En 1785, le notaire Joseph Papineau est vraisemblablement le plus important membre de sa profession auprès de la communauté francophone. Papineau est marié depuis six ans avec Rosalie Cherrier et il semble que le couple réside dans une maison de pierre située sur le côté sud de la rue Saint-Jacques à mi-chemin entre la côte de la Place d'Armes et le boulevard Saint-Laurent. Leur premier enfant y sera né en octobre. Rosalie est la fille de François-Pierre Cherrier, notaire à Saint-Denis sur le Richelieu. Lors de son mariage avec Joseph Papineau en 1779, elle apportait non seulement une dot importante, mais aussi des alliances avec des familles influentes, notamment avec les Viger et les Lartigue. Le couple aura au moins cinq enfants, dont Louis-Joseph, politicien et patriote bien connu.
Fils d'un tonnelier, Joseph a eu droit à une formation scolaire en dépit des origines modestes de sa famille. Après ses études au Petit Séminaire de Québec, il revenait à Montréal où il fit un apprentissage comme arpenteur et obtint sa commission en 1773. Pendant les années 1770, il exerça cette profession en même temps qu'il faisait sa cléricature de notaire. À partir de 1780, le notariat devint sa principale activité professionnelle. Parmi ses clients importants, on note le Séminaire de Québec pour lequel Papineau gérait les seigneuries de l'Ile-Jésus et de la Petite-Nation. Pendant les 25 années qui ont suivi sa commission de notaire, il exercera sa profession sans spécialité particulière, répondant aux besoins d'une clientèle répartie sur le territoire de la ville, des faubourgs et des localités voisines de Montréal. Il dressera plus de 3 600 actes concernant de multiples aspects de la vie quotidienne.
Entre 1792 et 1804 il sera élu à l'Assemblée législative, mais pendant les cinq années subséquentes il se retirera temporairement de la politique afin de se consacrer à la gestion de la Petite-Nation, seigneurie qu'il acquerra lors de deux transactions en 1801 et 1803. Il sera de retour sur la scène politique en 1809, lors de la confrontation entre le parti canadien et le gouverneur Craig. Il quittera l'assemblée définitivement en 1814. Après avoir vendu la seigneurie de la Petite Nation à son fils Louis-Joseph, il s'occupera de son étude de notaire et travaillera surtout sur les causes complexes qui concernent les difficiles successions de la bourgeoisie et de la classe seigneuriale. |