Le sculpteur Louis-Philippe Hébert ne chôme pas en cette année 1895. Installé dans son studio de la rue Labelle, il jouit d'une bonne renommée et les commandes sont nombreuses. En juillet, son monument à la mémoire de John A. Macdonald est inauguré à Ottawa. Son imposante oeuvre dédiée à Paul Chomedey, sieur de Maisonneuve, aussi inaugurée en juillet, retient cependant l'attention. Ce monument, considéré comme le chef-d'oeuvre de Hébert, occupe un emplacement de choix sur la place d'Armes, au coeur du Vieux-Montréal.
Très jeune, Louis-Philippe Hébert s'amusait à sculpter sur bois des chevaux et des personnages imaginaires. Vers 1873, il débutait son véritable apprentissage auprès de Napoléon Bourassa qui avait remarqué un petit buste de Hébert à l'Exposition provinciale de Montréal. Durant six ans, il perfectionna ses techniques de dessin et de modelage auprès du maître. Il participa aussi à la réalisation du décor intérieur de la chapelle Notre-Dame de Lourdes à Montréal sous la supervision de Bourassa.
De 1879 à 1887, Hébert, alors à son compte, exécuta une commande d'une soixantaine d'oeuvres sur bois pour le choeur de la cathédrale Notre-Dame d'Ottawa. En 1880, il reçut sa première demande pour la réalisation d'un monument commémoratif en bronze. Dédié à Salaberry, il fut inauguré à Chambly en 1881 après avoir été exposé chez le meublier L.-J. Lamontagne à Montréal, rue Notre-Dame. Cette commande fut suivie de celle d'un monument à sir George-Étienne Cartier destiné à la colline parlementaire à Ottawa (1885). Hébert poursuivait aussi son oeuvre de décoration d'église avec la réalisation de la chaire de l'église Notre-Dame (1883-1887).
De 1888 à 1894, Louis-Philippe Hébert s'installa à Paris avec sa famille où il put raffiner son métier de modeleur et maîtriser les techniques de fonte du bronze. Il pouvait ainsi répondre au contrat d'exécution d'une dizaine de statues de bronze destinées à l'ornementation du nouveau parlement de la province de Québec. Plusieurs de ces statues auront d'ailleurs été créées dans son atelier parisien. En 1880, il était élu à l'Académie royale des arts du Canada et, en 1894, le gouvernement lui décerna la médaille de la Confédération, première d'une série de récompenses.
Louis-Philippe Hébert sera fréquemment sollicité pour la réalisation de monuments un peu partout au Canada. De Halifax à Calgary, les Canadiens pourront admirer ses oeuvres : Octave Crémazie au carré Saint-Louis à Montréal (1906), Jeanne Mance à l'Hôtel-Dieu de Montréal (1908) ou John Young dans le Vieux-Montréal (1908), ne constituent que quelques exemples de sa vaste production. La valeur de son travail sera grandement reconnue et il aura tracé la voie aux artistes qui souhaiteront abandonner le bois pour le bronze et la décoration des églises pour les places publiques. |