Le 21 juillet 1701 s’ouvre à Montréal la conférence qui mènera à la Grande Paix. Les représentants français et quelques 1300 Amérindiens de 39 nations se rassemblent pour discuter des termes de l’entente qui mettra fin à la troisième guerre iroquoise débutée en 1684. Parmi les participants on retrouve Kondiaronk, surnommé le Rat par les Français, chef des Hurons de Michillimakinac et un des principaux artisans du dialogue franco-amérindiens.
Kondiaronk s’était fait remarquer pour la première fois par les dirigeants français en 1682 lors de pourparlers entourant l’assassinat d’un chef tsonnontouan par un Illinois. Il avait discouru au nom des Hurons en présence de Frontenac, gouverneur de la Nouvelle-France. Jusqu’à la fin du XVIIe siècle, il intervint diplomatiquement et militairement dans les relations entre Français, leurs alliés autochtones et les Iroquois toujours dans le but de défendre les intérêts de sa nation. Appuyant le projet de Frontenac puis de Callière visant une paix générale avec les nations iroquoises, il participa aux diverses rencontres diplomatiques, notamment à l’entente préliminaire de 1700, et persuada les tribus amérindiennes alliées d’envoyer des délégués à la conférence de 1701.
Le 1er août, les discussions s’animent entre les conférenciers. Kondiaronk, grandement affaiblit par la maladie, prend la parole. À la suite d’un long discours écouté avec admiration par tous, il est conduit à l’hôpital où il décède la nuit suivante. Ses funérailles, le 3 août, donnent lieu à une grande cérémonie où tous lui rendent hommage. La Potherie, dans son histoire de l’Amérique septentrional louange le grand homme « Je ne saurois vous exprimer, Monsieur, l’accablement où étoit la Nation de la perte d’un homme si rempli de bonnes qualités. Il étoit difficile d’avoir plus de pénétration d’esprit qu’il en avoit, & s’il fut né François il étoit d’un caractère à gouverner les affaires les plus épineuses d’un état florissant […] Il avoit les sentiments d’un belle ame, & n’étoit Sauvage que de nom. ».
Le traité de la Grande Paix de Montréal est finalement signé le 4 août. |