En novembre 1785, Fleury Mesplet suspend la publication de son journal, La Gazette de Montréal / The Montreal Gazette qu'il a fondé en 1778. Ayant lancé la publication de sa feuille hebdomadaire le 25 août et n'ayant que de rares titres supplémentaires à imprimer, il se trouve endetté. Lors d'une vente publique de ses biens tenue le 21 novembre, le shérif de Montréal, Edward William Gray, achète son imprimerie. Mais heureusement pour Mesplet, il est la seule personne en ville capable de faire fonctionner l'imprimerie. Le nouveau propriétaire doit donc lui louer l'équipement. À cette époque Mesplet et sa femme Marie Mirabeau habitent la rue Capitale, à l'est de l'ancienne place du Marché, dans une maison de pierre à deux étages appartenant à Joseph Lemoyne de Longueuil. De toute évidence Marie travaille aux côtés de son mari dans l'imprimerie. Elle mourra en 1789.
Natif de Marseille, Mesplet passait sa jeunesse à Lyon où il apprit le métier d'imprimeur, peut-être sous la direction de son père. En 1773, il partait pour l'Angleterre où il s'établissait comme imprimeur à Londres mais son séjour fut bref : en 1774 il se trouvait déjà à Philadelphie. Cette année-là il publiait une Lettre adressée aux habitants de province de Québec, ci-devant le Canada, par laquelle le Congrès continental cherchait à convaincre la population du Québec de se joindre aux Treize colonies dans leur quête de liberté. Au moment de l'invasion américaine du Québec en 1775, Mesplet a convaincu le Congrès qu'une imprimerie pourrait faire avancer la cause américaine au Canada. Il arrivait à Montréal au début du mois de mai 1776, alors que l'occupation américaine touchait à sa fin. Son entreprise subit plusieurs revers : il fut emprisonné, pour une courte période, après le départ des rebelles en juin 1776 et, en juin 1778, il publiait le premier journal du Bas-Canada, mais après une année de publication, il était encore emprisonné à cause de ses sympathies américaines. Le gouverneur ne le libérait qu'en septembre 1782. Entre 1776 et 1778, son imprimerie servit à la publication de calendriers, d'almanachs et d'ouvrages religieux. Sa principale préoccupation demeura toutefois sa réclamation d'une indemnité au Congrès américain.
Constamment en lutte contre l'obscurantisme et le despotisme, Mesplet utilisera son journal comme outil de diffusion des Lumières. À la suite de l'Appel à la Justice de l'État lancé par Pierre Du Calvet, Mesplet reprendra le débat sur la réforme de la constitution de la province. Il appuiera les candidatures de Joseph Papineau, Pierre Foretier et Pierre Guy à l'Assemblée législative en 1792. Lors des premières années de la Révolution française, son journal n'hésitera pas à afficher son adhésion aux idées de « Liberté, égalité, fraternité », malgré la contrariété des autorités civiles et religieuses.
Mesplet poursuivra la publication de La Gazette jusqu'à la semaine précédant son décès, le 24 janvier 1794. Marie-Anne Tison, son épouse depuis 1790, prendra la relève, mais elle ne réussira à publier que quelques numéros. À cette époque, l'imprimerie sera située sur la rue Notre-Dame, du côté nord à mi-chemin entre les rues Saint-Pierre et Saint-François-Xavier. |