Le 2 mai 1825, le Masonic Hall Hotel et la confiserie de Francesco (il adopte le prénom François ou Francis selon le contexte linguistique) Rasco ouvrent sur la rue Saint-Paul, sur la partie est du site de l’actuel marché Bonsecours. Pendant plus d’un an, Rasco s’était préparé pour cette grande journée. En février 1824, il avait signé un bail pour huit ans avec John Molson qui s’était engagé à faire construire un grand immeuble de quatre étages expressément pour abriter le nouvel hôtel de Rasco et un hall maçonnique. Six mois plus tard, Rasco avait contracté une entente avec William Watson, ébéniste, pour la fabrication des meubles pour une salle à manger et pour 24 chambres d’hôtel. Durant les semaines qui ont précédé l’ouverture de son nouvel établissement, il avait placé des annonces dans les journaux de l’époque, citant les attraits de son hôtel « 80 chambres meublées, une grande salle à balle, une salle de billard et un restaurateur à la guise du Palais Royal, Paris ».
Natif de Como dans le nord de l’Italie, Rasco arriva à Montréal au début du XIXe siècle et se joignit à un groupe restreint de familles italiennes, dont les Del Vecchio, les Donegani et les Bonacinas. À partir de 1816, il occupa la partie sud de la maison de son compatriote Pierre Del Vecchio, située à l’angle de la rue Saint-Paul et de la place du Marché neuf (place Jacques-Cartier), et y établit sa confiserie et pâtisserie. À la suite du décès de Del Vecchio en 1819, Rasco loua toute la maison jusqu’à son départ au Masonic Hall Hotel en 1825.
Malgré toutes les préparations pour assurer le succès du nouvel hôtel, Rasco quittera la direction de l’établissement après seulement un an et s’installera plus à l’ouest sur la rue Saint-Paul, à l’angle de la rue De Vaudreuil, où il convertira une grande maison et un entrepôt adjacent en hôtel. En 1827, il se mariera avec Marie-Angélique-Zoé Perrault, petite-fille de Louis Parthenais, un important propriétaire sur la place du Marché Neuf. Le couple gérera l’hôtel jusqu’en 1833, alors que Rasco planifiera un projet plus ambitieux. L’an suivant, il commencera la construction de son propre hôtel de première classe. Le bâtiment en question, qui occupera le 293, Saint-Paul Est, sera complété en 1836 et sera le lieu d’importants rassemblements, y compris les premières réceptions marquant la fête de la Saint-Jean-Baptiste. En mai 1842, l’auteur Charles Dickens y séjournera.
Malgré la renommée de son établissement, Rasco le vendra à John Donegani en 1844 et retournera vivre seul dans sa ville natale, son épouse étant décédée en 1839. Il fera une dernière visite à Montréal en 1849-1850 avant de rentrer définitivement en Italie. |