Lancashire en Écosse. Arrivée au Canada en 1826, la famille Cross s’installait sur une ferme de la région de Châteauguay l’année suivante. Peu intéressé par l’agriculture, Alexander entreprit des études au collège de Montréal en 1837. Les rébellions éclatèrent la même année et le jeune homme s’engagea volontairement dans le bataillon du colonel Maitland. Il y servit durant toute cette période trouble et quand la milice fut démantelée, il reçut le grade de sergent.
Après les rébellions, Alexander Cross poursuivit ses études avec des professeurs privés et s’orienta rapidement vers le droit. Il fut admis au barreau en avril 1843. En 1848, il épousa Julia Lunn, fille d’un important homme d’affaires montréalais et s’associa un peu plus tard au frère de Julia. En 1849, lors de l’incendie du parlement du Canada-Uni à Montréal, Cross et quelques autres aidèrent Lafontaine, Blake et d’autres membres de la Chambre à éviter la furie des émeutiers.
Sa carrière d’avocat prit son envol. Il devint membre du conseil du Barreau en 1852 et y siégea sans interruption jusqu’en 1857. On l’y retrouva encore en 1859, 1865 et 1867, puis bâtonnier en 1868 et 1869. Proche du parti libéral, on lui offrit, en 1863, le poste de secrétaire de la codification des lois et plus tard celui de procureur général sous l’administration du premier ministre Boucherville. Il déclina les deux offres, préférant la pratique privée.
En août 1877, il sera néanmoins récompensé et nommé juge à la cour du Banc de la reine. Ses contemporains reconnaîtront en lui un homme compétent dont les jugements seront maintes fois consultés dans les ouvrages de jurisprudence. Il démissionnera de son poste de juge en 1892 pour des raisons de santé et décédera à Montréal le 17 octobre 1895. |