L’année 1701 confirme les qualités diplomatiques du militaire de formation et gouverneur de la Nouvelle-France, Louis-Hector de Callière, lors de la signature de la Grande Paix de Montréal le 4 août. Cette conférence réunissant à Montréal les représentants français et quelques 1300 Amérindiens de 39 nations met fin à la troisième guerre iroquoise débutée en 1684. La signature du traité se veut le résultat de trois ans de pourparlers diplomatiques au cours desquels Louis-Hector de Callière a joué un rôle central. En plus d’établir la paix, le traité attribue au gouverneur le rôle de médiateur en cas d’incursion de tribus ennemis sur le territoire d’une nation signataire et reconnaît la neutralité des Iroquois advenant une guerre entre les colonies anglaises et la Nouvelle-France. La rencontre a lieu sur une plaine au sud-ouest de la ville, pas très loin de la pointe à Callière où s’élève la résidence du gouverneur.
Né en 1648 à Thorigny-sur-Vire en Normandie, Louis-Hector était le fils de Jacques de Callières, gouverneur de Cherbourg en Normandie et homme de lettres, et de Madeleine Potier, fille du seigneur de Courcy. Vers l’âge de 16 ans, le jeune Callière s’engagea dans l’armée de Louis XIV. En 1684, il fut nommé gouverneur de Montréal, année de la reprise des guerres iroquoises. Assumant pleinement ses responsabilités, il se distingua par son intelligence et ses capacités de négociation avec les autochtones. Le gouverneur Denonville fit nommé Callière son second en 1687. Les deux hommes prirent alors l’initiative de faire palissader Montréal.
Les conflits reprirent en intensité en 1689, alors que la France entra en guerre contre l’Angleterre. Callière renforcit les défenses de Montréal en faisant construire le fort sur le coteau à l’est de la ville et un peu plus tard sa résidence fortifiée à la pointe à Callière. Ces ouvrages défensifs comprirent de même des redoutes dans les seigneuries avoisinantes. Des expéditions contre les Iroquois furent organisées. Des négociations de paix débutées en 1693 se soldèrent par un échec en 1695. Une expédition militaire demandée par Callière fut alors menée en 1696 avec un relatif succès et mina le moral des Iroquois. Il s’agissait d’un premier pas dans un processus de paix.
Au décès du gouverneur Frontenac le 28 novembre 1698, Callière lui succéda par intérim. Le poste était toutefois également convoité par Vaudreuil, mais l’émissaire de Callière par l’entremise de son frère, François de Callière, secrétaire particulier du Roi, annonça plus tôt à sa majesté la mort de Frontenac et la requête de Callière pour accéder au poste de gouverneur de la colonie. Le Roi y consentit.
À titre de gouverneur, Callière dut appliquer les ordres du Roi visant à réduire le nombre de peaux de fourrures entrant sur le marché français tout en cherchant à maintenir les alliances avec les tribus amérindiennes, nécessaires à la survie de la colonie dont l’existence reposait sur le trafic des fourrures. Il s’éleva contre la fondation de la Louisiane en tant que colonie indépendante sans grand succès. Il dicta la politique militaire française en Amérique du Nord lors de la guerre de Succession d’Espagne. Il décèdera en fonction au printemps 1703. |